samedi 2 février 2013

Quoi ? Le bonheur

 Quoi ? Un ciel d'encre perlé d'étoiles.
Schubert qui flotte sur l'herbe fraichement décapitée.
Un seringua qui sent l'oranger, la jeune mariée et l'espoir.
Le tutoiement familier du vent dans les arbres.
Le babille de cristal des oiseaux.
Les feuilles argentées des tilleuls qui vibrent sous la lumière.
Les ombres blanches des bouleaux.
Le mur de pierres sèches, immuable.
La flamme qui séduit comme une danseuse de flamenco.
Soudain il neige un duvet du saule.
Quoi ? Le bonheur !

Poème No 43 JN Spuarte

mardi 22 janvier 2013

Anima de Wajdi Mouawad



On referme "Anima" de Wajdi Mouawab, troublé par ce long roman, écrit dans une langue riche, poétique, ensorceleuse, qui vous entraine à la poursuite d'un serial killer particulièrement épouvantable, du Canada des réserves indiennes à l’Amérique profonde, aux cotés de Wahhch Debch, un homme dont la femme a été cruellement assassinée par ce monstre. 
Mais "Anima" c'est encore autre chose, puisque le récit est vu au travers des yeux  - ou des sens - d'animaux croisés dans cette chasse à l'homme. Tout un bestiaire du continent nord-américain y passe, et la mise en perspective de l'histoire par le biais d'une multitude de perceptions animales est à la fois insolite et intéressante.
Mais "Anima", c'est encore plus : un mystère terrible que l'on sent sourdre lentement, dont certains éléments apparaissent par touches énigmatiques, au fil des pages,  jusqu'au dénouement cauchemardesque. 
Faut-il ajouter qu'"Anima" c'est aussi un regard sur l'homme, cette espèce capable du meilleur comme du pire (et Wajdi Mouawad est capable lui aussi d’écrire des phrases porteuses d'une infinie tendresse, comme d'autres d'une insoutenable cruauté) ?
Livre déroutant, qui développe une impression étonnante de vulnérabilité et de puissance. Livre magnifique, à ne pas forcément recommander aux âmes sensibles. 
Wajdi Mouawad sera présent à la Librairie de l'Escalier, 12, rue Monsieur Le Prince, Paris 6ème, le vendredi 1er février à 19H00 pour une rencontre.


dimanche 20 janvier 2013

Le deuil

JN Spuart, poète (1924-1968) a publié un recueil de 77 poèmes. Extrait. Poème N°18

La pluie étincelle le macadam.

Sous  les toits de la ville
Une  vie en fuite de drames
S'échappe, volutes fébriles,
Dont un vent mauvais se moque.

Le ciel gorgé de vide,
Bavard d'un indicible soliloque,
Sur le convoi humide
Pèse de son malheur.

Une vie épuisée de vivre
A renoncé à sa douleur.
Effacer des pages du Livre,
La fortune dérisoire des habitudes
Que le temps pare de certitudes.

lundi 14 janvier 2013

Sens cachés

La bougie parfumée est éteinte.
Sur le bois calme de la table,
Un livre pressent l'étreinte
D'une main chaude, seule capable,
De délivrer le sens
Des sens cachés
Oh meurtres ! Oh innocences !
Tout serait-il désormais consommé ?

Poème N°6 JN Spuart

mardi 8 janvier 2013

Ivresse

Il se résigne aux tâches sombres de ses mains
Quand le miroir lui rabâche un infini matin.
Il ne parvient pas à s'épargner des rêves la folie
Et la nuit l'embarque traquer l'oubli.
Il est un conquistador sans plus aucune conquête
Sur une terre qui décomposent de pompeuses défaites.
Il est un étranger jusque dans la solitude
Dont les mains se menottent sur des habitudes.

Poème N°53 JN Spuart     

Rue des voleurs de Mathias Enard


Avec "Rue des voleurs", Mathias Enard frappe un grand coup... dans l'estomac du lecteur, sans gant et, pour poursuivre dans la métaphore du "Noble art", son héros Lakhdar, un jeune marocain de 20 ans originaire de Tanger, est à l'image du boxeur de seconde zone, out-sider définitif, hissé malgré lui sur un ring planté au fond d'une salle glauque pour un combat perdu d'avance.
Entre deux rounds, groggy, abimé, il peut encore rêver d'une terre non promise, l'Europe, d'un espoir fragile en la personne de Judit, une étudiante espagnole draguée au hasard de son désœuvrement, et qui sera son premier vrai et seul amour.
Sur fond de révolutions arabes désenchantées, de crise économique qui broie des hordes de damnés dont des grappes viennent s'échouer sur les côtés d'Algésiras pour alimenter le commerce d'un névrosé morbide , le jeune Lakhdar va surnager grâce aux amitiés interlopes (dont celles de musulmans radicaux), l'espoir représenté par Judit, et surtout les livres, "ces compagnons de route, dans la révolte ou la resignation, dans la foi ou l'abandon."
C'est un livre magnifique, cruel, tendre et brutal où Mathias Enard va jusqu'au bout de sa démonstration : "Les hommes sont des chiens, ils se frottent les uns aux autres dans la misère, ils se roulent dans la crasse sans pouvoir en sortir, se lèchent le poil et le sexe à longueur de journée, allongés dans la poussière prêts à tout pour le bout de barbaque ou l'os pourri qu'on voudra bien leur lancer..."
Merci à Marie-Bé P., qui se reconnaîtra si elle parvient jusqu'ici !

jeudi 3 janvier 2013

L'Omega des Chevaliers

Les yeux épuisés aux larmes
Et les corps oubliés des âmes
Et pourtant le ciel est ouvert
A l'oiseau solitaire.
De son suaire innocent
Une araignée tisse le temps
Outil de capture
Ou mortelle parure ?
Les ongles sur le sable ont dessiné
L'oméga des chevaliers
Fils de Don Quichotte
Qu'une Mancha dévote
Ne protège plus pour en finir
Que d'un silence contaminé d'un soupir.

Poème 18 de JN Spuart




mercredi 2 janvier 2013

Golden Book 2012


 De la vingtaine de livres lus au cours de l'année 2012, le palmarès Everybody Knows du meilleur livre est décerné à :
Toutes catégories et Golden Book 2012 : "La peste et le choléra" de Patrick Deville

Prix Spécial du Jury : "La Déesse des petites victoires" de Yannick Grannec










Prix Spécial Square Littéraire : "La mort d'Artemio Cruz" de Carlos Fuentes





Catégorie BD : "Saison brune" de Philippe Suarzoni


Catégorie Classiques : "L'invention de Morel" d'Adolfo Bioy Casares


Catégorie Étranger : "Home" de Toni Morrisson











Catégorie Politique : " Le Capital en manga" de Charles Louis Dutournay



Catégorie Nostalgie : "L'année de rhéto" d'Antoine Compagnon

Catégorie Humour : "Le cas Sneijder" de Jean-Paul Dubois



Catégorie Poésie : "Recueil de 77 poèmes" de JN Spuart

lundi 31 décembre 2012

La Déesse des petites victoires


Est-ce un livre sur Kurt Gödel, ce génie des mathématiques, contemporain et ami d’Albert Einstein, qui vécut exclusivement dans cet univers de la logique la plus hermétique - mais dont le développement permis des découvertes majeures, notamment en informatique – , fuyant les mondanités et les honneurs, et achevant sa vie de façon pitoyable, hypocondriaque, paranoïaque, misanthrope, d’une maigreur extrême et persuadé d’être parvenu à prouver, logiquement, l’existence de Dieu ?
Est-ce plutôt un livre sur son épouse, Adèle, qui s’est mise cinquante années durant au service de son mari, dans l’ombre du « phénomène », sacrifiant tout ce qu’une vie peut apporter d’agréable sans même l’ombre d’une reconnaissance tant Kurt Gödel était exclusif  en faveur de son travail, et avec une lucidité qui confine au masochisme ?
Kurt Gödel et Abert Einstein à Princeton
Est-ce enfin un livre sur Anna, personnage de fiction, documentaliste au département scientifique de l’Université de Princeton et chargée de récupérer auprès d’une Adèle, devenue une vieille femme irascible,  les archives de son époux qu’elle semble ne pas vouloir céder, et qui sont pourtant d’une valeur capitale pour l’histoire de la recherche mathématique ?
A ces questions, la réponse est bien entendu évidente : c’est un livre sur tous ces personnages, et plus encore, puisque l’auteur nous plonge au cœur de l’une des universités les plus prestigieuses au monde, Princeton, dans un univers fréquenté par les plus grands hommes de science du 20ème siècle : Albert Einstein bien sûr, vieillissant, cabotin et parfois même scabreux, John Von Neumann et Robert Oppenheimer, pères de la bombe atomique, Wolfgang Ernst Pauli, éminent physicien Prix Nobel, Dirac, Prix Nobel  de Physique également pour ces travaux sur l’atome, plusieurs Médaille Fields, tous familiers, voire très proches pour certains, de la famille Gödel.
Yannick Grannec
Mais Yannick Grannec, dont « La Deesse des petites victoires » est le premier roman, n’a pas écrit juste une biographie romancée sur un personnage particulièrement « bizarre » ; elle réussit, dans un style de très grande qualité, à profiter de ce récit qui alterne entre le passé (au travers des souvenirs d’Adèle) et le présent (les rencontres entre Anna et Adèle, et la vie elle-même d’Anna) pour donner à réfléchir sur le sens de la vie, le rapport à l’autre, la question de la vieillesse (et de son « irréparable outrage » ?), l’élégance et la poésie des mathématiques.

C’est une très belle découverte littéraire, et plus encore, car qu’elle émane d’amis très chers qui se reconnaitront, bien entendu, s’ils parviennent jusqu’ici…

samedi 29 décembre 2012

JN SPUART. Poète inconnu

Mais qui est ce JN Spuart dont un recueil de poésies (77) -sans doute édité à compte d'auteur vu la qualité (médiocre) du graphisme et la reliure bricolée - traînait sur un étal parmi d'autres ouvrages désuets dans un vide-grenier que nous avons parcouru un jour pluvieux d'automne à Ezy-sur-Eure ? Et pourquoi me suis-je emparé de cet opuscule dont la couverture exprimait par des tâches multiples comme une indicible lassitude ? Son prix était fixé à 5€ ; j'en fis l'acquisition pour 3, sans imaginer quels petits trésors il pouvait receler. Je l'avais à peine feuilleté, mais l'idée même de découvrir une poésie, fut-elle banale voire mauvaise, m'intrigua. On ne produit pas 77 poèmes impunément devais-je alors me dire. Depuis, la production de ce JN Spuart né à La Ferté Saint Aubin en 1924 et mort à Livry-Gargan en 1968 - ainsi que précisé en caractères des anciennes machines à écrire à ruban sur une feuille volante glissée entre deux pages - m'accompagne au quotidien, et j'ai décidé d'enrichir Everybody Knows avec la présentation régulière des poèmes spuartiens.

Toute la vie (poème 23)

Sur la tête des bourgeons
Perle une nacre de lumière
Dont le soleil s'empare
Comme une conquête légitime
Incubateur de Printemps
Toute la vie réside là
Dressée en ce territoire extrême
Suspendue dans l'air loyal
Au risque de la blessure
Qu'une lame muette inventera
Dans une banale indifférence.

mardi 25 décembre 2012

"Poisons de Dieu, remèdes du Diable" de Mia Couto



En quasi exclusivité !
Après "L'accordeur de silence"*, Mia Couto nous invite à un nouveau huis clos dans une ville du Mozambique,  Vila Cacimba, dans la maison des Sozinho, celle de Bartolomeu le vieux mécanicien de marine et de son épouse, Munda, où Sidonio Rosa, un jeune docteur portugais débarque un jour à la recherche de Deolinda, leur fille unique, dont il est tombé éperdument amoureux quelques années auparavant à Lisbonne. Mais la belle Deolinda n'est pas là ; et autour de cette absence, Sidonio Rosa va découvrir toute l'histoire des petites haines et des trahisons qui tissent insidieusement une toile diabolique entre tous les protagonistes de ce monde qui ne semble survivre qu'au travers de ses souvenirs d'hier et des mensonges d'aujourd'hui. Le jeune médecin va également ressentir toute la distance qui existe entre lui, le descendant des anciens colons portugais et Bartolomeu, le vieil africain malade, nostalgique du paquebot Infante D. Henrique, qui s'exprime le plus souvent par des aphorismes quand il ne s'emporte pas avec violence contre sa femme ou son ennemi juré et rival, Alfredo Suacelência, le politicien.
Écrit dans une langue poétique particulière chargée de saudade "Poisons de Dieu, remèdes du Diable", entraine le lecteur dans un univers unique aux profondeurs de l'âme humaine, où la vérité n'est jamais là où la parole la porte, mais davantage dans le secret des univers intimes que Mia Couto a le talent de nous révéler.
Extraits : "A tant aller et venir, il confondait départ et destination. A tant vivre en mer, il avait perdu sa patrie sur terre. Il n'était de nulle part. D'une vague défaite en écume : c'était celle-là son appartenance."
"Finalement, les hommes sont aussi de lents pays. Et là oú l'on pense trouver de la chair et du sang, il y a de la racine et de la pierre. D'autres fois, cependant, les hommes sont des nuages. Il suffit que le vent souffle et ils se défont sans trace."
* voir Everybody Knows 16/10/2011

Un grand merci à Pierre LC pour ce livre qui sera dans les kiosques début janvier 2013.

dimanche 23 décembre 2012

Perdant magnifique

La douleur  métallique
Des rames sur l'acier glabre
Submerge la mélodie misérable
De l'homme-orchestre
Qui quette trois sous
Des âmes défaites
Avec  la  désillusion
Du perdant magnifique.

Poème de J.N. Spuart (1924 - 1968)

samedi 22 décembre 2012

Pluie et bambou

Le bambou ploie avec mélancolie
Et le balancement humide et lent
De sa silhouette lourde
Imite je ne sais quelle espèce
Précipitée dans la fosse de l'histoire
Qui régnait en maître jadis
Aux temps immenses où  les hommes
Erraient encore à l'état d'utopie
Déjà traqués par l'inspiration divine
Mais vierges de tout massacres.

Poème de JN Spuart (1924 - 1968)


jeudi 20 décembre 2012

Bonne nuit !


Une omelette baveuse (ou dernier texte avant l'Apopocalypse !)

Est resservi ici-bas un texte du 21 décembre 2008 alors que nous vivions sereinement dans l'ignorance d'une Apocalypse à survenir d'ici à 4 ans, jour pour jour (et donc demain !). La question fondamentale est celle-ci : sommes-nous capable d'être aussi désinvoltes la veille du Gib Ganb (et oui : Big Bang à l'envers !) ? Et bien la réponse est : OUI ! La preuve :

La question de l'omelette baveuse est une question fondamentale

Pour une vision plus philosophique, quasi-linguistique et de haute volée de la "bavosité" de l'omelette, se rendre immédiatement après l'amuse-bouche ci-dessous sur le blog de Gérard. Je publie ici mon commentaire qui est bien en retrait sur le plan existentiel, mais, je ne suis pas banquier !

"Excellent (ton texte) ! Où je découvre que, toi aussi, tu as eu une enfance malheureuse peuplée d'omelettes ultra cuites voire dégageant une légère et infâme odeur de cramé. Il est très vraisemblable que tu n'as pas non plus échappé aux œufs trop durs submergés d'une béchamel figée qu'un cuisinier sadique s'employait parfois à teindre en rouge Ketchup périmé. Quand j'ai connu M., je n'avais pas de ronds. Pour manger, mes potes et moi, nous avions très souvent recourt à ce produit qui pourrait vous faire croire en Dieu (si celui-ci ne nous laissait pas quotidiennement dans la m...) ; je veux parler de l’œuf que nous accommodions le plus souvent en omelette ou en soufflé (ah les soufflés !). Comme je me débrouillais pas trop mal en cuisine (la concurrence n'était pas impitoyable) je me suis retrouvé bientôt à élaborer, lors de nos soirées, les omelettes et les soufflés (ah les soufflés !). J'ai développé un savoir-faire empirique et barbare reconnu par le cercle de mes amis et qui (je me le demande à présent) participa peut-être d'une manière déterminante dans la conquête de l'héritière sur laquelle j'avais jeté mon dévolu ! Qui sait où vont se loger les mystères de l'amour ? Dans le texte remarquable que tu consens à nous livrer, il y a - il me semble - une absence : le battage des œufs. La mère Poulard l'avait transformé en attraction touristique. Le battage des œufs est fondamental - me semble-t-il - pour acquérir cette bave qui doit légèrement ourler des lèvres de l'omelette repliée en deux (bien entendu). L'omelette est l'un des plats les plus érotiques que je connaisse. L'omelette elle-même doit présenter une peau légèrement hâlée, perlée de beurre (sans excès). L'omelette baveuse appelle la salade dotée d'une vinaigrette soutenue. Pour moi la reine des omelettes est celle fourrée aux cèpes. Des cèpes bien fermes que l'on aura pris soin de faire revenir au préalable dans une poêle, et que l'on recouvrira du liquide onctueux et mousseux des œufs battus additionnés d'un peu de lait et d'un peu d'eau (un doigt de crème fraiche constitue un bonus), une pincée de fleur de sel (de l'Ile de Ré), et si on est en verve quelques poussières de noix de muscade."

jeudi 13 décembre 2012

Le show Koolhaas (servi au Pavillon... de l'Arsenal)



Une salle "archi" comble, un carré de VIP, un animateur façon grand spectacle, c'était hier boulevard Morland, au "Pav", pour la présentation du lauréat du concours de la future École Centrale en partance sur le Plateau de Saclay aux environs de 2016. Tout le (beau) monde s'était déplacé pour "Rem" (un peu comme on dit "Corbu"), ce grand monsieur longiligne à l'allure de prédicateur austère, dont les propos, toujours énoncés avec calme, avec une pointe d'accent qui ajoute au mystère et sans effets oratoires, sont livrés comme autant de messages mystiques aux foules acquises à la cause koolhaassienne. Rem doit parfois (souvent ? encore ?) être lui-même étonné de cette ferveur populaire (chic). Ceci étant, est-ce surprenant pour un spécialiste du délire ? Au-delà de cet aspect "mégastarchitecte" (le cultive-t-il ? le maîtrise-t-il ?), il faut reconnaître à Rem ce talent presque unique de lâcher dans ses interventions un certain nombre de "scuds" - certains de salubrité publique -, sans avoir l'air d'y toucher (seuls Claude Parent et Ricciotti peuvent rivaliser avec lui dans cet exercice). A Bordeaux c'était contre les tours et l'architecture (art mineur par rapport à l'urbain dans la conception Koolhaassienne), hier soir c'était contre cette vie convenue et sans place pour le dépassement de soi que notre société du prêt-à-consommer nous propose (à moins que ça soit nous qui la choisissions ?), contre ces espaces publics bardés de grilles, rambardes, panneaux indicateurs, accessoires urbains qui finissent d'en privatiser l'accès et les rendre sans goûts ni saveurs, contre la facilité ("l'imagination se nourrit des contraintes"). 
Rem poursuit à longueur d'interventions sa croisade iconoclastique et, même si l'architecture exige d'autres ingrédients, il est indispensable qu'une pensée critique (voire subversive) puisse être énoncée afin qu'elle (l'architecture) ne "fermente*" pas dans l'académisme ou ne se "congestionne*" pas dans le marché. 
Faut-il parler du projet architectural de l'Ecole Centrale ? Sans doute pas puisqu'il n'est constitué qu'à 10% nous a-t-on appris hier soir. Alors trame ou pas trame ? Sérendipité ou non ? Urbanisme intérieur en diagonal ? Mais, au fait : où se cache le Saint-Simonisme dans le projet ? (Voilà une bonne question !). Vous avez dit sensuel ? Comme c'est sensuel...
Rem a évoqué trop rapidement son projet du Chicago Institute qui est un bâtiment absolument extraordinaire.
Hommage aux perdants (magnifiques ?) qui ont fait le déplacement. La palme de la pertinence à Marc Barani interrogeant sur la différence des cultures entre l'Europe du Nord et celle du Sud qui se traduit dans le degré d'ouverture de leurs architectures. Il avait parié pour un bâtiment ouvert sur le parc et une vie en dehors des lieux intérieurs. Palme de la modestie à Dietmar Feichtinger reconnaissant son désarroi devant la complexité du programme.
* clins d'œil aux termes "fermentation" et "congestion" évoqués lors de la conférence pour qualifier le projet (sont-il recyclables ?)
Ajouter une légende... une légende ?

mardi 11 décembre 2012

Le Louvre de Lens ou la "Haïkarchitecture"






Comment qualifier l'architecture de l'agence Japonaise Sanaa : Claire ? Évanescente ? Légère ? Précise ? Juste ? Effacée ? Epurée ? Discrète ? Peu bavarde ? Minimaliste ? Essentielle ? Elle est un peu à l'architecture, ce que le Haïku est à la littérature : une suite courte de mots simples composant un ensemble d'où se dégage une poésie dont le sens est libre. C'est précisément de "l'Haïkarchitecture". Le bâtiment, composé d'un enchaînement de six volumes élémentaires - des parallélépipèdes plats, tous allongés à l'exception du pavillon d'accueil carré -, blancs, certains vitrés d'autres opaques, pourrait être posé dans un autre paysage, puisque la volonté de ses concepteurs est qu'il se confonde avec son environnement. Exit la posture de la confrontation, du sempiternel dialogue avec l'existant, de l'intégration (qui souvent est incompréhensible tellement elle est, à l'évidence, juste une figure de rhétorique). À l'intérieur le vocabulaire restreint de Sanaa : poteaux dont le faible diamètre, l'élancement et l'espacement interrogent l'ingénieur ; modules élémentaires de panneaux vitrés ou d'aluminium d'une seule pièce sur toute la hauteur de l'espace ; sol en béton blanc ciré ; des poutres-lames d'une finesse remarquable dans la Galerie du Temps dessinant un plafond précis d'une grande élégance ; des boîtes de verre circulaires disposées dans le vaste hall d'accueil composant des espaces clos et ouverts à la fois ; très peu d'équipements d'éclairage visibles et le recours, largement, à la lumière naturelle, qu'elle soit zénithale ou provenant des façades vitrées ; des grilles de faux-plafond métalliques, blanches, dissimulant à peine les réseaux techniques, mais sans mise en scène, ...

lundi 3 décembre 2012

L'année de rhéto




Le Quartier Galliéni et en second plan le dortoir des rhétos
Ce titre ne doit parler qu'à une infime minorité des lecteurs d'Everybody Knows ; normal, puisqu'on désignait par "rhéto" la classe de première au Prytanée Militaire de La Flèche, et que, sauf à avoir été pensionnaire de cet établissement sarthois (Le Mans, Vroum-Vroum, les hunaudières, les rillettes, Fillon), il est légitime de l'ignorer.
Antoine Compagnon est l'auteur de ce livre paru chez Gallimard en octobre dernier. Le nom de cet écrivain ne vous dit rien non plus ? Et pourtant ce Monsieur est professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de littérature française moderne et contemporaine. Accessoirement, il est diplômé de l'X, du corps des Ponts et docteur d'état es lettres (en bon franchouillard j'avoue être impressionné par certains diplômes, mais là, c'est plutôt le cursus que je trouve excitant !).
Photo de la 5ème compagnie en 1965-1966
Donc Antoine Compagnon (62 ans) écrit 329 pages sur son année de rhéto (1965-1966) en parvenant à nous (re)plonger dans un univers totalement invraisemblable que l'on pourrait imaginer relevant d'une époque lointaine dans un lieu isolé du reste du monde. Mais le plus étonnant, c'est que dans ce milieu où la discipline et l'ordre sont élevés au rang de références absolues, de vertus cardinales, on (re)découvre une jeunesse très loin d'être soumise, qui transgresse avec violence les codes établis (avec parfois une certaine complicité de l'encadrement), et dont l'attitude vis-à-vis de l'autorité est plus que rebelle, voire révolutionnaire (peut être davantage que dans des établissements plus libres).
Autre paradoxe, celui qui gouverne la relation ambivalente que les pensionnaires entretiennent avec l'institution : rejet mais également attirance (haine et amour), relation qui fait, comme l'auteur l'indique, qu'on n'en sort pas indemne !
Extrait :
"Entrés dans l'armée à 10ans (...) nous étions des mutilés psychiques, des tarés affectifs, certains plus que d'autres, mais pas un seul n'en sortirait indemne. On avait acquis pour toujours une certaine dureté sentimentale, une certaine rigidité mentale, contre lesquelles il faudrait lutter sans cesse et pied à pied pour qu'elles ne reprennent pas le dessus. Tous mettraient longtemps à se rétablir et beaucoup ne se rétabliraient pas."
Écrit avec beaucoup de modestie (l'auteur sous estime souvent ses qualités scolaires), mais aussi avec un zeste d'érudition littéraire qui permet au lecteur de disposer de conseils de lecture certainement avisés, c'est un livre qui pose la question de savoir quelle résonance il peut susciter auprès des brutions (ou des niass si vous préférez) et auprès des pékins également ! Cette question m'intéresse...

jeudi 29 novembre 2012

Au gré du Monde. Izraelewicz et Compagnon

"Et les rares moments où il évoquait ses lectures étaient marqués par une allégresse presque enfantine."
Jean Brirbaum dans l'édito du Monde des Livres, hommage à Erik Izraelewicz.





"En écrivant ce livre, j'avais envie de retrouver les mots qui étaient les nôtres à cette époque, et qui allaient avec un mode de vie que je connais très mal, celui de la province."
Antoine Compagnon*, au sujet de son roman "La Classe de rétho", qui gagnera un exemplaire du Lexical** 2012 et préfacera probablement l'édition 2013 !

* Antoine Compagnon est ancien élève de Polytechnique, Ingénieur des Ponts, docteur d'état es lettres et professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de "Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie." Il a passé plusieurs années au Prytanée Militaire de La Flèche.
** Le Lexical est un abécédaire de l'argot du Prytanée Militaire en cours dans les années 70, réalisé par un collectif d'amis, tous anciens Nass (et néanmoins sympathiques). L'édition 2013 qui est prévue dans les bac début juin (2013) peut être réservé auprès de votre serviteur (prix de vente prévisionnel : environ 20€).

mardi 27 novembre 2012

Poème de JN Spuart (3)

J'ai vu l'anachorète des guerres perdues
Le soldat des méditations naïves
J'ai vu le juste injuste
La soumission assumée
J'ai vu le monde lapidé
Une haine imbécile
J'ai vu des mers arides
Le sacrifice d'Isaac
J'ai vu l'invisible démasqué
La terreur de vos armes
J'ai vu le miroir de vos doutes
La silhouette d'un souvenir
J'ai vu l'excuse de vos charniers
Les larmes sans excuses
J'ai vu le procès des soumis
L'insuffisance se consoler
J'ai vu l'idéal déconfit
Le sang sur vos blouses
J'ai vu la beauté d'un cil
Le cri du porc
J'ai vu l'ennui sur vos lèvres
L'absence de vos rêves
J'ai vu une île submergée
Une tombe anonyme
J'ai vu un rocher habité
Le suicide de la pensée
........
J'ai vu dans l'œil du chat
........
L'espoir

Poème de JN Spuart (2)

Il y a cet âge de déraison
Qu'arraisonne l'ennui
Dans une cale déclassée
Pupille condamnée
Aux vertiges ultimes
D'une poésie branlante
Emmitouflée dans une incertitude
Lasse des approximations artificielles
Envieuse jalouse
Des chevaux ras au ras des rocs qui se consument
.....
Et si la puissance résidait dans un grain de sable ?

lundi 26 novembre 2012

Poème de JN Spuart

Paupières empâtées qui pèsent le malheur
Le visage aux rivages éteints
Sous le sable la source saigne
Et le miracle de l'abstinence vaine
Pour une résurrection insoumise
Que le vent balaye comme une éternité
Parle sans prudence
Car les mots parlent sans comprendre
Les guerres copulent au-delà du temps
Elles mendient leur carcasses
De déportés sans attaches
Que les glaises tentent d'ensevelir
Tombes dérisoires aux ordres
Que la peur bâillonne
Restez ouvertes aux carnages
Le temps illégitime triomphe
L'homme est un coupable provisoire.

Jean-Noël Spuart

Équerre d'argent 2012



C'était notre favori :

Circa, pôle national des arts du cirque à Auch

Et finalement ce fut : le Pôle Petite enfance à la Trinité (Alpes-Maritimes) des architectes de l'agence CAB
 





Le Prix spécial du Jury est revenu au projet de Renzo Piano à Ronchamp, et un 3ème prix au Groupe scolaire Lucie-Aubrac à Nanterre de Ditmar Fechtinger.
(Photos plus tard)
Veinard(e)s : on a (presque) tout changé à droite !

vendredi 23 novembre 2012

Vals, d'après Hélène BINET

Les Termes de Vals. Photo Hélène Binet
C'est une chaise longue dont on devine à peine les pieds. Elle est libre. Son assise et son dossiers sont les deux seules choses qui adoptent des courbes lascives dans cet espace cadré. Ici tout se prête au cadre, à la ligne droite parfaite. La chaise longue regarde - contemple - à notre place le paysage. Le versant opposé de la vallée dont la surface, comme une peau voluptueuse, est une source infinie de curiosité. Le verre du rectangle de la façade est partagé verticalement en deux moitiés inégales par un trait épais d'encre noire. Dans un angle, celui de la plus étroite bande, apparaît un exemplaire unique, précieux, sommaire, de la grange typique de cette région des Grisons. La photo est sombre à l'exception de cet arrière plan habité par la chaise longue. Sur le côté droit, les fins bandeaux de gneiss tissent une ligne de fuite parfaite. Il y a deux ou trois objets discrets autant qu'insolites suspendus dans l'espace, et qui ponctuent la perspective. Au sol, la matière semble brute.
Nota : la photo d'illustration n'est pas celle du texte...
Hélène Binet est une photographe suisse née en 1959. Elle vit à Londres et travaille avec plusieurs architectes de renom, comme Peter Zumthor ou Zaha Hadid. Elle traduit admirablement l'esprit et l'émotion des espaces qu'elle photographie en captant "le jeu correct, savant et magnifique de la lumière sur le béton", presqu'exclusivement en noir et blanc.

mardi 20 novembre 2012

Stadium de Vitrolles



Quoi de neuf ? Le Stadium de Vitrolles, Kaaba laïque désertée de ses pèlerins, garée sur une aire en déshérence, contaminée par des touffes d'herbes erratiques et des arbustes autonomes et chétifs. Reste un blockhaus déchu, radical, dont l'attique déchiré mime les franges rocailleuses de la falaise miniature qui compose au large un horizon sanguinaire. Reste ces deux escaliers de métal rouillé sans personne à secourir, comme deux béquilles ultimes. Reste cette entrée souterraine muette dont on n'entre plus, maquillée de tags dérisoires. Reste une fusée, plantée comme un gigantesque pétard d’aluminium sur une plateforme de lancement aux allures de base oubliée de l'empire soviétique. 
A proximité, des 38 tonnes manoeuvrent avec une application d'AMX 30 dans ce décor façon Bilal. Dans le secret intérieur de la matrice de béton noir, l'espace magnifique survit probablement, avec, figées, invisibles dans la matière et dans le vide, les ombres errantes des fantômes des fêtes passées. L'invention de la ruine moderne. Comme à Croix ? Comme à Sens ?

vendredi 9 novembre 2012

Ferrari ou Deville ?

Alors ? Plutôt mystique ou scientifique ? Saint-Augustin ou Yersin ? La Corse ou Nha Trang ? Sermon ou serment ? Café ou comptoir ? Pasteur ou Pasteur ? "Le sermon sur la chute de Rome" ou bien "Peste et choléra" ? Le Goncourt a tranché en faveur du premier. Il se vendra mieux, mais le second avait le mérite de replacer la curiosité et l'intelligence sur le devant de la scène. "Nous sommes capables, de façon désintéressée, d'infiniment plus que ce dont nous imaginions être capables", écrivait Alain Badiou dans "Le Monde" daté de ce jour.
Relire Ferrari pour ne pas rester sur cette impression d'une histoire un peu brouillonne, tirée par les cheveux, servie par un style auquel il manquerait un peu de ce froissé qui parachève l'élégance, où Saint-Augustin semble être là comme un alibi philosophique.

vendredi 2 novembre 2012

Tempête marine

Tempête d'après Turner
La pluie rafale aux portes
La mer tabasse d'écumes mortes
Un ciel de bronze définitif
L'épuisement en horizons subjectifs
La nuit se gonfle bubon d'encre lasse
L'homme précipite en son impasse.
L'abysse en songe et l'atmosphère gisante
Les délices et les amours, des  hymens galantes
La haine étreint les membres
L'indicible épuise novembre.

jeudi 1 novembre 2012

La cour des Arts de l'Islam au Louvre

Inaugurée fraichement (septembre dernier), la cour des Arts de l'Islam mérite la visite : son architecture est étonnante et la collection absolument remarquable. Pour qualifier leur projet, les deux architectes lauréats, Mario Bellini et Rudy Ricciotti, avaient usé de la métaphore poétique : "voile aérien", "aile de libellule", pour le premier, "mouchoir de soie lâché au fond de la cour", pour le second. Le dossier de presse n'est pas en reste : "ce jeu de plis et replis de la couverture devient alors un drapé soyeux aux reflets micacés et facétieux". Chacun se fera son idée de cette installation composée de 2 000 panneaux triangulaires en acier galva enrobés d'un métal déployé extrêmement fin, portée par seulement 8 poteaux plus ou moins inclinés figurant les piquets d'une tente de bédouin. Pour bénéficier de la meilleure impression possible, il est conseillé de sélectionner une journée de grand soleil avec un ciel bleu péninsule arabique ; la couverture prend alors de très beaux reflets mordorés.
Mais le projet ne se résume pas à ce niveau ; il comporte un sous-sol gagné sur les surfaces originelles dans lequel le noir règne en maître : béton noir des murs latéraux, sol en dalles noires incrustées de paillettes de laiton, faux-plafonds sombres, escalier noir vernis en béton coulé en place dans un coffrage spécifiquement fabriqué (une performance sans doute) dont l'allure évoque une sorte d'odontocète. On retrouve dans cet élément massif, indubitablement, la patte de Ricciotti, gourmand d'une matérialité profonde et quelque part archaïque ; s'agit-il de cette fameuse "physicalité" qu'il s'emploie à exprimer dans tous ses projets ? Il a été rapporté que lors de l'inauguration, Ricciotti a semble-t-il davantage attiré l'attention des VIP sur la contemplation du ventre lisse, noir et luisant de son escalier, plutôt que vers les ailes de l'odonoptère métallique...
On peut regretter que les façades de la Cour Visconti soient désormais en grande partie masquées par le projet. Les pyramides de Pei voisines, sujets de maintes polémiques, ont su préserver les riches façades de la Cour Napoléon. De même, difficile de ne pas remarquer les membrures de la structure métallique porteuse dont les ombres bien visibles (trop ?) affaiblissent l'onirisme du "mouchoir de soie".
Et puisque dans un musée, le plus important reste la qualité des œuvres exposées - même si leur mise en valeur est essentielle -, il faut souligner une fois encore que la collection des Arts de l'Islam présentée ici est absolument remarquable. A l'heure où d'aucuns vous convient au "choc des civilisations", il est bon que l'art témoigne de sa capacité à relier les hommes dans ce qu'ils ont de meilleur : le goût du beau et de l'intelligence.



Bloggers sans bagages

Et je découvre que 3 consultations d'Everybody Knows ont été effectuées ce jour depuis le Mali ! 
Mosquée en terre de Djenné

Le port de Mopti dans la boucle du Niger
Ah, Djenné ! Ah, Mopti ! Ah, les falaises de Bandiagara et le Pays Dogon ! Les reverrai-je un jour ?
Les cases Dogon dans la falaise

L'invention de Morel d'Adolfo Bioy Casares

Un condamné à la perpétuité en fuite échoue dans une île déserte où sévit la peste et sur laquelle il découvre un ensemble de bâtiments vides - musée, bibliothèque, chapelle, chambres, cellules en sous-sol - qui semble avoir été abandonné récemment par ses pensionnaires. Mais bientôt il s'aperçoit qu'il partage temporairement cette île hostile avec des visiteurs aux comportements étranges. Se sachant traqué par la police et redoutant d'être dénoncé, il va continuer à vivre caché tout en épiant, en prenant de plus en plus de risques, ce groupe d'hommes et de femmes dans leur vie quotidienne faite de réunions, de repas, de promenades, de conciliabules ou de séances en plein air au cours desquelles ils écoutent de la musique - Tea for Two et Valencia en boucle - sur un phonographe. Une femme en particulier, aux airs sensuels de gitane, l'attire énormément. Elle a pris l'habitude de venir sur un rocher lire et contempler la mer à la tombée de la nuit. Elle s'appelle Faustine ; elle porte la plupart du temps des vêtements de tennis. Elle est souvent accompagnée de Morel qui, à l'évidence, lui fait la cour, ce qui excite la jalousie du fuyard. Une chose intrigue de plus en plus ce dernier, c'est cette curieuse impression que tous ces gens l'ignorent totalement malgré les maladresses qu'il peut commettre, et qui devraient trahir sa présence.
Borges disait de la trame de ce court roman : "il ne me semble pas que ce soit une inexactitude ou une hyperbole de la qualifier de parfaite".
D'une lecture captivante et parfois énigmatique, ce livre laisse une impression troublante. 
Il y a derrière les impressions du condamné et les situations décrites toute une réflexion sur le destin de l'homme, le temps qui passe et le désir d'immortalité. Une lecture qui exige d'en prolonger l'analyse, ainsi que le suggère la 4ème de couverture : "un roman qu'il ne faut pas se contenter de ne lire qu'une fois, un petit chef d'oeuvre."
Et donc, rendez-vous pris sur internet avec des analyses et des points de vue savants et complémentaires.
 Adolfo Bioy Casares est argentin. Il a obtenu le prix cervantès pour l'ensemble de ses écrits. Il est mort en 1999 à Buenos Aires. "L'invention de Morel" est paru en 1940 et connu un succès immédiat.