Mais le projet ne se résume pas à ce niveau ; il comporte un sous-sol gagné sur les surfaces originelles dans lequel le noir règne en maître : béton noir des murs latéraux, sol en dalles noires incrustées de paillettes de laiton, faux-plafonds sombres, escalier noir vernis en béton coulé en place dans un coffrage spécifiquement fabriqué (une performance sans doute) dont l'allure évoque une sorte d'odontocète. On retrouve dans cet élément massif, indubitablement, la patte de Ricciotti, gourmand d'une matérialité profonde et quelque part archaïque ; s'agit-il de cette fameuse "physicalité" qu'il s'emploie à exprimer dans tous ses projets ? Il a été rapporté que lors de l'inauguration, Ricciotti a semble-t-il davantage attiré l'attention des VIP sur la contemplation du ventre lisse, noir et luisant de son escalier, plutôt que vers les ailes de l'odonoptère métallique...
On peut regretter que les façades de la Cour Visconti soient désormais en grande partie masquées par le projet. Les pyramides de Pei voisines, sujets de maintes polémiques, ont su préserver les riches façades de la Cour Napoléon. De même, difficile de ne pas remarquer les membrures de la structure métallique porteuse dont les ombres bien visibles (trop ?) affaiblissent l'onirisme du "mouchoir de soie".
Et puisque dans un musée, le plus important reste la qualité des œuvres exposées - même si leur mise en valeur est essentielle -, il faut souligner une fois encore que la collection des Arts de l'Islam présentée ici est absolument remarquable. A l'heure où d'aucuns vous convient au "choc des civilisations", il est bon que l'art témoigne de sa capacité à relier les hommes dans ce qu'ils ont de meilleur : le goût du beau et de l'intelligence.
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