jeudi 13 décembre 2012

Le show Koolhaas (servi au Pavillon... de l'Arsenal)



Une salle "archi" comble, un carré de VIP, un animateur façon grand spectacle, c'était hier boulevard Morland, au "Pav", pour la présentation du lauréat du concours de la future École Centrale en partance sur le Plateau de Saclay aux environs de 2016. Tout le (beau) monde s'était déplacé pour "Rem" (un peu comme on dit "Corbu"), ce grand monsieur longiligne à l'allure de prédicateur austère, dont les propos, toujours énoncés avec calme, avec une pointe d'accent qui ajoute au mystère et sans effets oratoires, sont livrés comme autant de messages mystiques aux foules acquises à la cause koolhaassienne. Rem doit parfois (souvent ? encore ?) être lui-même étonné de cette ferveur populaire (chic). Ceci étant, est-ce surprenant pour un spécialiste du délire ? Au-delà de cet aspect "mégastarchitecte" (le cultive-t-il ? le maîtrise-t-il ?), il faut reconnaître à Rem ce talent presque unique de lâcher dans ses interventions un certain nombre de "scuds" - certains de salubrité publique -, sans avoir l'air d'y toucher (seuls Claude Parent et Ricciotti peuvent rivaliser avec lui dans cet exercice). A Bordeaux c'était contre les tours et l'architecture (art mineur par rapport à l'urbain dans la conception Koolhaassienne), hier soir c'était contre cette vie convenue et sans place pour le dépassement de soi que notre société du prêt-à-consommer nous propose (à moins que ça soit nous qui la choisissions ?), contre ces espaces publics bardés de grilles, rambardes, panneaux indicateurs, accessoires urbains qui finissent d'en privatiser l'accès et les rendre sans goûts ni saveurs, contre la facilité ("l'imagination se nourrit des contraintes"). 
Rem poursuit à longueur d'interventions sa croisade iconoclastique et, même si l'architecture exige d'autres ingrédients, il est indispensable qu'une pensée critique (voire subversive) puisse être énoncée afin qu'elle (l'architecture) ne "fermente*" pas dans l'académisme ou ne se "congestionne*" pas dans le marché. 
Faut-il parler du projet architectural de l'Ecole Centrale ? Sans doute pas puisqu'il n'est constitué qu'à 10% nous a-t-on appris hier soir. Alors trame ou pas trame ? Sérendipité ou non ? Urbanisme intérieur en diagonal ? Mais, au fait : où se cache le Saint-Simonisme dans le projet ? (Voilà une bonne question !). Vous avez dit sensuel ? Comme c'est sensuel...
Rem a évoqué trop rapidement son projet du Chicago Institute qui est un bâtiment absolument extraordinaire.
Hommage aux perdants (magnifiques ?) qui ont fait le déplacement. La palme de la pertinence à Marc Barani interrogeant sur la différence des cultures entre l'Europe du Nord et celle du Sud qui se traduit dans le degré d'ouverture de leurs architectures. Il avait parié pour un bâtiment ouvert sur le parc et une vie en dehors des lieux intérieurs. Palme de la modestie à Dietmar Feichtinger reconnaissant son désarroi devant la complexité du programme.
* clins d'œil aux termes "fermentation" et "congestion" évoqués lors de la conférence pour qualifier le projet (sont-il recyclables ?)
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4 commentaires:

  1. Généralement, ceux qui vont voir les confs de RK ne construisent pas. Sinon, ils verraient que ça n'a aucun intérêt. Un bon éditeur de T-shirt, tout juste!

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  2. Un peu sévère et lapidaire HCF ! J'aurais aimé que l'on salut mon "show koolas" (chocolat), mais tant pis !

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  4. HCF à Pergame.
    Salutations.
    Lapidaire...tant mieux puisqu'on parle d'architecture! :-)
    Plus sérieusement...le "show bizness" du btp est parfois soûlant, non? Je préfère la vie de Delorme (Philibert) à celle de RK. :)

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