L'oeil aiguisé du vacancier (Chapitre 2)
Ce n'est pas parce qu'on est en vacances qu'il faut abandonner toute sensibilité à l'endroit de la poésie ! Ce poème, court et délicat (un Haïku ou un aïe y cul ?), figure à l'entrée d'un marais salant, sur un petit chemin en marge de la piste cyclable, entre le Martrais et Ars-en-Ré, sur l'Ile de Ré (à vos GPS !).
Au-delà de la fulgurance poétique qui sublime ce modeste panneau de bois en contreplaqué (il y a un décalage énorme et fascinant entre la force du message et la simplicité du support), la problématique grammaticale jaillit littéralement de l'oeuvre : voyez cette mise en perspective (que dis-je ? une mise en abîme !) de l'impératif final qui est amené après 2 infinitifs d'une violence irréfutable* ; observez le jeu de la faute d'orthographe au verbe "foutre" qui en révèle toute l'iconoclastie.
Admirez enfin l'ironie subversive de la politesse conclusive qui parachève cette altercation muette et qui claque véritablement comme un 11ème commandement sur une table de la loi d'une modernité absolue.
Et que dire de ce point d'exclamation d'une calligraphie délicate qui s'invite au coeur du processus, balayant d'un trait et d'un point toutes les conventions ?
Et ce contraste entre l'ultra-noir des signes typographiques et le blanc absolu du support ?
Je prétends que nous tenons là une oeuvre préfiguratrice d'un mouvement artistique majeur qui va marquer de son empreinte organique ce 21ème siècle.
Mouvement que j'ai déjà eu l'occasion de repérer dans les toilettes du Lieu Unique à Nantes (Cf photo ci-dessous).
* les agrégés de Lettres Modernes me corrigeront éventuellement
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