lundi 19 août 2019

A la recherche du temps perdu. Du côté de chez Swann


Résultat de recherche d'images pour "marcel proust enfant"

M'est-il possible d'écrire, ne serait-ce que quelques phrases, sur le premier tome de "La Recherche", autrement que de dire qu'il est divisé en trois récits successifs, trois parties : "Combray", lui-même comportant deux chapitres sans titre, le I et le II, "Un amour de Swann" et enfin "Noms de pays : le nom", beaucoup plus court ?
Combray accueille la légendaire scène de la madeleine qui révèle à elle-seule la "raison" de l'écriture de Proust, je veux dire la quête de mémoire par les sens et non la traduction d'une réalité, ce qui constitue l'essence du roman.
Résultat de recherche d'images pour "du côté de chez swann""Combray" offre la part belle aux images (terme préféré à "descriptions") de cette petite ville où Marcel Proust enfant passait ses vacances, de ce microcosme où chacun se connait, s'estime (au sens de jauger), se reçoit (ou ne se reçoit pas) et qui trouve ses limites du côté de Guermantes ou de celui de Méséglise (le côté de chez Swann), dans les chemins fleuris d'aubépines ou le long d'un petit cours d'eau vif, la Vivonne.
On y voit le jeune Marcel très assidu à la lecture et au travers de ces yeux d'enfants, on est introduit dans cette société dont les codes, qui n'ont que cent ans, nous paraissent appartenir à un autre âge, mais dont les caractères sont intemporels.
Mais surtout il y a cette sensibilité aux choses de la vie - nature, arts, détails insignifiants - que Proust traduit avec une volupté sans égale dans de longues phrases "savantes, correctes et magnifiques" qui s'écoulent comme le feraient les méandres sensuels d'une rivière indolente dans une campagne virginale.
Dans la seconde partie, Proust nous fait partager les affres amoureux d'un mondain, Swann, pour la "cocotte" Odette, dans un décor de salons bourgeois où l'entre-soi, comme la bêtise ou l'ignorance grimée, règnent en maître. On imagine Proust, qui a fréquenté assidument ces salons, jeter sur cette "comédie humaine" un regard intéressé d'éthnologue friand de la profusion de matières livrées à sa sagacité.
La troisième partie est centrée sur le premier amour du jeune Marcel pour Gilberte, la fille de Swann et de son épouse, Odette de Crécy (la fameuse cocotte). Il y a ici un thème récurrent chez Proust : l'inaccessibilité, à certains êtres, à certaines choses, et ce désir immense, insatiable, de connaître la vie cachée des personnes qui lui sont chers. Le livre se clôt sur la relation entre les sens et la mémoire et la supériorité de la mémoire filtrée par les sens et l"imaginaire, plutôt qu'une mémoire que l'on pourrait qualifier d'historique, basée sur des faits concrets. Le roman est inventé ou tout du moins démasqué.
Il est impossible de ne pas mentionner la relation à la peinture et à la musique (essentiellement, mais d'autres arts sont sollicités) dans l'écriture de Proust. On connait tous le "petit pan de mur jaune", mais les œuvres de Giotto ou Bellini sont de fréquentes références.
Au terme de cette seconde lecture du 1er tome "La recherche", le seul mot qui vient à l'esprit : essentiel.

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