dimanche 16 octobre 2011

L'accordeur de silences


L’accordeur de silences, c’est Mwanito, le plus jeune des deux fils de Sylvestre, dont la présence silencieuse à ses côtés lui permet de le tenir éloigner de souvenirs emplis de la douleur de la mort d’Alminha, sa femme.
Jésusalem, c’est ce lieu du bout du monde africain – une ancienne réserve de chasse – où Sylvestre, devenu fou, a choisi d’enfermer la communauté de ses proches - ses deux fils, un beau-frère, un domestique et une ânesse -, prétendant que le reste de l’humanité n’existe plus.
C’est en grande partie dans ce huis-clos absurde que Mia Couto, l’auteur mozambicain, déroule cette histoire aux accents de saudade, où les enfants tentent de faire resurgir un passé hanté par la figure de la mère, au risque de déclencher la fureur paternelle.
Derrière toute cette absurdité, toute cette détresse, cette folie, il y a plusieurs secrets, dont celui – terrible – de la perte d’Alminha, que la fin du récit nous révèle.
Ecrit dans une langue pleine d’une poésie onirique qui évoque par instants celle des griots, « L’accordeur de silences » est un livre profond, insolite, dans lequel la femme au travers du prisme de l’imaginaire masculin est tour à tour mythifiée, redoutée, apaisante, soumise, forte, inaccessible, initiatrice, aimée, amante, mère et maîtresse.
Mia Couto a 56 ans et il enseigne l’écologie à l’université de Maputo. PLC, qui m’a fait découvrir cet écrivain, le tient pour l’un des plus intéressants et importants d’Afrique. J’aurais tendance à le croire.

2 commentaires:

  1. J'avoue ne pas connaître grand' chose du Mozambique, il est vrai que la culture post colonialiste est toujours orientée vers la culture naissante des ex-colonies... Mais j'imagine qu'on se prive, à tort, d'autres visions du monde, d'autres relations entre humains... C'est tout l'intérêt de cette collection Metailié de nous permettre à nous, Français, de faire de telles découvertes !
    GERARD

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  2. Tres bonnes critiques parues dans Libé et dans l'Humanité cette semaine.

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