dimanche 9 octobre 2011

"Désintégrer les intégrateurs !"

J'ai pu participer à la conférence de Rudy Ricciotti le 8 octobre dernier. J'ai trouvé un texte sur LeMoniteur.fr d'un certain "Guardare". Je me permets de le reproduire ci-dessous, car je n'ai pas mieux !

L’architecte Rudy Ricciotti avait « Carte Blanche » hier soir au salon Architect@work, à l’invitation de l’association Archinov. Malgré une logistique défaillante en début d’intervention - errements que le conférencier a fustigé comme l’exemple même d’une bureaucratie envahissante - la performance a bien eu lieu, et l’artiste fut à la hauteur de sa réputation. Pas tant celle, sulfureuse, qui le précède dans toutes ses interventions publiques (et qui semble l’agacer). Il aime d’ailleurs rappeler qu’il est père de trois enfants (et grand-père), patron de PME et qu’il paie honnêtement et dignement ses collaborateurs chaque premier du mois. Il revendique la condition d’être simplement un homme qui refuse d’abdiquer face au «déchainement de violence» qu’il observe dans son métier. Donc, devant une salle pleine à craquer et plutôt acquise au pourfendeur des «Renards du temple», le pirate sudiste à la tronche de gitan a épaté son monde.
Le Grand prix national de l’architecture 2006 a commenté, tour à tour avec humour, détachement et férocité, une sélection de ses œuvres bâties ou rêvées. Un régal d’intelligence, de sensibilité, de poésie et de folie.

Dans le paysage actuel de l’architecture, Rudy Ricciotti est un personnage unique. Connaissez-vous un seul autre architecte capable d’avouer qu’il a sans douté été préférable que tel ou tel de ses projets ne soit pas retenu ? Parce que, de son point de vue, quasi inconstructible ou simplement délirant ! (Tous ceux que je connais affirment que leur projet était le meilleur et qu’ils ont été classés deuxième parce que…).
Connaissez-vous un seul autre architecte capable de s’autoproclamer en rigolant l’inventeur du poteau en «os de poulet» (les poteaux du Mucem à Marseille)? Connaissez-vous un seul autre architecte qui se targue de maniériste et ose traiter de connerie le slogan d’Adolf Loos «L’ornemention est un crime»? Que l’architecture est épuisée par les questions de l’environnement et de l’urbanisme («Ok, il faut des arbres le long des rues, on le sait tout ça »)? Qui affirme qu’il ne serait rien sans le maçon ou l’ingénieur? Que lui-même, s’il pouvait remonter le temps, choisirait de faire de l’ingénierie? Qu’il n’a absolument rien retenu de l’école (école d’ingénieurs de Genève et école d’architecture de Marseille) et que ce sont les coffreurs, les ferrailleurs, les maçons, les compagnons et les chefs de chantier qui lui ont tout appris ? Qu’il y a une noblesse à ce métier, et qu’elle ne passe pas par l’industrialisation des processus, mais par la consommation de matière grise et d’emplois qualifiés de proximité?

Une intervention longue et riche. Rudy Ricciotti manie l’oxymore avec talent : «Je crois qu’en étant conservateur je suis définitivement un vrai progressiste!».
Ca aurait pu déraper « café du commerce », quand il dénonce la décadence complète d’une époque qui ne croit plus, précisément, que dans le commerce, la communication et la finance («C’est quand même pas ça qui, demain, va nous faire bouffer!», dit-il avec violence) ; ou qu’il pointe d’un doigt vengeur les dispositifs HQE, l’orgie de réglementations, qui ne sont que les avatars d’une «hypertrophie consumériste », lesquels nous conduisent droit dans le mur!
Et bien non : il y avait du «lourd», désolé!
A une question du public sur l’apparition prochaine d’une fonction d’intégrateur dans la profession, Ricciotti propose simplement de «désintégrer les intégrateurs»!
Il y aurait encore beaucoup à dire, mais vous n’aviez qu’à être là! Une question m’a taraudé toute la nuit : faut-il créer d’urgence un comité de salubrité publique et nommer Ricciotti à sa présidence?
En attendant, merci Rudy Ricciotti, pour cette bouffée d’oxygène, cette brise marine bandolaise. Tu n’as pas volé ta légion d’Honneur et ton ordre national du Mérite. Chapeau l’artiste!

Guardare

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