mardi 21 décembre 2010

Purge


Prix Fémina Etranger, Purge est un roman dont certains passages sont "terribles", au sens douloureux du terme. L'histoire se déroule pour l'essentiel en Estonie, le plus septentrional des 3 Pays Baltes qui ont défié l'URSS en réclamant leur indépendance a la fin des années 80, avant l'écroulement de l'empire soviétique. Elle comporte de nombreux va et vient entre le passé et le présent qui lèvent progressivement le voile - jusqu'aux toutes dernières pages - sur les drames du roman.
L'histoire de l'Estonie - utilement rappelée a la fin du livre - est une suite d'invasions, d'occupations, de guerres de libération avec la cohorte des drames humains et des atrocités qui, inévitablement, les accompagnent. Des atrocités, le roman de Sofi Oksanen en délivrent au lecteur jusque parfois la nausée. Mais il n'y a ici aucune complaisance douteuse ou malsaine. La cruauté de certains faits rappellent que l'homme peut être un loup pour l'homme ; voire pire surtout si la victime est une femme...
Plusieurs thèmes traversent le roman et en particulier celui de l'amour-fou, de la jalousie extrême et du sacrifice. Le style s'adapte parfaitement aux variations d'intensité du récit qui navigue entre un passe lourd, complexe, et le présent très souvent d'une dureté absolue.
Il n'est pas possible de raconter ne serait-ce qu'un peu de l'histoire sans risquer de trop en dévoiler. Juste dire qu'un matin, une femme qui habite seule en bordure de la foret aperçoit dans son jardin un "ballot" qui "avait quand même l'air d'être de ce monde (...), il était de taille humaine.(...) Le ballot était une fille."
Extraits (pour la beauté du style) :
"Les rides avaient aspiré ses joues a l'intérieur de la boite crânienne, comme s'il avait le visage étroitement ligoté."

"(elle) fut projetée au milieu d'un groupe qui attendait a l'arrêt, au milieu des minijupes et des bas blancs des filles de bonne famille qui dégageaient a la fois une odeur d'innocence et d'avortement, leurs ongles rouges griffaient familièrement l'obscurité et l'avenir."
L'ambiance du livre est semblable par moments à celle de "Breaking the waves" de Lars Von Trier. Âmes sensibles : prudence !

1 commentaire:

  1. Ce livre m'a beaucoup plu. Bientôt quelques mots sur mes impressions de lecture.

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