mardi 9 juin 2009

A un poète mineur de 1899 de Jorge Luis borges



Ce matin, au saut du lit, je découvre ce poème que je trouve très beau ; alors, ce soir, j'ai envie de le mettre ici, rien que pour vous et moi...





"La tristesse qui guette à l'heure où le jour fuit
Te demandait un vers. Tu voulus d'une lente
Ligne lier ton nom à la date dolente
Où l'or va se mêlant à l'imprécise nuit.
Dans la lueur qui se soumet et qui s'échange
De quel amour tu dus polir l'étrange vers
Qui, jusqu'à la dispersion de l'univers,
Saurait seul confirmer l'heure d'azur étrange !
Y parvins-tu jamais ? De toi, mon vague aimé,
Que savoir et que dire ? Es-tu mort ? Es-tu né ?
Mais je veux que l'oubli rende à ma solitude
L'ombre légère de la vie, et ton espoir,
Embué par le mien d'un peu de lassitude,
Qu'en quelques mots humains puisse tenir le soir."

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