Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
dimanche 30 novembre 2008
"Le Krach écologique"
Geneviève Ferone, dans "2030, le krach écologique"
Pavillon Suisse à la biennale de Venise 2008
"The increasing magnitude and complexity of interactiving lives must make us realize that our future depends upon an understanding and control of our common system - a self-regulating, interdependant, dynamic pattern that moves from yesterday into today and from today into tomorrow." 1972 Gyorgy Kepes
"La Porte des Enfers", "Dans les veines ce fleuve d'argent", "La Reconstruction"
Un autre livre de Laurent Gaudet "El Dorado" : l'histoire d'un homme, commandant d'un bateau, au large des côtes siciliennes, dont la tâche consiste à araisonner les chaloupes des émigrés clandestins, et qui un jour, après avoir croisé le regard et la supplique de l'un d'entre eux ...pourquoi lui ? ...
Et puis un livre quasi mystique, meilleur à mon sens que "Périphériques" dont on a beaucoup parlé (mais qui m'a un peu ennuyé), il s'agit de "La reconstruction" d'Eugène Green ; un livre sur la mémoire, l'identité, les gens qui se croisent, les passages de la vie qu'on oublie, "la chronique de la réinvention de l'être et du temps" (point de vue des éditeurs). Un passage :"Aucune analyse intellectuelle ne peut percer le mystère de la parole, de la poésie, et peut-être de l'art en général.La seule métaphore qui puisse nous aider à la comprendre, c'est la beauté du monde naturel(...)".
Bonne lecture
Le concert du 26 novembre 2008 à l'Olympia
dimanche 23 novembre 2008
Everybody Knows
"Tout le monde sait que les dés sont pipés.
Tout le monde conduit en croisant les doigts.
Tout le monde sait que la guerre est terminée.
Tout le monde sait que les braves types ont perdu.
Tout le monde sait que le combat était arrangé :
Les pauvres restent pauvres, les riches encore plus riches.
Ca se passe comme ça
Tout le monde le sait.
Tout le monde sait que le navire prend l'eau.
Toul monde sait que le commandant a menti.
Tout le monde se sent déprimé
Comme si son père ou son chien venait de mourir.
Tout le monde parle à des murs.
Tout le monde veut une boîte de chocolat et une rose à longue tige.
Tout le monde le sait
Tout le monde sait que tu m'aimes, baby.
Tout le monde sait que tu m'aimes vraiment.
Tout le monde sait que tu as été fidèle,
Sauf peut-être une nuit ou deux.
Tout le monde sait que tu as été discrète
Mais il y avait tant de gens que tu devais rencontrer sans tes habits.
Et Tout le monde le sait.
Tout le monde sait que c'est maintenant ou jamais.
Tout le monde sait que c'est toi ou moi.
Tout le monde sait que tu touches à l'éternité
Quand tu as écrit un vers ou deux.
Tout le monde sait que le deal est pourri :
Jack le vieux nègre continue à ramasser le coton
Pour tes noeuds et tes rubans.
Tout le monde le sait.
Tout le monde sait que la Peste arrive.
Tout le monde sait qu'elle se déplace très rapidement.
Tout le monde sait que l'homme ou la femme nus
Ne sont qu'un artefact lumineux du passé.
Tout le monde sait que tout ça est mort,
Mais il y aura un mètre posé sur ton lit
Qui dévoilera ce que Tout le monde sait.
Tout le monde sait que tu as des problèmes.
Tout le monde sait que tu es fichue,
Depuis la croix sanglante au sommet du calvaire
Jusqu'à la plage de Malibu.
Tout le monde sait que les chose se séparent :
Regarde une dernière fois le Sacré Coeur
Avant qu'il explose.
Et Tout le monde le sait.
mercredi 19 novembre 2008
Le blog de Philippe Labbé (mon frère)
Juste faire :
http://plabbe.wordpress.com/
mardi 18 novembre 2008
Mort de François Caradec
Il avait dit dans un entretien en 2001 : "Je n'ai fait qu'une seule chose dans la vie, c'est lire : il n'y a pour moi qu'une réalité dans la vie, elle est dans les livres. J'ai réussi la seule chose qui me plaisait dans la vie."
Etre moderne par Jean NOUVEL
Team 10
Parole de Giancarlo di Carlo (architecte de la Team 10 dcd en 2007)
Prise de parole (2)
Prise de parole (1)
dimanche 16 novembre 2008
Pourquoi "Everybody Knows", pourquoi "Pergame" , et pourquoi "shelter" ?
Vous savez bien entendu qu'il s'agit de l'une des très grandes chansons de Cohen (traduction à venir sur le blog) ; vous connaissez mon respect pour ce très grand Monsieur ; mais au-delà, je trouvais que l'idée de faire un blog correspondait avec cette espèce de révolution de l'information dont une des conséquences positives (on peut rêver ?) serait que l'on ne pourrait plus jamais dire "je ne savais pas" puisque "Everybody Knows"... Bon, c'est un peu prétentieux, mais il faut bien avoir un minimum d'ambition quand on construit un truc comme ça, ou bien on reste devant la télé !
2) Pergame
Je voulais un nom :
- qui soit beau (je trouve Pergame beau)
- qui évoque pour moi la beauté (je venais de visiter le musée de Berlin qui présente une reproduction partielle du temple de Pergame)
et puis c'est le 1er nom qui m'est venu à l'esprit.
3) Shelter
C'est un mot qui convient bien à l'écriture. Cohen l'emploie très souvent dans ses chansons. "Abri" : il n'y a plus de danger, il y a la chaleur, l'intimité, la paix, un calme intérieur dans ce mot. C'est ailleurs, à distance du réel ; lequel est à l'extérieur. Et puis l'abri, c'est l'architecture élémentaire, qu'elle soit naturelle ou bien l'oeuvre de l'homme. C'est déjà une promesse d'humanité. J'ai noté que Le Clézio employait le mot "abri" dans son discours pour le Nobel, en parlant de cette "forêt de paradoxes" qui est le domaine de l'écriture : "Ce n'est pas toujours un séjour agréable. Lui (l'écrivain) qui se croyait à l'abri, elle qui se confiait à sa page (...) les voici confrontés au réel (...)."
Voilà, il n'y a plus de mystère.
A propos de "Le roi de Kahel"
- les grands espaces de l'Afrique équatoriale / un huis clos dans une maison
- un fourmillement de personnages / moins d'une dizaine "d'acteurs"
- l'explorateur colonialo-utopiste issu d'une famille de "capitaines de l'industrie" / la condition de la femme afghane
- le 19ème siècle positiviste / le 21ème siècle désespérant
Mais au bout, en commun, l'échec et la folie.
Je me suis pris d'une profonde sympathie pour le personnage d'Aimé Victor Olivier (Yémé pour les Peuls et Vicomte de Sanderval pour la maigre postérité), ingénieur de l'Ecole Centrale (mais plus écrivain et poète qu'ingénieur), véritablement "illuminé", amoureux d'une Afrique qu'il a imaginé dans ses lectures d'enfance et les récits de Caillé, incroyablement téméraire, tenace, résistant dans des mondes qui lui sont forcément hostiles (le Fouta-Djalon des peuls et l'administration française de la 3ème république). Il y a une très grande tristesse dans ce livre : on est spectateur de l'échec de toutes les illusions qui ont permis à un homme de vivre.Quelles réflexions apportent ce livre ?- incompatibilité des cultures ?- l'innocence vaincu par le quotidien affairiste ?- ...
A propos de "Syngué sabour Pierre de patience"
Les RTT ont du bon, ils (ou elles ?) m'ont permis de lire "Syngué sabour" l'après-midi même de sa nomination, après en avoir fait l'acquisition à la Hune (quel snobisme !) .
L'histoire, qui se passe "quelque part en Afghanistan ou ailleurs", comme l'indique en préface l'auteur, est celle d'une femme musulmane qui veille son mari, allongé sur un matelas posé à même le plancher, gravement blessé d'une balle dans la nuque, et qui va profiter en quelque sorte de cette situation (l'homme est sans aucune réaction, "Maintenant je peux tout faire avec toi") pour enfin parler et livrer tout ce qu'elle a en elle de secrets et de blessures ("Cette voie qui émerge de ma gorge, c'est la voie enfouie depuis des milliers d'année"). Le livre est une sorte de huis clos d'un désespoir qui ne peut conduire qu'à la folie entre cette femme et son mari mourant, dans lequel l'irruption de combattants sauvages et pittoyables ou bien l'histoire sordide d'une tante bannie de tous pour cause de stérilité, renforcent encore ce réquisitoire implacable contre l'homme ivre d'honneur et de religion, sa lâcheté et sa monstruosité.C'est un livre tragique sur la condition de la femme dans certaines communautés. Sans homme, elle est mais n'a pas d'existence ; avec un homme elle existe, mais elle n'est rien.L'auteur dédit ce livre "à la mémoire de N.A. - poétesse afghane sauvagement assassinée par son mari".Je ne serai pas surpris qu'il y ait des réactions violentes contre ce livre ; qui plus est, couronné par le Goncourt.
Une phrase, dont le style est d'ailleurs assez atypique du reste et que j'ai trouvée très belle : "Sous sa peau diaphane, ses veines comme des vers essouflés s'entrelacent avec les os saillants de sa carcasse".
Et une autre qui traduit la violence du propos : "Dès que vous possédez une femme vous devenez des monstres."
Bonne lecture, sans oublier ce que disait Yéhudi Menuhin :" c'est une défaut humain de penser que le groupe auquel on appartient est le meilleur de tous et que les autres ne valent rien".
Le Grand Inquisiteur de Dostoievski
Génèse
A l'instant de créer ce blog, je me suis demandé : "mais que vais-je bien pouvoir inscrire comme premier message ?" Alors, assez naturellement, l m'est venu l'idée de saisir une Bible et de recopier un des passages de la Génèse qui m'apparaîtrait comme particulièrement adapté à cet instant. Et ce fut donc celui où Eve, en mangeant un fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, créé en quelque sorte la "vraie" humanité. C'est un hommage à la Femme. C'est aussi une distance par rapport au Dieu de la Bible. Je me suis arrêté avant que Dieu chasse Adam et Eve du Paradis terrestre afin de rester (et de commencer) sur une utopie.
"Or le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs que l'Eternel Dieu avait faits ; et il dit à la femme : Quoi ! Dieu aurait-il dit : Vous ne mangerez point de tout arbre du jardin ?Et la femme répondit au serpent : Nous mangeons du fruit des arbres du jardin.Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit : Vous n'en mangerez point, et vous ne le toucherez point, de peur que vous ne mouriez.Alors le serpent dit à la femme : Vous ne mourrez nullement ;Mais Dieu sait qu'au jour que vous en mangerez, vos yeux seront ouverts, et vous serez comme les dieux, connaissant le bien et le mal.La femme donc voyant que le fruit de l'arbre était bon à manger, et qu'il était agréable à la vue, et que cet arbre était désirable pour donner de la science, en prit du fruit et en mangea, et en donna aussi à son mari, qui était avec elle, et il en mangea."