Après un peu plus de 200 pages durant lesquelles je me suis souvent interrogé sur l’intérêt de ce livre, je me suis laissé emporter par ce triptyque qui, parti d’une histoire banale - une femme qui demande à un écrivain de lui écrire un roman sur un épisode dramatique de sa vie -, révèle la « fabrique du roman » avec une belle conjugaison des sources et de l’imagination du romancier, lequel n’hésite pas à puiser dans son propre imaginaire pour « inventer le réel ».
Le grand romancier portugais, Antonio Lobo Antunes dit du roman que ce n’est qu’une façon de réorganiser sa mémoire ; je crois que c’est insuffisant et que, si la mémoire de l’écrivain - ou plutôt son imaginaire propre qui correspond à une sorte de « mémoire augmentée », c’est-à-dire, une mémoire constituée des souvenirs auxquels s’additionnent les choses oubliées - est un ingrédient incontournable, l’art du roman nécessite un talent supplémentaire, comparable à celui des alchimistes ou des diamantaires : la transmutation de la matière brute en matière précieuse.
Éric Reinhardt, avec « Sarah, Suzanne et l’écrivain » démontre qu’il possède ce talent.
(Par ailleurs, je suis absolument d’accord avec lui quand il fait dire à Suzanne, voyant son mari vêtu d’une doudoune avec une capuche à bordure en fausse fourrure, que cet accoutrement fait « parvenu », voire agent immobilier.)
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