vendredi 20 avril 2012

"Le mode interrogatif" de Pagett Powell


Vu hier dans le supplément Livres du "Monde", un article sur cet ouvrage dont le contenu égraine un assez grand nombre de questions comme une invite auprès du lecteur à imaginer une réponse. Une sorte de livre interactif en quelque sorte. Quelques questions pour l'exemple :
" A quel point êtes vous conscient chaque jour d'entrer en contact avec du PVC ?" 
"Quelle personne décédée ramèneriez-vous à la vie ?"
A quel moment de la vie humaine diriez-vous que la narine passe d'une chose mignonne à une chose pas mignonne ?"
Hésitez-vous sur la marche à suivre lorsque l'élastique d'un slip est foutu mais que le slip lui-même est en bon état ?
Et bien vous n'allez pas me croire (mais si !), ce livre m'intéresse. Exercice pratique sur la question : "Si vous appreniez que vous allez expirer aujourd'hui à 17H00, que chercheriez-vous à faire d'ici là ?"
Réponse :
Premier réflexe : regarder sa montre. Ouf, il est 17H30. C'est une blague !
Mais pour que vos orbites cruelles ne soient pas frustrées, je vais me mettre dans la peau d'un lecteur innocent qui apprend la nouvelle alors qu'il n'est pas encore 17H00.
Si donc j'en étais informé à 16H45, très probablement que je ne ferai rien, sinon attendre confortablement installé dans un fauteuil avec à la main un verre d'excellent whisky. Il serait bien que mon chat ne soit pas loin, et si je peux écrire quelques bonnes phrases dont l'ultime resterait à jamais inachevée avec son mystère, l'ensemble pourrait constituer une fin honorable. Inutile de prévenir ma femme ; il est possible qu'elle ait du chagrin, ce qui gâterait inutilement ce dernier quart d'heure.

Si j'ai 2H devant moi, il est probable que je sorte faire une promenade à pieds, sur les berges de la Seine, sans doute à l'île de la Jatte, et que j'attende la mort sur un banc près de l'eau du fleuve avec une bonne bouteille d'un grand vin de Bordeaux et un verre à bord fin. J'aimerais avoir mon chat près de moi, mais ça ne sera sans doute pas possible.


Si j'ai une demi-journée avant la funeste échéance - si j'en suis informé par exemple avant l'heure du déjeuner - j'aimerais appeler quelques amis, les convier à passer à la maison pour partager un repas sympa, et entre la poire et le fromage, saisir l'occasion de l'annonce de mon départ prochain pour les remercier du trésor de leur amitié.

Si j'ai plus de temps encore, je voudrais rejoindre l'île de Bréhat et attendre la Camarde là-bas, face à la mer, assis sur un rocher. Alors il est probable qu'elle vienne avec la marée. Je l'observerai conquérir centimètre après centimètre l'estran comme un grignotage pervers, comme la course maniaque des aiguilles du temps.

Mais la réponse la plus probable, c'est qu'en réalité, il est très vraisemblable que je ne croirais pas un mot de cette histoire.

2 commentaires:

  1. Diablement intéressant. Une porte ouverte sur l'intimité, qui peut déboucher sur le mur du secret.
    A quoi sert l'écriture ?

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  2. A vivre ! Ou survivre ! Ou eviter de payer abusivement des seances d'analyse !

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