dimanche 15 avril 2012

Cette année je me prends au mot et j'écris ! (16)

Ce matin dominical, sur le Post-it figure le texte suivant :
"Céder à l'invite de la page.
Panser de mots une blessure.
Ecrire au large."
Quand elle buvait un verre de vin rouge - que du très bon, plutôt du bordeaux -, toujours elle oubliait une apostrophe violette à la commissure de ses lèvres , dont elle disait en se moquant qu'elles étaient fines et cruelles. L'empreinte, dont la couleur pouvait aller du rose pâle au fuchsia plus affirmé, s'établissait immanquablement sur le coin droit de sa lèvre supérieure.
Lui, habitué, remarquait instantanément cette ponctuation un peu ridicule, comme si un sens secret l'alertait dans la seconde où elle dégustait quelques gorgées de grand cru. C'était, la plupart du temps, lorsqu'ils étaient en société, à l'occasion d'un diner entre amis ou dans un de ces quelques rares cocktails mondains dans lesquels il s'obligeait à faire une brève apparition. Il tentait alors par le regard ou un signe  discret (un doigt sur sa lèvre à lui) de l'alerter pour qu'elle efface (serviette ? mouchoir ? doigt ?) l'apostrophe vineuse et gourmande. Elle le regardait un peu agacée mais complice - Quoi ? cette virgule de vin ? encore ? ce n'est pas si grave ! - puis, tout en poursuivant une conversation grave ou futile, elle faisait disparaitre d'un geste discret et maîtrisé - ou plutôt faudrait-il parler d'une esquisse - la marque minuscule que personne autour d'elle, probablement, n'aurait remarquée.
Merci à M. (qui se reconnaitra si elle parvient jusqu'ici) pour l'inspiration.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire