lundi 30 avril 2012

La promesse de l'aube de Romain Gary

Romain Gary a 44 ans quand il écrit cet hymne absolu à l'amour maternel. Mais au-delà de la description de cette relation fusionnelle - les personnages de Gary et de sa mère se confondent par moment -, c'est un récit d'une très grande profondeur humaniste que nous livre l'écrivain couronné par deux Prix Goncourt, et qui s'est donné la mort en 1980, un an après le décès - dans des circonstances troubles - de son épouse Jean Seberg. Largement autobiographique, "La promesse de l'aube", raconte la jeunesse de Romain Gary, depuis sa naissance en 1914 à Wilno (Vilnius) jusque sensiblement la fin de la seconde guerre mondiale. La figure de la mère est omniprésente, mais Gary met en scène également un très grand nombre de personnages, des héros inconnus, oubliés, auxquels il rend hommage avec beaucoup de sensibilité et de tendresse. S'il faut n'en citer qu'un, c'est ce Monsieur Piekielny qui a ma faveur ; cet homme qui "ressemblait à une souris triste", et qui prit le petit Romain en affection avant de lui demander, lui dont le destin proclamé par sa mère doit être de rencontrer des grands hommes, une faveur toute simple, celle de leur dire, à ces hommes importants, juste cette phrase  : "au N°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait M. Piekielny". Romain Gary a tenu sa promesse des dizaines de fois et jusque devant la Reine Elizabeth, quand "les os du petit homme, transformés à la sortie du four en savon, ont depuis longtemps servi à satisfaire les besoins de propreté des nazis."
C'est un livre fort au style magnifique. Romain Gary l'a retravaillé quelques mois avant de se donner la mort. A cette occasion, il y a peut-être ajouté, par endroits, les touches de désenchantement qui confère au roman (plus "artistique" que purement historique, comme il l'a indiqué) sa note grave.  Amour, amitié, humour, respect, humanisme sans moralisme, humilité, fierté, dérision, perspective historique et "petite histoire", nostalgie, tous ces ingrédients et d'autres encore, constituent la matière de "La promesse de l'aube" ; une matière profondément humaine.

3 commentaires:

  1. Voila un commentaire qui ne peut que mettre en appétit. C'est l'intérêt de lire un livre à plusieurs n'est-ce pas ?

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  2. Ton message, l'autre jour, m'amène à découvrir ton blog et avec quel plaisir! Je choisis cet article pour te laisser ce message, car il s'agit de l'un de mes livres préférés!

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