jeudi 19 janvier 2012

L'Hôtel des Roches Noires



Les fantômes ne sont pas des âmes errantes dont l’occupation principale est de tracasser les vivants. Non, ce sont des êtres qui nous observent et qui se nourrissent de la vision de nos scènes d’amour et de tendresse. C’est en tout cas vrai pour les fantômes de l’Hôtel des Roches Noires à Trouville, célèbre villégiature de bord de mer qui accueillit de nombreux écrivains et artistes dont Flaubert, Duras ou Monet.
Mais aujourd’hui l’hôtel est devenu désuet. Sa splendeur passée n’intéresse plus une clientèle qui exige un service standardisé. Alors la grande bâtisse est en proie à la rapacité des promoteurs qui veulent la détruire, et édifier à sa place un centre commercial et d’autres horreurs urbaines. Jules est l’un de ses promoteurs, mais en se rendant à l’Hôtel des Roches Noires, il a un accident grave de voiture qui le transporte dans un « entre-deux » où il se retrouve en communication avec ces fantômes.
Ils sont quatre : un ancien directeur de l’établissement, un lord anglais, écrivain raté qui s’y est suicidé, une jeune fille retrouvée noyée sur la plage devant l’hôtel et une ancienne trapéziste. Ils sont bientôt rejoint par « la grande Lala », chanteuse populaire au cœur « gros comme ça ». Sans oublier le pianiste. Des liens vont se faire jour entre certains de ces personnages ; liens qui enjambent le temps grâce à la magie d’un lieu, à son « esprit » (le fameux Genius loci ?). C’est d’ailleurs l’un des ressorts de cette pièce à la mise en scène virevoltante : les lieux gardent le souvenir des personnes qui les ont fréquentés. Qui d’ailleurs n’a jamais ressenti cette présence indicible lors de la visite d’une ruine ou d’une bâtisse en déshérence ?
Mais si l’Hôtel des Roches Noires traite de sujets graves – la mort, la séparation, le temps, l’échec, la solitude – cette pièce chantée est surtout un véritable hymne au bonheur et à la joie de vivre.
Françoise Cadol qui a écrit cette pièce, et qui joue le rôle de la trapéziste, a semé dans ce texte en apparence simple, un grand nombre de pistes ; à nous de les explorer si nous le souhaitons.
J’ai emprunté l’une de ces pistes et je m’interroge désormais sur le fait de savoir si les fantômes ne seraient pas les seuls (et derniers ?) êtres de raison de notre univers ? Les seuls capables de prendre de la hauteur, de nous redonner une forme d’espoir, à nous autres vivants, obsédés par nos envies dérisoires et notre goût insatiable des petits profits immédiats, alors que la vie est là, à notre portée, avec tous ses bonheurs. Et trop souvent nous ne voyons rien !
Merci à RG qui se reconnaitra s'il vient jusqu'ici, et bien sûr à FC.

La pièce se joue actuellement au Vingtième Théâtre. Vite ! A vos réservations !

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