Si on pense quelques secondes à la somme de coïncidences qu'il faut pour qu'une rencontre se fasse, c'est à la fois vertigineux et étonnant ; c'est aussi formidable.
Tenez : Roger Anger. Si je dis : Marx, Berlin, Panama, Erasmus, Architecture, Golf, Vernissage d'une exposition de photos, Naja, Développement Durable, etc., sans évoquer toutes les personnes qui sont associées, ce n'est qu'une courte sélection d'éléments qui ont contribué à une rencontre (posthume) avec Roger Anger.
Pour "Rodin, tout le temps que dure le jour", une petite pièce de théâtre que m'a fait parvenir son auteure - qui m'était inconnue il y a encore quelques jours - je devrais citer : Roland Garros, Un ticket restaurant, Le soleil, La littérature, La Place des Vosges, La Chine, l'architecture (encore !), etc.
Les trois personnages de la pièce sont : Rodin ; Marie, une jeune femme fascinée par Rodin - elle lui sert de modèle et voudrait elle-même être sculpteur - ; l'écrivain et poète Reiner Maria Rilke, qui est alors secrétaire du grand sculpteur.
Rodin a 65 ans, Marie 30 et Reiner Maria Rilke, 35.
Le sculpteur est au fait de sa gloire. Il a la maîtrise de la matière et croit pouvoir disposer de toutes les matières ; même celle représentée par une femme vivante. Le poète est fragile, malmené par Rodin qui ne lui laisse aucun répit pour créer, pour écrire. Il est amoureux de Marie ; timidement, à l'opposé de Rodin, presque grossier dans ses avances. Marie est charmée, presque aveuglée par l'immense talent du sculpteur, démiurge qui sculpte les gens, non comme ils se voient mais "comme ils sont". Mais Rodin est aussi un homme fragile, ridicule, petit, orgueilleux dont le génie s'oublie face à la féminité.
Dans ce jeu du dialogue entre l'art et l'amour, le génie et la sensualité, entre les deux humanités, il semble que la femme, encore une fois, naturellement, triomphe ; sans prétention, sans amertume, avec pour seules armes son regard, son intelligence et son charme qui lui font percevoir l'essentiel : que la porte de l'Enfer est bien vivante !
"Rodin, tout le temps que dure le jour". Pièce écrite par Françoise Cadol. Editions Fabert.
Rodin... bien sûr. Mais il y a Camille ! L'amante d'abord, puis la femme délaissée et internée...
RépondreSupprimerL'exposition sur Camille Claudel au Musée du Luxembourg naguère fit le pendant, l'espace d'un trimestre, aux oeuvres "éternelles" de cet Auguste toujours en quête de gloire, présentées dans les salles de "son" Musée Rodin.
Qui fut le génie, qui fut la victime ? Le furent-ils tous les deux ?
L'art, le maître et Camille...
Camille entre Auguste et Paul, comment pouvait-elle s'en sortir ?
Un drame de l'amour, de l'art et de l'après...
Heureusement le livre d'Anne Delbée, que j'ai rencontrée par hasard à l'époque où elle a publié son livre sur Camille Claudel (c'était dans les années 70), a jeté un nouvel éclairage sur le génie de cette femme et sur ce qu'on lui a fait subir. Rodin ne sort pas grandi de l'affaire.