lundi 7 novembre 2022

Une femme

Publié 3 années après « La place » dans lequel le personnage central était son père, « Une femme » est un récit centré sur sa mère. Tous les deux sont morts et pour Annie Ernaux, l’écriture, et ce livre en particulier, peut s’apparenter à cette formule qu’il m’est personnellement difficile de comprendre : faire son deuil. « Mais je n’écris pas sur elle, j’ai plutôt l’impression de vivre avec elle dans un temps, des lieux où elle est vivante. », écrit-elle, pour ajouter un peu plus loin : « dans le vrai temps où elle ne sera plus jamais. » 

Annie Ernaux livre un portrait d’une objectivité sans concessions, sans pathos, mais où la tendresse est toujours à fleur de peau. La lente descente de sa mère vers la déchéance physique et mentale est décrite presque cliniquement, mais on ressent la souffrance de la fille qui voit disparaître la femme « forte et lumineuse qu’elle avait été. »

Annie Ernaux, dans les premières pages, a cette formule : « je souhaite rester, d’une certaine façon, au-dessous de la littérature ». A la dernière page, elle  se défend d’avoir fait une biographie, « ni un roman naturellement, peut-être quelque chose entre la littérature, la sociologie et l’histoire. »

Cette défiance vis-à-vis du terme « littérature », chargé d’une certaine épaisseur intellectuelle, n’est-elle pas liée à ce sentiment qu’il est étranger à sa mère et qu’en user serait marquer davantage « l’écart de classe » qui existe entre elles, et rabaisser d’une certaine façon sa mère ?

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