lundi 19 juillet 2010

'Ta mère


Bande de veinards ! Je veux parler de vous, lecteurs d'Everybody Knows : en avant premiere (le livre ne sortira que le 26 aout !), un petit mot, rien que pour vous sur "'Ta mère", le dernier roman de l'écrivain brésilien Bernardo Carvalho paru aux éditions Métailié. C'est le premier livre que je lis de cet auteur de 50 ans tout juste, qui vit à Sao Paulo. Les habitués de ce blog constateront qu'il s'agit très souvent de la 1ère fois chez moi ; c'est sans doute ce qui me permet de rester jeune ! Curieusement, il ne s'agit pas d'une aventure sud-américaine. L'histoire - les histoires - se passe principalement à Saint-Pétersbourg, la ville aux 300 ponts, "un pour chaque année, mais aucun ne mène nulle part", la "ville la plus artificielle de toutes. En trois siècles on a essayé vainement de la nommer trois fois.". Plusieurs vies se mêlent autour des thèmes de l'abandon (maternel), de la sauvagerie, du délitement de la famille, du mensonge, de la haine, et de l'homosexualité qui constitue tour à tour la seule marque d'amour véritable et a contrario l'obscénité la plus dégradante. C'est un livre qui parle de l'envers du décor - celui des façades baroques de la ville touristique-, mais aussi du vide inhumain laissé par le stalinisme ; vide absolu puisque même sa chute laisse la plaie béante. Ce n'est pas un livre très gai, mais il est bouleversant. Il prend aux tripes, souvent. Le style est beau, sans fioritures ; juste. Quelques phrases parmi les dernières du roman : "Les histoires d'amour peuvent ne pas avoir d'avenir,mais elles ont toujours un passé. Voilà pourquoi les gens s'accrochent à tout ce qui les renvoie à ce qu'ils ont perdu. (...) Les gens ont besoin de se raccrocher à ce qu'ils connaissent déjà. Les modernismes ne pouvaient pas durer. Personne ne construit une maison au bord de l'abîme."

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