lundi 19 avril 2010

Les naufragés du "fol espoir"


C'est d'abord un lieu au charme insolite, avec des accès empierrés de lourds pavés lisses qui contournent des bâtiments utilitaires d'un autre siècle affichant la franchise des anciens lieux de labeur ouvrier : la Cartoucherie dans le bois de Vincennes.
De ces halles industrielles, dont on imagine la vocation originelle - fabrication de cartouches -, aujourd'hui reconverties à des activités plus pacifiques, se dégage une ambiance particulière : celle d'une communauté d'artistes qui vous accueille simplement, comme on peut accueillir des amis qui viennent de loin pour partager un moment de fête.


La première salle est grande, meublée de tables circulaires. Au mur sont installées des reproductions d'affiches anciennes ; sur celui du fond, une immense fresque représentant l'extrême sud du continent américain, rehaussée de quelques inserts figurant un naufrage ou une scène particulière de la pièce à venir. Des luminaires aux allures indiennes semblent méditer dans l'espace. Des bougies allumées paradent sur des bougeoirs dégoulinant de cire.

Nous sommes au 19ème siècle. Ce qui est attesté par ces jeunes gens en habits de scène qui s'activent au service d'une pitance végétarienne ; laquelle connait un franc succès auprès d'un public, plutôt baba, et qui parait totalement acquis. Ces serveurs de l'avant spectacle sont les artistes que le public découvrira un peu plus tard.

La salle du théâtre comporte des gradins équipés de bancs en bois timidement confortables.
Le spectacle de la compagnie d'Ariane Mnouchkine vous entraine à l'aube de la Grande Guerre, dans le studio improvisé d'un réalisateur passionnément engagé dans la défense des opprimés - émigrés, indiens ou travailleurs prolétaires - et la dénonciation de toutes les oppressions. Il y tourne avec des moyens de fortune, les aventures des naufragés du navire "le fol espoir", inspirées d'un livre de Jules Verne.

Utopie, humour, amour, dénonciations de la cupidité humaine, de l'obsession de la richesse, du colonialisme, des missions religieuses, ... c'est un plaisir qui dure près de 4H00.
Bien sûr, les fesses et les jambes râlent par moment, mais les belles choses ne doivent-elles pas se mériter un peu ?

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