
Hier soir, grand amphi de la Cité de l'Architecture et du Patrimoine, "table ronde" sur le Grand Paris et l'agriculture ; un aréopage d'agronomes, de géographes, d'urbanismes-architectes dont Bernard Reichen et François Leclercq.
Au terme des 3 heures de débat, qu'ai je retenu ?
- que "tout ça est très compliqué" pour reprendre les termes de M. Donnadieu (géographe ?)
- que tout le monde s'accorde sur le fait que ville et agriculture ne doivent plus être considérées comme antagonistes si nous voulons un avenir "vivant" pour les deux
- que même, la ville ne peut plus se réaliser, son devenir se concevoir, sans réserver une place à l'agriculture
- qu'il semblerait qu'une prise de conscience (timide ? réservée à une élite ?) se soit effectuée sur l'obligation de retisser le lien entre ville et agriculture (voir le "succès" des AMAP)
- que le débat et la salle ont mélangé parfois "nature" et "agriculture"
- que les experts ne s'accordent pas sur le fait qu'il existe des outils réglementaires pertinents pour permettre ce "new deal" entre ville et agriculture

- qu'il ne s'agit pas simplement d'inventer des outils réglementaires ou des procédures pour que la "ville durable" (le mot est lâché !) mais qu'il faut travailler sur les consciences (éducation, culture) ; (à ce sujet Bernard Reichen parle d'une trilogie "profit, plaisir et ?... peut-être solidarité ?" ; profit, au sens "intérêt" personnel à ce que ça se passe comme ça, je suppose)

- que le tramway est un système de transport qui structure la ville : à 20 km/h, l'espace-temps se construit différemment (à l'échelle de l'homme ?) que dans une cité exclusivement dédiée à la voiture (toujours Bernard Reichen)

- que Florence et la Toscane correspondait à un modèle de "continuum" entre ville et campagne ; non que la ville s'étalait de manière indéfinie dans la campagne, mais qu'il existait des liens, un tissage, entre la cité définie par sa taille, son urbanité, et les autres lieux de vie situés à proximité ; les villes nouvelles à la française ont exclu l'agriculture ; les entrées de villes avec leurs alignements de boîtes à chaussures commerciales constituent une autre barrière entre ville et campagne
- qu'il existait un "modèle braudélien" dont j'ai compris qu'il pouvait caractériser le schéma urbain historique de la France : distance entre deux ville = une journée de cheval et du village partent 5 routes et que, chacune, relie un autre village d'où partent 5 routes, etc.
-qu'aux "30 glorieuses" où furent imposés des schémas d'urbanisme violents et concentrationnaires (qui ont conduit à la ghettoïsation et au rejet de l'architecture moderne dans l'imaginaire de nos contemporains)a succédé les "30 peu glorieuses" du mitage du territoire, du pavillonnaire à tout crin de "la maison de maçons" pour tous
- que la question de la propriété - et donc du système économique et politique - est fondamentale dans l'analyse de l'urbanisation des territoires et leurs évolutions (on achète son pavillon à un endroit X et on y reste, quelque soit l'évolution de ses déplacements imposés par sa situation professionnelle) ; "propriété = statut figé du territoire" versus "location = mobilité"
- et enfin, que les renards sont dans les villes, que les sangliers y reviennent et que les loups ...
Eux, (merci M. Serge Reggiani) on savait déjà qu'ils y étaient !
"Les hommes avaient perdu le goût
De vivre, et se foutaient de tout
Leurs mères, leurs frangins, leurs nanas
Pour eux c'était qu'du cinéma
Le ciel redevenait sauvage,
Le béton bouffait l'paysage... alors
(...)
Des loups sont entrés dans Paris
L'un par Issy, l'autre par Ivry
Deux loups sont entrés dans Paris
Ah tu peux rire, charmante Elvire
Deux loups sont entrés dans Paris.
(...)
Attirés par l'odeur du sang
Il en vint des mille et des cents
Faire carouss', liesse et bombance
Dans ce foutu pays de France
Jusqu'à c'que les hommes aient retrouvé
L'amour et la fraternité.... alors
(...)
Les loups sont sortis de Paris..."