lundi 19 octobre 2009

Il était une fois, Belza


Pour ceux qui l'ignoreraient encore, la Villa Belza est une demeure mythique de Biarritz. Edifiée sur un petit promontoir rocheux qui plonge dans la mer entre le Port Vieux et la Côte des Basques, elle accueillit toutes les fêtes des années folles que le "Tout-Biarritz" s'obligeait à fréquenter : aristocrates russes (le Prince Youssoupov y aurait dîné), héritiers excentriques, aigrefins, femmes du monde, etc. La crise de 29 lui fut fatale. Le vent, la mer et les vandales, l'oubli et peut-être la vengeance muette que l'on réserve à la déchéance des nantis, on conduit l'édifice au bord de la ruine. Dans les années 80, un jeune promoteur (fortuné) lui redonna un peu de son lustre passé et fit d'une pierre deux coups : une rénovation plutôt réussie et une belle opération immobilière puisque la villa fut revendue en appartements à des acquéreurs anonymes, mais sans aucun doute fortunés.
Mais ce n'est pas de tout cela dont Pierre Lembeye nous entretient dans son réçit de 162 pages qui s'achève par : "Il était une fois, Belza, en fin." J'y ai lu "enfin", mais je le regrette un peu car il y aurait tant à écrire d'extraordinaire sur Belza que le propos d'une érudition souvent panachée de prétention, psychanalitique fumeux et vaguement moraliste par endroit est décevant.
Quelques passages (trop peu) plutôt sympathiques : "S'il n'y avait plus de place pour l'excentricité, pour les grands écarts des grands, s'il n'y a plus de prophètes, de visionnaires, d'inventeurs, de somnambules, de créateurs, alors le monde des étriqués, des fonctionnaires (?), des marchands, des statisticiens et des boursicoteurs accouchera d'une corruption générale frileuse, égoïste et de grise mine."

Un extrait d'un texte de Victor Hugo nous apprend que le poème repris en chanson par Brassens de "Gatzibelza, l'homme à la carabine" lui vint d'une promenade au pied de Belza, et du fredonnement d'une baigneuse.

Le même Victor alerte sur le danger que représenterait pour Biarritz de mimer Paris : "Les villes que baigne la mer devraient conserver précieusement la physionomie que leur situation leur donne. L'océan a toutes les grâces, toutes les beautés, toutes les grandeurs. Quand on a l'océan, à quoi bon copier Paris ?"

J'y ai encore appris que Proust voyait la Place Saint Marc rue de Grenelle. Et ça, ça m'a bien fait bien plaisir car j'ai toujours regretté l'absence de vaporettos sous le Pont Neuf !...

La morale est toute bête : il n'y a pas de lecture inutile...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire