dimanche 5 janvier 2020

"La panthère des neiges" de Sylvain Tesson


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 Pour quelle raison part-on dans l’Himalaya pour passer des jours entiers par -20 ou -30 degrés, à 4 ou 5000 mètres d’altitude, immobiles, face à un paysage où il ne se passe pas grand chose la plupart du temps ?
 

Parce que l’on a rencontré un très grand photographe animalier qui vous a proposé ce voyage avec, cerise sur le gâteau, la possibilité - mais non l’assurance - d’apercevoir une panthère des neiges ? Parce que vous êtes orphelin d’un grand amour et que cette quête peut tenter de compenser l’absence ?
 

Parce que c’est l’occasion d’interroger le monde et de s’interroger soi-même, même s’il n’est pas indispensable de côtoyer une nature sauvage et extrême pour le faire (mais ça peut aider) ?
 

C’est un peu toutes ces raisons qui ont poussé l’écrivain-voyageur, Sylvain Tesson, dans cette quête au parfum d'absolu.
Absolu, par le sujet lui-même : cette panthère des neiges, animal rare et quasi-mythique ; par l’espace, ses dimensions infinies, son caractère originel ; par une temporalité fondée sur l’attente, la patience, une ode au temps long, une sorte de vide propice à la contemplation.
 

C’est un livre qui plaira aux lecteurs à la recherche d’un texte à la fois poétique, introspectif et philosophique, ponctués d'aphorismes profonds ; aux lecteurs attachés au « vivant » (dans une acception plus large que le terme « nature »), à une quête de spiritualité et du « beau » dans son expression dénuée d’artifices ; aux « réactionnaires* » évidemment.


C’est un livre qui ne plaira certainement pas à bon nombre de chasseurs, aux lecteurs pressés, aux « cerveaux colonisés par l’ivresse du surmenage » (dixit Gaël Giraud), aux contempteurs de la soi-disant « bien-pensance », aux amateurs de blockbusters, aux traders, à Donald Trump (qui ne le lira pas) et aux « progressistes* ».


Bref, c’est un livre que je vous recommande pour patienter durant les heures d’attente dues aux grèves en faveur du système solidaire de retraite par répartition, et contre le système individualiste par capitalisation ; ce dernier ne pouvant qu’apporter davantage de clivages et d’inégalités dans la société, sources d’une grande partie de nos problèmes actuels.


Un magnifique roman pour démarrer l'année 2020.
 

*au sens macroniste du terme

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