dimanche 26 février 2017

"Je hais l'indifférence" d'Antonio Gramsci


Extrait du livre "Je hais l'indifférence" d'Antonio Gramsci (1891-1937), philosophe et homme politique italien qui n'a pas survécu à l'emprisonnement de Mussolini. Écrit il y a tout juste 100 ans, ca n'a pas pris trop de rides ! A méditer peut-être en ces temps d'indifférence à la démocratie et d'a-responsabilité. Bon, c'est un peu long peut-être, mais ...


"Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.
L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où se noient souvent les enthousia
smes les plus resplendissants, c’est l’étang qui entoure la vieille ville et la défend mieux que les murs les plus solides, mieux que les poitrines de ses guerriers, parce qu’elle engloutit dans ses remous limoneux les assaillants, les décime et les décourage et quelquefois les fait renoncer à l’entreprise héroïque.
(...)
La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est pas autre chose justement que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent dans l’ombre, quelques mains, qu’aucun contrôle ne surveille, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas. Les destins d’une époque sont manipulés selon des visions étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse des hommes ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas. Mais les faits qui ont mûri débouchent sur quelque chose; mais la toile tissée dans l’ombre arrive à son accomplissement: et alors il semble que ce soit la fatalité qui emporte tous et tout sur son passage, il semble que l’histoire ne soit rien d’autre qu’un énorme phénomène naturel, une éruption, un tremblement de terre dont nous tous serions les victimes, celui qui l’a voulu et celui qui ne l’a pas voulu, celui qui savait et celui qui ne le savait pas, qui avait agi et celui qui était indifférent. Et ce dernier se met en colère, il voudrait se soustraire aux conséquences, il voudrait qu’il apparaisse clairement qu’il n’a pas voulu lui, qu’il n’est pas responsable. Certains pleurnichent pitoyablement, d’autres jurent avec obscénité, mais personne ou presque ne se demande: et si j’avais fait moi aussi mon devoir, si j’avais essayé de faire valoir ma volonté, mon conseil, serait-il arrivé ce qui est arrivé? Mais personne ou presque ne se sent coupable de son indifférence, de son scepticisme, de ne pas avoir donné ses bras et son activité à ces groupes de citoyens qui, précisément pour éviter un tel mal, combattaient, et se proposaient de procurer un tel bien. (...)

samedi 25 février 2017

Architectures contemporaines à Porto 1ère partie.


Casa de Musica
Porto est indéniablement une destination de choix pour l'amateur d'architecture contemporaine. Patrie de deux des plus grands architectes actuels - Souto de Moura, et son mentor et Maître, Alvaro Siza- la seconde ville du Portugal s'est enrichie en 2005 d'une Casa de Musica que l'on peut qualifier de "formidable", c'est à dire "impressionnant par sa force, sa puissance", et j'ajouterais par son côté insolite et le jeu ambivalent des références vernaculaires inscrites dans ses volumes déconstruits. Oeuvre d'un monstre sacré de la star-achitecture, le néerlandais Rem Koolhaas, c'est aussi l'illustration quasi-littérale du slogan Fuck the context dont il est l'auteur, quand on sait que la Casa de Musica est en quelque sorte le "recyclage" d'un projet antérieur non abouti d'une simple maison particulière en Hollande ..., et que l'édifice apparaît comme une sorte de météorite tombé du ciel (image dont Koolhaas a lui-même usé)  ! 
Casa de Musica
Casa de Musica (intérieur)
Et pourtant, ça marche ! Le détour jusqu'à cet OVNI, et plus encore le parcours à l'intérieur, sont obligatoires. Koolhaas s'est joué des contraintes structurelles et de toute logique constructive, comme en témoigne ses murs rarement droits ou la superposition non rationnelle des volumes, et s'est régalé dans une utilisation débridée des couleurs, textures, et références historiques (notamment avec cette loggia aux azujelos ...).  Cet éclectisme, qui ailleurs pourrait passer pour une accumulation hétéroclite, participe du récit synesthésique de cette Casa de Musica, dans laquelle tous les sens sont convoqués, et qui n'est pas sans rappeler un travail antérieur au McCormick Tribune Campus Center de Chicago.
Ecole d'architecture de Porto
Ecole des Beaux-Arts
L'école d'architecture d'Alvaro Siza livrée en 1993 est constituée de plusieurs pavillons distincts sensiblement alignés de part et d'autre d'une large allée centrale pavée dont l'une des extrémités s'ouvre encore davantage sur une vaste esplanade à plusieurs terrasses, dont certaines sont plantées. L'écriture des façades, uniformément blanches, est assez caractéristique de ce qu'on a appelé "L'Ecole de Porto" avec un dessin des fenêtres et un jeu de pleins et de vides inspirés du style international, mais avec une sobriété et une élégance essentielles. Pour les curieux, il faut trouver la possibilité de se faire ouvrir le petit portillon de bois qui donne accès à une propriété patricienne située tout en haut des terrasses évoquées précédemment, dans le parc duquel se trouve l'un des tout premiers bâtiments de Siza, conçu pour abriter l'Ecole des Beaux Arts ; bâtiment actuellement vide. La végétation, dont on perçoit la gourmandise, est retenue à grand peine dans sa volonté d'enfouir cette sorte de folie.
Casa de Cha (salle de restaurant)
Casa de Cha (terrasse)

Georges-Robert Le Ricolais


Pré-stressed Monkey Saddle
On n'est pas là pour repomper Wikipédia, mais juste pour dire deux mots de cet ingénieur-artiste auquel je me suis ré-intéressé par le biais d'un petit jeu Facebook initié par l'un de mes amis qui vous attribue un artiste et vous encourage à poster quelque oeuvre de lui sur votre compte FB.

Je me suis vu attribué Le Ricolais et c'est formidable de pouvoir exhumer une figure représentative de la belle intelligence (comme on dit de la belle ouvrage), c'est-à-dire celle qui, pour s'exprimer, a l'obligation impérieuse de sortir du champ rétréci de son seul domaine d'expertise.
Donc, c'est un peu du post de FB que je reproduis ici.

mercredi 22 février 2017

"Cette nuit, je l'ai vue", de Drago Jancar

"Cette nuit, je l'ai vue comme si elle était vivante", est la première phrase du splendide roman de Drago Jancar, considéré comme le plus grand écrivain slovène actuel. 
Le personnage principal est Veronika, une femme libre, d'une beauté troublante pour tous les hommes qui l'approchent et qui tombent sous son charme indicible. Elle est mariée à Léo, un homme d'affaires riche, amoureux, attentionné. Elle aime par-dessus tout la vie, avec une forme d'innocence qui lui sera fatale. Car, par malheur - "elle était seulement au mauvais endroit, au mauvais moment" -, nous sommes dans les années sombres de la seconde guerre mondiale, dans une Slovénie sous la botte du 3ème Reich. Dans chaque camp, allemands comme partisans sont ivres de vengeance, assoiffés de représailles, livrés à leur plus bas instincts.
Le portrait de Veronika et son histoire tragique se révèlent au fur et à mesure du récit comme un tirage argentique dont les détails apparaissent progressivement sous les manipulations habiles du photographe. Drago Jancar est cet artiste manipulateur qui fait parler cinq personnages qui ont été amenés à côtoyer, de près ou de loin, Veronika : Stevo, son ex amant, brillant lieutenant de cavalerie qui finit sans gloire, en soldat déchu d'une armée vaincue ; Josipina, sa mère, qui survit misérablement dans le déni de la disparition définitive de sa fille ; Horst, le médecin allemand, ami du couple, qui refuse d'être tenu responsable du drame ; Jozi, la fidèle gouvernante qui a deviné l'issue de cette nuit glaciale où la sinistre colonne a disparu dans la forêt ; Jeranek, le paysan rustre, amoureux lui aussi de la belle châtelaine, complice passif que le remord poursuit encore 40 ans plus tard.
Il y a dans ce roman un parfum de nostalgie un peu analogue à celui du "Monde d'avant" de Stefan Zweig, ou de "Ce que j'ai voulu taire" de Sandor Maraï, mais avec une amertume, une révolte, amplifiée par la figure sublime de Véronika et l'injustice bestiale des hommes.

mardi 21 février 2017

La tante Juila et le scribouillard de Vargas Llosa

Pedro Camacho est-il bien un "scribouillard" ? C'est à dire, si l'on s'en tient à la stricte définition, un banal attaché aux écritures, un employé de bureau ; peut-être pas même un "écrivaillon", puisque celui-ci est censé produire une prose de composition - sans talent, certes, mais de composition !

Et bien, je n'en suis pas certain car la façon dont Vargas Llosa décrit l'acharnement de ce petit bonhomme à écrire relève d'une des qualités obligées de l'écrivain, avec l'imagination et le style bien sûr. Or, Pédro Camacho en a des idées, souvent invraisemblabes, tortueuses, délirantes, mais elles sont le carburant de ses "séries" dont l'audience - tout du moins à l’acmé de sa popularité - apparait tout à fait stupéfiante, jusqu'à atteindre à l'ordre public.

Récit fortement autobiographique - Vargas Llosa s'est marié effectivement avec une belle-soeur de son oncle de dix ans son aînée, et son premier succès fut un recueil de nouvelles datant de sa liaison -, le roman alterne cette folle histoire d'amour iconoclastique pour une famille de la bourgeoisie péruvienne conservatrice, et les épopées le plus souvent loufoques des personnages du "scribouillard". 
Mais le scénario lui-même de cette idylle improbable ne serait-il pas né sur la Rémington de Padro Camacho-Vargas Llosa ?

Русский и мои ирландские друзья




Я очень удивлен тем, что за последние 30 дней русская община, кто пришел в большем количестве на моем блоге. Тогда это только ирландцы и французский третий positon. Я признаю, что любопытно, что мотивирует России сюда; и почему ирландцы? Не стесняйтесь оставить мне комментарии. Спасибо всем. Мы также написать для чтения!



To my Russian and Irish friends
I am very surprised to discover that over the last 30 days, it is the Russian community that has come in greater number on my blog. Then it is the Irish and only the French in 3rd position. I confess that I am curious to know what can motivate Russians to come here; And why the Irish? Do not hesitate to leave me comments. Thank you all. We also write to be read!

dimanche 19 février 2017

"Qui a tué Palomino Molero ?" de Mario Vargas Llosa

Voilà un petit roman policier (190 pages) du Prix Nobel de littérature 2010 qui peut se lire d'une seule traite, et qui vous transporte le temps de sa lecture dans le petit village de Talara situé en bordure d'une mer "imprégnée de résidus de pétrole et des déchets des bateaux du port", sur les pas du lieutenant Silva et du sergent Lituma qui enquêtent sur l'assassinat particulièrement atroce de Palomino Molero, "le petit gars de Piura qui chantait des boléros", ou bien assis dans la taverne de Dona Adriana, une matrone bien en chair, le fantasme du lieutenant, ou encore dans le bureau su sinistre colonel Mindreau commandant de la base aérienne, pour échouer peut-être dans le bordel de Liau le Chinetoque.
Vargas Llosa parvient à faire ici cette alchimie qui relève exclusivement des grands auteurs : réussir la transmutation de 26 lettres de l'alphabet accompagnées de quelques signes complémentaires en une matière vivante.

vendredi 17 février 2017

Haussmann : what else ?

Je souhaiterais, pour le fun et le débat, apporter une petite touche contradictoire dans la "Haussmann-mania" qui s'est emparée de la blogosphère (et plus encore) depuis l'ouverture de la très sérieuse exposition traitant des vertus du bâti du célèbre baron aux rouflaquettes, au Pavillon de l'Arsenal (pour ceux qui l'ignoreraient, les rouflaquettes, ne sont pas une salle spécifique de l'Arsenal, mais cette arrogance pileuse en vigueur sous le second Empire).

Les commissaires scientifiques, Umberto Napolitano et Franck Boutté, prêtent à cet haussmannisme, avec force démonstrations chiffrées, statistifiées, numérisées, diagrammisées, toutes les vertus du "durable" - et mieux de la résilience (mot à la mode actuellement, certainement pour conjurer sa faiblesse dans notre mode de vie actuelle) - que nous autres concepteurs d'aujourd'hui tentons péniblement d'apporter dans nos constructions, à grand renfort d'artifices souvent technologiques, alors qu'il suffit de prévoir des arrières-cours sombres et plutôt odorantes des vapeurs grasses de la cuisine bourgeoise, une incontournable distribution en enfilade de pièces hiérarchisées, et en parement, une pierre qui n'existe plus, pour se rire des labels et autres certifications environnementales dont la réglementation - à défaut d'une prise de conscience responsable - nous accable. 
Il faudrait aussi resituer l'action du baron Haussmann dans son contexte historique ; comment en effet s'en abstraire quand on envisage une analyse d'une telle ampleur ; quand simplement on s'emploie à traiter de la matière architecturale et urbaine du passé ? Alors, le visiteur passionné se rappellerait que les leviers de l'autocratie et des puissances financières d'un 19ème siècle parfaitement inégalitaire et riche de ses gisements coloniaux, furent les outils indispensables à l'édification de la rue de Rivoli, de l'avenue de l'Opéra, à tous ces percements qui, s'ils offrent à Paris des perspectives urbaines impériales,  contribuèrent autant à la qualité hygiénique de la ville qu'à la faculté pour les forces de police de charger les fauteurs de troubles, dont la troupe était composée majoritairement d'expulsés des quartiers hausmmannisés, ou tout du moins de sympathisants de ces derniers.
Je n'aime pas les nivellements de corniches d'une rue de Rivoli dont le rythme mécanique trouve, dans l'accumulation de boutiques à touristes ou d'enseignes d'une société ultra consumériste, une échappatoire dérisoire à sa monotonie génétique, autant que générique . 
J'aime la sédimentation baroque, approximative, fantasque des quais de Seine du côté de Saint-Germain ; j'aime le maladroit d'une surélévation hors gabarit ; j'aime les coins de campagne oubliés des quartiers épargnés par les démolisseurs du baron ; l'industrie dans la ville et la vraie générosité qu'offre ses espaces ; je me régale de ces immeubles qui prêtent une délicate attention aux arts plastiques ; je me réjouis des facades d'un Anger-Puccinelli qui vous sculpte l'espace et l'alignement avec une matérialité étonnante. En somme, je suis un indécrottable romantique ; ce qui ne s'accorde pas ou peu avec une doxa impériale.

J'aime être surpris et le néo-haussmanien avec ses catalogues de cariatides, de ferronneries, de mascarons prêt-à-l'emploi, m'ennuient au final, comme la gamme Ikéa du prêt-à-penser décoratif. 
Enfin, je ne suis pas certain qu'un Eupalinos eut classé les œuvres du baron dans ces bâtiments qui chantent, mais je le crois plutôt enclin à les reléguer dans la catégorie des muets.
Avec tout mon respect et mon admiration pour la qualité du travail réalisé par les commissaires (et amis), et aussi une pensée pour leurs troupes sans lesquelles (selon la formule consacrée) rien de tout cela n'aurait pu exister.

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samedi 11 février 2017

Le Facteur, film de Michael Radford

A voir, revoir. Quel film ! Une émotion rare ! L'histoire d'une rencontre improbable et merveilleuse, dans les années 50, sur une petite île italienne au large de Naples où le temps semble s'être arrêté depuis des siècles, où la seule activité est la pêche subie comme une inexorable corvée journalière, une rencontre qui se transforme en une amitié indéfectible entre un facteur occasionnel qui sait tout juste lire, Mario, et le grand poète Pablo Neruda, en exil sur ce caillou aux falaises vertigineuses, encerclé par la mer. 
C'est la poésie qui va rapprocher les deux hommes que tout sépare au premier abord, mais c'est elle aussi qui servira d'entremetteuse pour que le timide Mario conquiert le cœur de la très belle Béatrice. Cette poésie qui déclenchait à l'époque des mouvements d'enthousiasme extraordinaires ; et pas seulement dans des milieux privilégiés - le film montre que même les plus humbles avaient un respect immense pour ce qu'elle représentait. Et de Pablo ou Mario, qui était finalement le plus grand des poètes ?
Et si la poésie était l'arme fatale contre le désenchantement actuel du monde ? Si elle était ce parfum d'utopie qui nous manque si cruellement ?
On peut s'interroger sur sa désaffection aujourd'hui. N'a-t-elle pas emprunté des chemins de l'écriture trop escarpés, des itinéraires où, faute d'entrainement et de matériel sophistiqué, les tentatives pour s'y aventurer sont voués à l'échec ?
Et pourtant, il y a peut-être urgence à réconcilier la poésie et l'humanité !
On peut se réjouir que quelques appels, de-ci, de-là, se fassent entendre en faveur de l'introduction dans nos vies de davantage de ces choses qui ne rapportent matériellement rien, mais spirituellement tant ! L'art, la culture, le sacré pour reprendre les thèmes du dernier ouvrage de Roland Gori "Un monde sans esprit".

samedi 4 février 2017

Quand Fillon censurait Descartes ...

Exhumé de mes archives, ce petit texte enjoué datant de janvier 2009, dans lequel un dénommé François Fillon, probablement sénateur de la Sartre, tranche en défaveur du transfert du crâne de Descartes au Prytanée Militaire de La Flèche. Rien d'autre. On ne tire pas sur l'ambulance...

François Fillon a tranché : le crâne du philosophe René Descartes restera au Musée de l'Homme, avec ses potes (un australopithèque et le moulage du crâne d'un footballeur ; quel télescopage !),et n'ira donc pas au Prytanée Militaire de La Flèche qui en revendiquait l'exposition au prétexte que l'illustre philosophe avait été pensionnaire pendant huit ans entre ses murs, à l'époque jésuistique, bien avant que le goupillon ne le cédât au sabre.
Qu'à cela ne tienne, je suis prêt à proposer mon organe encéphalique, et sacrifier mon intégrité post-mortem en substituant mon pariétal et ses voisins anatomiques au vénérable ossuaire cartésien. Il faut raison garder en la circonstance : il ne s’agit après tout que d’accepter d’exposer une partie de son squelette, vraisemblablement la plus noble, sur les bords du Loir, au pays des rillettes et du Vert Galant ! Sans fausse modestie abusive, je dois convenir que je suis à l’heure actuelle un peu moins illustre que mon honorable ancien (bien que la messe ne soit pas totalement dite et que je dispose, je l'espère, d'un peu de répit pour atteindre une quelconque - et néanmoins improbable - postérité !).

Avec l'auteur du Discours de la Méthode, la seule chose avérée que nous partageons, est d’avoir usé nos fonds de culottes respectives pendant de trop longues années, en ce même lieu infichu, à 4’ et 34’’ près, de s’aligner sur le méridien de Greenwich.