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| Casa de Musica |
Porto est indéniablement une destination de choix pour l'amateur d'architecture contemporaine. Patrie de deux des plus grands architectes actuels - Souto de Moura, et son mentor et Maître, Alvaro Siza- la seconde ville du Portugal s'est enrichie en 2005 d'une Casa de Musica que l'on peut qualifier de "formidable", c'est à dire "impressionnant par sa force, sa puissance", et j'ajouterais par son côté insolite et le jeu ambivalent des références vernaculaires inscrites dans ses volumes déconstruits. Oeuvre d'un monstre sacré de la
star-achitecture, le néerlandais Rem Koolhaas, c'est aussi l'illustration quasi-littérale du slogan
Fuck the context dont il est l'auteur, quand on sait que la Casa de Musica est en quelque sorte le "recyclage" d'un projet antérieur non abouti d'une simple maison particulière en Hollande ..., et que l'édifice apparaît comme une sorte de météorite tombé du ciel (image dont Koolhaas a lui-même usé) !
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| Casa de Musica |
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| Casa de Musica (intérieur) |
Et pourtant, ça marche ! Le détour jusqu'à cet OVNI, et plus encore le parcours à l'intérieur, sont obligatoires. Koolhaas s'est joué des contraintes structurelles et de toute logique constructive, comme en témoigne ses murs rarement droits ou la superposition non rationnelle des volumes, et s'est régalé dans une utilisation débridée des couleurs, textures, et références historiques (notamment avec cette loggia aux azujelos ...). Cet éclectisme, qui ailleurs pourrait passer pour une accumulation hétéroclite, participe du récit synesthésique de cette Casa de Musica, dans laquelle tous les sens sont convoqués, et qui n'est pas sans rappeler un travail antérieur au McCormick Tribune Campus Center de Chicago.
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| Ecole d'architecture de Porto |
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| Ecole des Beaux-Arts |
L'école d'architecture d'Alvaro Siza livrée en 1993 est constituée de plusieurs pavillons distincts sensiblement alignés de part et d'autre d'une large allée centrale pavée dont l'une des extrémités s'ouvre encore davantage sur une vaste esplanade à plusieurs terrasses, dont certaines sont plantées. L'écriture des façades, uniformément blanches, est assez caractéristique de ce qu'on a appelé "L'Ecole de Porto" avec un dessin des fenêtres et un jeu de pleins et de vides inspirés du style international, mais avec une sobriété et une élégance essentielles. Pour les curieux, il faut trouver la possibilité de se faire ouvrir le petit portillon de bois qui donne accès à une propriété patricienne située tout en haut des terrasses évoquées précédemment, dans le parc duquel se trouve l'un des tout premiers bâtiments de Siza, conçu pour abriter l'Ecole des Beaux Arts ; bâtiment actuellement vide. La végétation, dont on perçoit la gourmandise, est retenue à grand peine dans sa volonté d'enfouir cette sorte de folie.
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| Casa de Cha (salle de restaurant) |
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| Casa de Cha (terrasse) |
Il faudra accepter de faire une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Porto pour découvrir la toute première réalisation notable de Siza : la Casa de Cha di Boa Nova, placée en bordure de mer, un projet que l'architecte Francisco Tavora avait confié à son jeune collaborateur Alvaro Siza. Construit entre 1958 et 1963, le bâtiment d'origine (une salle municipale + un salon de thé ?) fut une première fois restauré en 1991 pour être transformé en restaurant. En 2006, il fut classé Monument National. Puis la ville de Matosinhos qui en était propriétaire l'a vidé et abandonné en 2011. L'édifice fut alors vandalisé. Les pilleurs arrachèrent les gouttières en cuivre, démontèrent tous les câbles et les habillages intérieurs pour les revendre. Le bâtiment fut ainsi laissé plusieurs années à l'abandon et se dégrada fortement.
Face à cette situation invraisemblable, les autorités firent appel à Alvaro Siza, natif de Matosinhos, pour lui en confier la rénovation. C'est en 2014, que la Casa de Cha a retrouvé sa splendeur originelle, investie cette fois par le plus célèbre des chefs portugais, Rui Paula, qui ouvre un restaurant gastronomique dans ses splendides volumes boisés, percés de lanterneaux précis et ponctués de détails qui évoquent l'architecture de Franck Lloyd Wright et de Mackintosh. De très généreuses baies vitrées bordent la salle du restaurant. Si le soleil est de la partie, elles ont le bon goût de s'ouvrir en disparaissant dans le sol, offrant aux convives un supplément de félicité et la dégustation du café sur la terrasse ensoleillée (c'est du vécu !).
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| Piscine de mer |
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Musée d'art contemporain
Serralves |
Toujours de Siza, à quelques centaines de mètres de la Casa de Cha, à Quinta da Conceiçaon, il ne faut pas manquer la piscine de mer à plusieurs bassins inscrits dans la topographie rocheuse du site, ainsi que ses bâtiments annexes en béton brut juste dressé comme pour illustrer la phrase mythique de Le Corbusier : "le jeu correct, savant et magnifique des volumes sous la lumière".
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Parc et demeure de la
Fondation Serralves |
Pour en finir avec le Maître, Pritzker Price 1992, auquel il ne manque en termes de distinctions que le Premium Imperial, le musée d'art contemporain ou Fondation Serralves (1999) est très probablement une des œuvres de Siza les plus caractéristiques de son style.
Il ne faut surtout pas oublier de visiter l'immense parc orné d'un paquebot dans le style des années 30 (unique au Portugal), aux allures de Villa Cavrois de Mallet-Stevens.
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