dimanche 11 décembre 2011

Carnets 3 Rouleau au bout du rouleau


Et voilà : ça devait bien arriver ! Je n'intéresse plus personne. Il fut un temps encore récent où on me cajolait. Chacun m'effeuillait délicatement en prenant soin de ne pas me blesser. J'avais été choisi pour mon teint - vert pâle - et aussi pour mes origines que j'affichais assez fièrement : 100% viscose naturelle et bio-dégradable. Coquet, j'étais assez fier de ces petites fleurs discrètes qui me donnaient un air printanier et que j'arborais même en hiver. Soupirs. A présent, je suis au bout du rouleau ; inutile et délaissé sur le rebord carrelé et glacial de cette tablette encombrée d'étrangers ; nu comme un vers. Soupirs. Indécent même. La vie m'a créé muet, hélas. S'il en était autrement, mon cri déchirerait l'espace d'une supplique insupportable aux oreilles de mes bourreaux. Je revendique, après une courte vie ancillaire, juste le droit d'être accompagné dignement jusqu'à mon ultime demeure : la poubelle du 1er étage.

2 commentaires:

  1. Chapeau !
    j'aimerais savoir écrire ainsi (soupir).
    C'est grâce à celui de Sipane que je découvre votre espace que, contrairement à tout le monde, je ne connaissais pas encore. Je vais donc l'explorer plus avant.

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  2. C'est tres gentil. On fait ce qu'on peut !

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