jeudi 29 septembre 2011

Blogueurs sans bagages


Aujourd'hui un Coréen du sud ! Bienvenue...

La musique d'une vie


"Homo sovieticus" ; le livre de Makine part de ces deux mots du philosophe Alexandre Zinioviev pour nous entraîner dans une histoire dont le tragique est effectivement à l'image du destin de la grande majorité des habitants de l'Empire soviétique : celui de la soumission aux différentes formes de pouvoirs autocratiques qui se sont succédés dans son histoire. Des pouvoirs qui ont toujours broyé cette immense matière humaine constituée par les gens ordinaires. De telle sorte que le peuple parait condamner (se condamner lui-même ?) à sombrer dans un fatalisme qui "s'arrange" avec la misère et la dureté de l'existence : dormir sur le sol crasseux d'une gare pour un vétéran des guerres du 20ème siècle, attendre indéfiniment sans révolte un train qui sera probablement inaccessible, subir éternellement sa condition de paria, ...
L'écriture, comme toujours chez Makine est d'une très grande sensibilité ; chaque mot semble posé sur la page avec une attention extrême, que l'on pourrait ressentir comme maniérée si ce qu'exprimait Makine n'était pas d'une profonde humanité ; un pur extrait de chaleur, de frissons, de tristesse ou de beauté.

mardi 27 septembre 2011

Blogueurs sans bagages


Aujourd'hui des visites sympas.
Deux nouveaux qui ont fait un sacré trajet : Polynésie Française et Haïti !

lundi 26 septembre 2011

Qui a tué Palomino Molero ?


C'est un petit roman ou une grande nouvelle, comme on veut ; dans tous les cas, c'est une perle ! Mario Vargas Llosa (Prix Nobel 2010) adopte un style truculent - et par endroit simplement magnifique - pour nous compter cette histoire qui commence par la découverte d'un meurtre particulièrement sordide, et qui conduit les deux "héros" - le lieutenant Silva et le sergent Lituma - dans une enquête au dénouement inattendu. Bordel, cantinière oppulente, crasse et misère, voyeurisme bon enfant, obsessions, amoureux dingues d'amour, militaire névrotique, violence de caste, honneur et tradition : tous ces ingrédients composent un théâtre violent et tendre à la fois, nourrit par un style bourré d'humour et d'images fortes avec, en fond de décor "un paysage de pierres calcinées et de dunes brûlantes".

Merci à EV qui se reconnaitra s'il vient jusqu'ici !

Du septiscisme comme antidote à l'arrogance

Les physiciens qui mènent l'expérience "Opéra" au cours de laquelle ils ont découvert que des particules pouvaient voyager plus vite que la vitesse de la lumière, indiquent qu'ils vont tenter de démontrer qu'il y a une faille à cette découverte. La communauté scientifique a le courage de se mettre à nu. "Le doute scientifique, une attitude exemplaire" était le titre de l'édito du Monde de ce WE. Edito qui propose un leitmotiv : "du scepticisme comme antidote à l'arrogance" et qui conclut par : "En ces temps de double crise mondiale, économique et écologique, on ne peut que souhaiter aux économistes de s'inspirer de l'extraordinaire liberté d'esprit des physiciens."
En attendant que le doute nous inspire, les écoles de commerces continuent de se remplir et celles d'ingénieurs de se vider...

dimanche 25 septembre 2011

1Q84 : Orwell vs Murakami ?


1Q84, le dernier opus de l’écrivain japonais Haruku Murakami comprend trois tomes dont deux seulement sont actuellement disponibles en librairie (en France). Victime consentante du marketing, et jadis enthousiasmé par certains de ses romans (« La ballade de l’impossible », « Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil », « Kafka sur le rivage »), j’ai acquis le tome 1 de ce « buzz » littéraire, si on veut bien croire toutes les critiques qui évoquent l'énorme succès de cette trilogie ; et en particulier au Japon où l'intégralité de 1Q84 est déjà parue. Le titre fait référence au « 1984 » d’Orwell dont le « Big Brother » de 1949 est passé à la postérité planétaire populaire. Tout le monde vous dit que le « 9 » au Japon se prononce « Q », donc je ne vous le dirai pas (je l’ai dit ?).
Exit « Big Brother ; ici il s’agit des « Little people », et il faudra probablement attendre la lecture des tomes suivants pour en découvrir l’étrangeté, et vraisemblablement toute la cruauté. Les « Little people » n’apparaissent en effet que subrepticement aux confins d’un chapitre, et on peut imaginer, quelques pages plus loin, qu’ils ont commis une atrocité sur un chien.
Le fil conducteur est le thème de la violence faite aux femmes et aux jeunes filles. A noter : c’est un thème développé avec beaucoup de talent par Mankell dans « La cinquième femme » dont ce blog s’est fait l’écho. Dans « 1Q84 » on parle également de secte, de vengeance, de meurtres justes, d’amour d’enfance, de littérature (comment devenir écrivain ?), …
C’est un livre déconcertant. Au terme des 537 pages, on peut légitimement faire le constat qu’il nous est arrivé de lire des ouvrages moins épais mais plus denses, dans lesquels « il se passait plus de choses ». D’ailleurs, au fil des pages, on se dit souvent : « Mon cher Murakami, tu dilues un peu, et tu pourrais par moment t’appliquer les recommandations que tu fais à Tengo, ton apprenti romancier ! » Un agacement (et après on ne dira que du bien) : cet usage immodéré de la référence aux « marques » ; cela donne parfois l’impression d’une sponsorisation par Toyota, Ray-Ban, Kevin Klein ou Marlboro !
Autrement, la lecture est agréable (c’est mieux quand même que du Marc Levy !...). L’histoire, comme souvent chez Murakami, verse dans l’onirique et (pour rimer !) dans le lubrique ; et sur ce volet, assez régulièrement, et d'une manière croustillante. Le présent se confond avec le futur ; mais le présent, qui constitue a priori la réalité, est-il bien réel ? Les mondes sont parallèles ; les histoires aussi. Mais chacun sait que les parallèles ont pour vocation, un jour (à l’infini ?), de se confondre… On peut reconnaître à Murakami une certaine perspicacité puisqu'il semblerait que des physiciens viennent de poser l'iconoclastique hypothèse de l'existence probable d'une particule qui se déplacerait à une vitesse supérieure à celle de la lumière. Vous ne voyez pas le rapport ? Et bien ouvrez bien vos orbites cruelles : si cette hypothèse se confirmait, c'est toute la théorie d'Einstein qui serait à mettre au panier ; théorie qui explique notre monde, au passage ! Et donc, cette particule nous permettrait de rejoindre Murakami dans ses conjectures : le monde tel qu'il est, n'est pas ! De vous à moi peut-être que ça expliquerait le fait que ces temps derniers, on avait l'impression que le monde marchait sur la tête !
En attendant que le monde réel nous soit rendu, je vais acquérir le second tome ; plus par curiosité que sous l’emprise d’une admiration immodérée. Il est quand même probable que j’intercale un petit quelque chose d’autre avant de lever définitivement le mystère des « Little people ».

mercredi 21 septembre 2011

On le savait !


Lire et parler de ses lectures pour retarder les pertes de mémoire

LEMONDE | 20.09.11 | 16h24 • Mis à jour le 21.09.11 | 07h31

Près de 35 millions de personnes dans le monde souffrent de la maladie d'Alzheimer, dont environ 860 000 en France. Ce chiffre pourrait tripler et atteindre 115 millions d'individus d'ici à 2050.

"Plusieurs études ont montré que le régime méditerranéen, l'activité physique et des activités stimulantes comme la lecture ou même les jeux d'entraînement cérébral sur console retardent le déclin cognitif", précise le neurologue Jean-François Dartigues, chercheur à l'Inserm (unité 897 épidémiologie et neuropsychologie du vieillissement cérébral) et professeur de santé publique à l'université Victor-Segalen de Bordeaux. Rien de mieux, selon lui, que la lecture, et de parler du livre lu.

mardi 20 septembre 2011

Philip Roth interview (en brut)


Philip Roth était hier à la télé. Arte bien sûr ! Prétendants au métier d'écrivain, oubliez vos aspirations ! L'écrivain est un tueur. Ses victimes de prédilection appartiennent au cercle de ses intimes, et en premier lieu sa famille. Roth est seul - tout du moins c'est ce qu'il veut montrer - dans sa superbe propriété du Connecticut (belle maison, parc, étangs). L'auteur de "Portnoy et son complexe" (quand on l'écrit comme ça, tout le monde pense qu'on a lu "Portnoy et son complexe"), travaille debout. Il a deux pupitres. Il passe de l'un à l'autre au gré de ses impasses momentanées. Quand il écrit, il est au pupitre 10 à 12H par jour, avec une rigueur monacale. Il exige la solitude. Il est gaucher. Son imagination se nourrit de choses existantes qu'il lui faut pratiquer. Ainsi, il observe un fossoyeur fossoyer ; il entre dans une bijouterie pour prendre la mesure des tics d'un bijoutier. Il a un besoin absolu de s'exercer à décrire avant d'inventer. Roth, jeune, était un très bel homme. Aucune difficulté à l'imaginer séducteur. Une de ses anciennes amies en témoigne. Il dit avoir reçu son premier salaire à l'age de 36 ans. Comment vivait-il avant ? Gigolo ? Il dit aussi avoir toujours voulu être écrivain. Il existe des photos en noir et blancs sublimes de Roth alors qu'il est un parfait inconnu. Comment expliquer ce souci de la postérité si ce n'est dans une prescience de son génie littéraire ? Roth a un cou bizarre. Sa peau est flasque ; un peu comme celle d'un iguane. Roth pense beaucoup à la mort. Elle lui fait peur. De plus en plus. L'écriture est chez lui une arme de dissuasion contre la dépression. Il arrête d'écrire et il déprime. Il a pensé au suicide. Il écrira jusqu'à sa mort. Il est impossible de l'imaginer n'écrivant plus. Roth veut relire tous les livres "classiques" qu'il a lu quand il était jeune ; les ouvrages des auteurs comme : Kafka et Saul Below qu'ils vénèrent, Hemingway, Faulkner,... Roth écrit sur le sexe car c'est l'une des choses les plus importantes de la vie. Le doute ne le quitte jamais ; surtout quand il s'engage dans un nouveau livre. Il est dans ces moments comme celui qui n'a jamais écrit, et qui ne sait pas s'il parviendra à écrire quelque chose de bon. Il écrit à la main et il adresse des copies de son manuscrit à quatre ou cinq de ses ami(e)s dont il attend les remarques. Puis il réécrit ; jusqu'à trois fois. Il s'est fait traité d'antisémite parce qu'il parlait d'une pute juive et d'un maquereau juif. Il répond : "vous auriez-voulu que j'écrive sur une pute portugaise et un maquereau portugais ?" Roth a été aimé par sa mère.
Roth lit plusieurs passages de ses livres, et en particulier un, sublime, extrait de la "Pastorale américaine" : "Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle dans la vie. L'histoire de la vie c'est se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien reflechi, se tromper à nouveau. C'est même comme ca qu'on sait qu'on est vivant : on se trompe. Peut être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer rien que pour la ballade. Mais si vous y arrivez, vous...alors vous avez de la chance."

Blogueurs sans bagages


Mine de rien, un blog tout con (comme celui-ci) est un lieu qui parvient quotidiennement à effacer les distances, et rapprocher sans agressivité des pays aux cultures différentes ; et j'avoue (une nouvelle fois) mon étonnement, et un plaisir secret (pas vraiment !).
Ce soir, je découvre mes visiteurs sans bagages : Canada, Espagne, Luxembourg, Malaisie, Suède, Ukraine, Belgique, Algérie, Liban.
Un blog, c'est un peu comme un abri (shelter !) : certains (la plupart ?) le sautent, d'autres examinent l'entrée sans s'attarder ; quelques uns poussent la curiosité jusqu'à pénétrer ; rares sont ceux qui y passent la nuit (heureusement !).

lundi 19 septembre 2011

Le Pavillon blanc : hymne à l’esthétique et à la technique

Quartiers urbains équipés de programmes immobiliers à l'architecture jouant sur le pastiche ou la banalité, tremblez ! Vous constituez en effet une cible idéale pour accueillir un "Pavillon". Ce fut le cas à Aix-en-Provence avec le "Pavillon noir" du Ballet Prejlocaj ; c'est chose faite depuis le 15 juin 2011 à Colomiers, avec un "Pavillon blanc" qui abrite une médiathèque et un centre d'art contemporain. Pourquoi pas demain un rouge ou un bleu cobalt - la couleur préférée de leur concepteur ?
Édiles de ces territoires formatés, réjouissez-vous quand même : à l'heure de la revalorisation urbaine à tout crin, c'est certainement ce qui peut arriver de mieux à vos quartiers sans saveurs (mais pas sans géraniums). Vous redoutez la copie ? Il n'y a aucun risque : l'architecte auteur de ces œuvres dispose d'une imagination fertile autant que débridée !

Il faut donc faire le déplacement à Colomiers, ville d'Airbus, située dans l'agglomération toulousaine, pour y découvrir une œuvre d'art autant que d'architecture ; un lieu rare, à la fois simple et complexe, ouvert et protégé, narratif et minimaliste, où s’observe aux heures les plus belles le défi corbuséen du "jeu savant correct et magnifique des formes assemblées sous la lumière". Les formes ici sont douces, lisses et blanches. Elles sont en apparence simples : un drapé qui se dresse sur 13 mètres de hauteur, et se déploie sur 150 m d'une paroi ondulante dotée de rares ouvertures qui peuvent faire penser aux incisions d'un Lucio Fontana sur le tissu d'une toile.
Ce voile de béton témoigne à lui-seul de la revendication permanente de son auteur : concilier technique et esthétique, "faire l'éloge du travail d'architecte porté par les maçons et par un savoir-faire de proximité". Au passage, il est l'un des rares de sa profession à ne pas oublier que l'architecte, contrairement à l'artiste (Jeff Koons et autres Damien Hirst mis à part), n'est pas l'exécutant de son œuvre ; qu'il doit déléguer à d'autres (artisans, ingénieurs, compagnons) ce que Rasmussen désignait par l'aboutissement du processus créatif, "la façon dont la construction vient à l'existence".
Au pied de cette enceinte culturelle on peut aussi penser au lien indicible qui relie cette architecture contemporaine aux édifices en terre des confins du Sahel, tout en langueurs galbées, désignés sous l'appellation d’ « architecture soudanaise", et dont la magnifique mosquée de Djenné constitue l'exemple le plus spectaculaire.
Seule l'entrée principale du bâtiment située à l’ouest présente une façade ouverte, entièrement vitrée, affichant clairement avec ses menuiseries noires et orthonormées, une étonnante inspiration miessienne. En avant de cette façade, l’architecte a placé une structure arachnéenne de câbles métalliques qui fait penser à une œuvre de l’Abstraction géométrique. Elle doit servir à terme de support à une seconde façade entièrement végétale ; exposition et traitement des ambiances thermiques obligent ! Sur un plan purement esthétique, on peut exprimer un doute ou un regret.
Passé le sas d’entrée, la première sensation est celle d’une très grande clarté. La lumière naturelle qui provient principalement de la façade sur parvis ainsi que de la verrière zénithale dont le dessin évoque les courbes d’un Aalto, subtilement adoucie par les velums et les voilages, envahit l’espace, comme amplifiée par la couleur blanche quasiment généralisée des surfaces intérieures. Certaines parois reçoivent de lourds rideaux sombres dressés comme des tentures qui jouent le contraste, et confèrent au lieu une certaine théâtralité ainsi qu’une réelle qualité acoustique.
L’espace intérieur se présente comme un vaste lobby dégageant un volume central sur deux niveaux entouré d’un étage de mezzanine qui s’installe en balcon. La sensation de profondeur est accentuée par le fait que l’extrémité de ce grand hall n’est pas perceptible immédiatement.
Deux élégants escaliers en béton blanc coulé en place permettent au lecteur d’accéder à l’espace bibliothèque.
Au cours de la visite, le regard s’attarde parfois sur un béton brut qui révèle des traces de souffrances et quelques cicatrices ; preuve (revendiquée certainement) qu’il s’agit bien d’une matière vivante !
Les grincheux trouveront certainement à redire du péristyle de colonnes peintes qui évoquent des bâtons de sucre d’orge. On peut aussi y voir une référence à Venise et ses «palines » sur lesquels viennent s’arrimer les gondoles et les Rivas. Sensible au dérèglement climatique comme on le connait, l’architecte a très probablement anticipé une montée des eaux… Plus sérieusement, pourquoi l’architecture s’abstiendrait-elle d’être ludique ? Car la matière de l’architecture, art de l’utile, est fondamentalement « l’humain », dans toute sa complexité. A ce titre, l’une des qualités que Martine Blanchet, la directrice de ce lieu, met en avant, correspond à la faculté que l’architecte a eu de créer des espaces où « l’humain est mis en scène ». Elle cite les escaliers et le décloisonnement des espaces qui favorise l’intergénérationnel ; jusqu’aux couleurs qui sont apportées essentiellement par les vêtements des utilisateurs de la médiathèque. Elle s’enthousiasme également pour ce qu’elle appelle « le chemin du projet » que ses équipes et elle-même ont vécu dans la relation avec l’architecte, jusqu’à « l’appropriation de cette architecture ». Elle parle du « ton juste et harmonieux » qui a été trouvé, et du « dialogue intime entre fonction et espace » que le Pavillon blanc parvient à restituer parfaitement.

Les colomiérins semblent partager cet engouement : en moins de trois mois, près de 50 000 entrées ont été enregistrées quand les prévisions annuelles s’élevaient à 100 000 !

Le Pavillon blanc, sis à Colomiers, Place Alex Raymond - dont chacun sait qu’il est le père de ce héros de BD américaine, Flash Gordon -, est une œuvre charnelle, d’une sensualité évidente, mais profondément ancrée dans le réel. Une œuvre dont le premier objectif est de servir sa fonction, avec le supplément d’âme que confère le talent ; avec l’attention portée à la chose construite et aux mains qui la bâtissent, véritable leitmotiv de son auteur, l’architecte (et ingénieur) Rudy Ricciotti.

mardi 13 septembre 2011

La pub m'a tuer !

*p 15 : "C'est une belle voiture ! Très silencieuse, dit Aomamé dans le dos du chauffeur. Qu'est-ce que c'est comme marque ?
- Une Toyota Crown Royal Saloon, répondit l'homme d'un ton laconique"
p 15 (encore) : Par exemple, il n'y avait rien à critiquer sur l'isolation sonore des Toyota...
p 21 : A leur droite, une Pajero Mitsubischi noire. (...) Plus loin une Saab 900 grise était immobilisée.(...) Devant le taxi d'Aomamé, une Suzuki Alto rouge...
p 22 : Aomamé sortit de son sac ses petites Ray-Ban de soleil et les chaussa.
p 27 : On entendait en arrière-fond, venant de la fenêtre ouverte d'une Toyota Celica noire arrêtée juste à côté, la voie suraiguë de Michael Jackson.
p 28 : Junko Shimada non plus n'avait sans doute pas dessiné son tailleur dans l'idée ...
p 35 : Komatsu sortit un paquet de Marlboro de la poche de sa veste...

Bon, après ça c'est un peu calmé. Est-ce le syndrome Houellebecque qui atteint Murakami ?
* extraits de 1Q84 d'Haruki Murakami

Le Pavillon Blanc (Médiathèque de Colomiers de Rudy Ricciotti)





De mon point de vue, on va reparler de ce Pavillon Blanc. En amuse-bouches, quelques photos :

samedi 10 septembre 2011

La question du style à travers trois exemples d'architectures contemporaines

Il est probable qu'il sera plus difficile aux générations futures - disons d'ici 40 à 50 ans - de dater avec certitude l'époque de certains bâtiments qui se réalisent actuellement. Mais peut-être que la très grande difficulté de dater avec une certaine précision le bâtiment qu'ils auront sous les yeux correspondra au critère déterminant pour affirmer : "c'est un bâtiment des années 2000 - 2010".
Cette modeste introduction (pardon également pour le titre pompeux !) pour vous faire partager ma réflexion suite à l'observation récente de trois bâtiments parisiens contemporains (le siège de la Banque Postale a été livré au printemps, les hôpitaux Necker et Cochin seront livrés dans quelques mois). Trois bâtiments dont on a envie de dire qu'ils n'ont, a priori, rien à voir entre eux ...
Le premier, situé 115, rue de Sèvres dans le 6ème, est l’œuvre de l'agence Chaix et Morel qui fit son entrée sur la scène architecturale avec le Zénith de la Villette, et qui poursuit une carrière très honorable, variant les plaisirs entre des rénovations de monuments historiques (le Petit Palais), des sièges sociaux, des établissements culturels (théâtre de Sénart), ou des bâtiments de recherche (celui de Michelin à Clermont-Ferrand, en cours). Il manque au tableau de chasse une tour (trophée suprême), et une distinction du niveau de l’Équerre d'Argent (autre trophée suprême), pour en faire définitivement une agence établie dans le gratin architectural (du microcosme français).

Les architectes ont imposé rue de Sèvres un curieux volume à la silhouette blanche, au gabarit de l'univers haussmannien dans lequel il est immergé, et auquel ils sont parvenus à donner une certaine grâce. La couleur uniforme, d'un blanc laqué sans concession, le dessin des façades - parfaitement lisses - en bandes verticales alternant les opaques et les vitrés selon une composition habile, les lames bien apparentes des stores intégrés qui ajoutent encore de la finesse, et cet immense attique qui part à mi-hauteur avec un léger fruit, constituent les quatre éléments majeurs du charme iconoclaste de ce bâtiment.

A quelques centaines de mètres, le registre est totalement différent. Le bâtiment qui forme l'angle du Boulevard du Montparnasse et de la rue de Sèvres, affiche en opposition une double façade entièrement vitrée, très expressive - sinon radicale -, dont l'ingénierie géométrique autant que métallique est clairement assumée. Il y a un faux-air d'années soixante dans cette maille géante.

Philippe Gazeau, dont on connait le goût pour la radicalité, et le talent pour en exprimer la subtilité, affrontait ici son premier galop hospitalier, sur un site particulièrement sensible. Ce type d'aventure tient le plus souvent du steeple-chase que d'une course de plat ; celle-ci ne fit pas exception, semble-t-il. Au bilan, l’Équerre d'Argent 2000 s'en tire plutôt bien ! Il ne faudrait pas repartir sans jeter un coup d’œil à d'autres façades, celles qui s'inscrivent dans le perspective de la rue de Sèvres et perpendiculairement à cette rue. Libéré des contraintes acoustiques du carrefour de Duroc, et dans un souci d'inertie thermique, l'architecte a conçu une façade plus classique et plus fermée, qu'il vient recouvrir partiellement d'une vêture de panneaux de verre translucide. Par le simple jeu des contrastes entre l'absence de panneau, un panneau placé devant une partie pleine ou bien un autre filant sur un élément de vitrage, Philippe Gazeau réussit à créer une remarquable composition abstraite d'une très grande élégance.

Poussant un peu plus haut, aux confins de la Closerie des Lilas et de Port Royal, nous voici sur d'autres terres hospitalières (!...). Patrick Berger, désormais moins inconnu depuis que son projet de "Canopée" a été retenu pour tenter une métamorphose du Quartier des Halles (que n'avons-nous pas laissé Baltard en paix ?), officie en tant que concepteur du nouvel hôpital Cochin.

Faut-il avouer tout de suite une immense déception ? Le Grand Prix National d'Architecture 2004, professeur à l'EPFL de Zurich, nous sert un bâtiment daté, qui parvient à réaliser une performance : celle d'être plus triste encore que les bâtiments industrialisés des années 70 présents sur le site ! Les allèges en béton jaunâtre sont traitées comme des coffres patauds (ah, la sous-face en béton !). Le calepinage ne semble pas avoir fait l'objet d'une véritable réflexion. Les 300 m de façade sont ennuyeux, juste ponctués par deux failles verticales composées d'immenses baies vitrées, carrées (fenêtres urbaines ?). Pourquoi ne pas avoir décliné sur tous les côtés l'élégance de la façade sur le boulevard de Port Royal ? Celle-ci démontre, sur une petite cinquantaine de mètres tout le talent de Patrick Berger, dans une sorte de manifeste, un concentré du meilleur de son architecture : retenu, élégance discrète, soin apporté au dessin du détail, sérénité, ... Il faut donc oublier les autres façades et se laisser pénétrer par la justesse de ce corps de bâtiment de quatre niveaux, légèrement enfoncé dans le sol, et parachevé par un balcon d'une pureté admirable ; distinguer ensuite la précision du dessin du capotage des nez de dalle ; découvrir l'alternance subtile des trames ; toute chose qui participe pleinement à l'impression générale d'être devant un objet remarquable de l'architecture contemporaine.

mardi 6 septembre 2011

Je dois avouer un plaisir intime et quotidien : celui de découvrir, après seulement 2 "clics" élémentaires, qu'un visiteur originaire d'un pays lointain (on dit aussi "improbable") est venu sur mon blog. Pour une seconde ou plus ? Pour une raison particulière ou par erreur ? Je l'ignore. Dans tous les cas, mon mouchard (un onglet intitulé "statistiques") a saisi son passage - même furtif - et m'indique l'origine du pays et le nombre de pages lues (j'ignore totalement ce que signifie ce dernier critère). Comme la rubrique "Commentaires" reste le plus souvent sans aucun commentaire (précisément), je n'ai plus que mon imagination pour rebondir sur ce morceau de Terre situé à des centaines ou plusieurs milliers de kilomètres (unité de mesure qui ne signifie rien aujourd'hui puisqu'en moins d'une seconde le contact peut se créer). Alors comme je souhaite rendre hommage à ce pays qui m'envoie en quelques sorte un message que je prends pour sympathique (bien que vide et muet), l'idée m'est venue d'évoquer quelque chose de beau en rapport avec ce pays. J'ai donc choisi d'aller chercher un visage féminin, dans la galerie des plus beaux visages que je peux trouver sur le net quand je fais la recherche sur le nom du pays en question.
Aujourd'hui, c'est le Mexique.