dimanche 25 septembre 2011

1Q84 : Orwell vs Murakami ?


1Q84, le dernier opus de l’écrivain japonais Haruku Murakami comprend trois tomes dont deux seulement sont actuellement disponibles en librairie (en France). Victime consentante du marketing, et jadis enthousiasmé par certains de ses romans (« La ballade de l’impossible », « Au sud de la frontière, à l’ouest du soleil », « Kafka sur le rivage »), j’ai acquis le tome 1 de ce « buzz » littéraire, si on veut bien croire toutes les critiques qui évoquent l'énorme succès de cette trilogie ; et en particulier au Japon où l'intégralité de 1Q84 est déjà parue. Le titre fait référence au « 1984 » d’Orwell dont le « Big Brother » de 1949 est passé à la postérité planétaire populaire. Tout le monde vous dit que le « 9 » au Japon se prononce « Q », donc je ne vous le dirai pas (je l’ai dit ?).
Exit « Big Brother ; ici il s’agit des « Little people », et il faudra probablement attendre la lecture des tomes suivants pour en découvrir l’étrangeté, et vraisemblablement toute la cruauté. Les « Little people » n’apparaissent en effet que subrepticement aux confins d’un chapitre, et on peut imaginer, quelques pages plus loin, qu’ils ont commis une atrocité sur un chien.
Le fil conducteur est le thème de la violence faite aux femmes et aux jeunes filles. A noter : c’est un thème développé avec beaucoup de talent par Mankell dans « La cinquième femme » dont ce blog s’est fait l’écho. Dans « 1Q84 » on parle également de secte, de vengeance, de meurtres justes, d’amour d’enfance, de littérature (comment devenir écrivain ?), …
C’est un livre déconcertant. Au terme des 537 pages, on peut légitimement faire le constat qu’il nous est arrivé de lire des ouvrages moins épais mais plus denses, dans lesquels « il se passait plus de choses ». D’ailleurs, au fil des pages, on se dit souvent : « Mon cher Murakami, tu dilues un peu, et tu pourrais par moment t’appliquer les recommandations que tu fais à Tengo, ton apprenti romancier ! » Un agacement (et après on ne dira que du bien) : cet usage immodéré de la référence aux « marques » ; cela donne parfois l’impression d’une sponsorisation par Toyota, Ray-Ban, Kevin Klein ou Marlboro !
Autrement, la lecture est agréable (c’est mieux quand même que du Marc Levy !...). L’histoire, comme souvent chez Murakami, verse dans l’onirique et (pour rimer !) dans le lubrique ; et sur ce volet, assez régulièrement, et d'une manière croustillante. Le présent se confond avec le futur ; mais le présent, qui constitue a priori la réalité, est-il bien réel ? Les mondes sont parallèles ; les histoires aussi. Mais chacun sait que les parallèles ont pour vocation, un jour (à l’infini ?), de se confondre… On peut reconnaître à Murakami une certaine perspicacité puisqu'il semblerait que des physiciens viennent de poser l'iconoclastique hypothèse de l'existence probable d'une particule qui se déplacerait à une vitesse supérieure à celle de la lumière. Vous ne voyez pas le rapport ? Et bien ouvrez bien vos orbites cruelles : si cette hypothèse se confirmait, c'est toute la théorie d'Einstein qui serait à mettre au panier ; théorie qui explique notre monde, au passage ! Et donc, cette particule nous permettrait de rejoindre Murakami dans ses conjectures : le monde tel qu'il est, n'est pas ! De vous à moi peut-être que ça expliquerait le fait que ces temps derniers, on avait l'impression que le monde marchait sur la tête !
En attendant que le monde réel nous soit rendu, je vais acquérir le second tome ; plus par curiosité que sous l’emprise d’une admiration immodérée. Il est quand même probable que j’intercale un petit quelque chose d’autre avant de lever définitivement le mystère des « Little people ».

3 commentaires:

  1. j'aime l'usage immodéré que tu fais de la litote !

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  2. Je le prends comme un compliment sachant "qu'immodere" constitue sans doute une litote ...

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  3. Ayant lu le livre 1, je reviens sur ton article et je partage globalement ton avis. C'est intéressant, facile à lire, mais sans réelle épaisseur : "1984", le vrai, celui d'Orwell est un livre qui a marqué son époque et qui a conservé sa puissance, je ne suis pas sur que 1Q84 aura un avenir aussi glorieux !
    GERARD

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