jeudi 29 septembre 2011

La musique d'une vie


"Homo sovieticus" ; le livre de Makine part de ces deux mots du philosophe Alexandre Zinioviev pour nous entraîner dans une histoire dont le tragique est effectivement à l'image du destin de la grande majorité des habitants de l'Empire soviétique : celui de la soumission aux différentes formes de pouvoirs autocratiques qui se sont succédés dans son histoire. Des pouvoirs qui ont toujours broyé cette immense matière humaine constituée par les gens ordinaires. De telle sorte que le peuple parait condamner (se condamner lui-même ?) à sombrer dans un fatalisme qui "s'arrange" avec la misère et la dureté de l'existence : dormir sur le sol crasseux d'une gare pour un vétéran des guerres du 20ème siècle, attendre indéfiniment sans révolte un train qui sera probablement inaccessible, subir éternellement sa condition de paria, ...
L'écriture, comme toujours chez Makine est d'une très grande sensibilité ; chaque mot semble posé sur la page avec une attention extrême, que l'on pourrait ressentir comme maniérée si ce qu'exprimait Makine n'était pas d'une profonde humanité ; un pur extrait de chaleur, de frissons, de tristesse ou de beauté.

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