mercredi 31 août 2011

Le testament français


Paru en 1995 et unanimement salué par la critique (Prix Goncourt et Médicis), "Le testament français » est un livre qui ressemble à une passerelle élégante dressée au-dessus d’un abime, celui qui sépare les rives d’un village de Sibérie, Saranza, « figé aux bordures des steppes » et celles d’un autre village, Neuilly-sur-Seine, à l’époque où vivait Charlotte, la grand-mère du narrateur.
Andreï Makine nous invite à l’accompagner dans un va-et-vient peuplé de rêves et de souvenirs, entre les berges de deux mondes si opposés. Dans ce qui correspond à un véritable parcours initiatique pour le jeune narrateur, écartelé entre deux cultures, où la littérature et les livres occupent un rôle fondamental, les longues discussions que l’enfant, puis l’adolescent, aime à avoir avec Charlotte qu’il vénère, sont toujours chargés d’une émotion profonde ; qu’il s’agisse des récits de la vie parisienne vus au travers de scènes familiales ou officielles (la visite du Tsar Nicolas II pour l’inauguration du Pont Alexandre III qui déclenchera a posteriori chez le jeune narrateur une révolte à propos de la question de la Vérité), ou bien ceux, tragiques, évoquant certains passages sombres de l’histoire de la Russie (les famines sur la Volga en 1921).
L’écriture de Makine est simple, douce, poétique. Si j’osais, je dirais qu’elle est d’une grande féminité. Les femmes occupent d'ailleurs une part très importante dans ce livre ; depuis le secret de la « pe-ti-te pomme » qui donne aux visages féminins sur les photos un charme absolu, jusqu’aux mystères d’une mère que les dernières pages du roman révèlent d'une manière bouleversante.

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