dimanche 14 août 2011

Un pavillon jubilatoire ?



Il a donc fini par trouver un havre de consolation, ce pavillon nomade laissé-pour-compte de la crise financière, et qui devait initialement porter la bonne parole du luxe dans des lieux aux adresses de siège social branché (Hong-Kong, Tokyo, New-York) : le voilà à présent à l'anneau d'un port parisien, minéral et orthonormé, lui qui ne jure que par la tôle thermolaquée et l'hyperboloïde fractale !

On le découvre posé dans la cour de l'Institut du Monde Arabe à Paris, tentant un dialogue improbable (d'aucuns parlent de "jubilatoire") avec le moucharabieh en panne de l'édifice dont plusieurs architectes revendiquent la paternité.

Mi-TGV, mi soucoupe (mais délibérément futuriste), le pavillon "post-bauhaus" déploie ses 770 m2 sous une enveloppe dont les panneaux (chacun différent) sont élaborés et ajustés avec une rigueur toute mathématique. On est assez loin du monde du bâtiment et plus proche de l'industrie aéronautique (regrets ?). Cependant on perçoit par endroit, et notamment dans la toile plastifiée de la sous-face de l'entrée principale, ou celle des raccords des "sheds" en forme de fentes branchiales (il y a un peu du squale dans ce pavillon), une approximation qui peut rassurer les amoureux de la belle ouvrage ; celui qui autorise dans sa réalisation les imperfections et la trace de la main de l'homme.

Qui a élaboré ce vaisseau spatial ? La grande prêtresse de la volupté architecturale, l'architecte anglo-irakienne Zaha Hadid, dont il faudra bien un jour visiter le tout nouveau MAXX à Rome, pour lequel les photos parus dans les magazines laissent apparaître un caractère autrement plus "jubilatoire"...
Nota : ce pavillon conçu jadis à la gloire du sac Chanel présente une trentaine d’œuvres de Zaha Hadid ; pour mémoire, en France, deux réalisations de cette "starchitecte" ont vu le jour : un terminal de tramway à Strasbourg (période plutôt agressive et pointue de la dame, tout comme la caserne de pompiers du Vitra Design Muséum de Bâle) et la tour-siège de la CGM à Marseille.

5 commentaires:

  1. Pavillon "jubilatoire" ou "Sculpture éphémère"?

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  2. Sculpture ou architecture ? Représentation ou usage ? Quel est le sens du travail de Zaha Hadid ? Un exercice de volupté à défaut d'être d'émotions (c'est mon avis).

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  3. "Quel est le sens du travail de Zaha Hadid ?"

    Quel sens? s'il s'agit de courbes et de rondeurs, NieMeyer reste le roi. S'il s'agit du béton "ondulé", d'autres "anonymes" le maîtrisent aussi bien qu'elle (je présenterai bientôt un projet sur mon blog). S'il s'agit de la manière de courber le métal, Gehry demeure en première ligne. Si on étudie le livre de Zaha Hadid, la première chose qui nous frappe: les alléchantes présentations 3D..........et si c'était la réponse pour un "sens de travail"?

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  4. On ne peut pas reprocher à Zaha Hadid d'utiliser des outils modernes (la 3D en particulier) pour traduire son imaginaire. Mais la 3D - et la "marque" Zaha Hadid - ne peuvent être des viatiques absolus de la qualité architecturale. Ce pavillon ne (me) produit pas d'émotions. Je recherche pourquoi : échelle ? matière ? site ? dessin lui-même ? J'ai sans doute plus d'inclinaison vers le béton brut. Pour moi il y a un "sur-jeu" dans la double sophistication : thermolaque et fractale.

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  5. En ce qui me concerne j'ai beaucoup aimé le travail qu'elle a fait à Innsbruck : le tremplin olympique de saut à ski du Bergisel d'une part, et les gares du funiculaire d'autre part.
    Ces édifices sont parfaitement intégrés dans l'environnement, été comme hiver !
    Gérard

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