dimanche 14 août 2011

Les chaussures italiennes


"Je me sens toujours plus seul quand il fait froid." Ainsi commence ce roman du suédois Henning Mankell, paru en 2006, dont l'essentiel du récit se déroule sur une île déserte de la Baltique, sur laquelle s'est exilé volontairement Fredrik Welin, 66 ans, ancien chirurgien orthopédique, porteur d'un secret (un seul ?) qu'il croyait pouvoir oublier et qu'une vieille femme, surgit un matin sur la glace équipée d'un déambulateur, va faire revivre.
Mankell, le père de l'inspecteur Wallender, écrit ici un roman sombre, préfigurant "Profondeurs" qui viendra deux ans plus tard.
Mankell n'est pas tendre avec Welin dont il fait le narrateur ; les évènements et les personnages qui surgissent au fur et à mesure des quatre lents "mouvements" qui composent le livre - La glace, La forêt, La mer, et Soltice d'hiver - le mettent face aux responsabilités qu'il a fuies et dévoilent toutes les faiblesses de son caractère. Mais celles-ci ne sont-elles pas en réalité présentes en chacun de nous ? Ne passons-nous pas une partie de notre vie - des années finalement perdues comme le dit Welin/Mankell - à refuser de les considérer ? "Les chaussures italiennes" serait alors un miroir que nous tend l'auteur pour assumer ce qui, en définitive, constitue notre humanité.
Le style de Mankell est d'une très grande sobriété ; le rythme du récit est lent, mesuré ; en écho à ces paysages plats où souvent les eaux glacées et le ciel ne se distinguent pas.

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