jeudi 25 janvier 2024

« Anatomie d’une chute », pépite cinématographique de l’année 2023

Sarah, allemande et écrivaine, son mari, Samuel, français et prof, leur fils, Daniel, 11 ans, malvoyant suite à un accident de la circulation, ont emménagé depuis 6 mois dans un chalet isolé, à retaper, dans le village natal de Samuel, près de Grenoble. 

Le film commence par une scène d’interview de Sarah par une étudiante. Mais rapidement, une musique assourdissante en provenance des combles où travaille Samuel, va conduire Sarah à interrompre l’entretien.

Daniel sort promener le chien dans la neige et, quand il revient au chalet, il trouve le cadavre de son père au pied de la façade, dans un bain de sang, une blessure importante à la tête. Il appelle sa mère qui sort de sa chambre et se précipite pour alerter les services de secours. Une enquête démarre. Sarah est auditionnée, assistée par son avocat, un ami de longue date. Une autopsie est réalisée qui n’écarte pas la thèse d’un meurtre. Sarah est mise en examen mais laissée en liberté surveillée. Une femme est désignée par le ministère pour rester en permanence aux côtés de Daniel afin que celui-ci ne subisse aucune pression.

Le procès aux assises tient alors une part prépondérante dans le déroulement du film. Le défilé des personnes chargées de l’enquête, des experts - dont les versions se contredisent -, du psychiatre de Samuel, les saillies de l’avocat général (remarquable) et la diffusion de l’enregistrement d’une dispute extrêmement violente entre Sarah et son mari, sont plutôt à charge contre l’accusée. La scène de la dispute, que le film nous montre en même temps que son enregistrement est diffusé dans la salle du tribunal, est anthologique. Elle permet de découvrir le personnage de Samuel et son ressentiment vis-à-vis de son épouse qu’il accuse en quelque sorte de le vampiriser et de l’empêcher de s’accomplir en tant qu’écrivain ; son désir le plus profond. Le procès va permettre de révéler les personnalités complexes des deux époux et les causes de leur rivalité. Le jeune Daniel suit l’intégralité du procès jusqu’à s’opposer à la juge qui tente de lui interdire l’accès au tribunal quand les questions relatives à la vie intime de ses parents, et en particulier de sa mère, sont abordées. La caméra qui s’attarde par moments sur l’enfant laisse supposer qu’il est un personnage-clé du drame.

Ce serait dommage de livrer la fin du film. Quoi dire de plus sinon que le jeu des acteurs, notamment celui de Sarah Huller, est remarquable, de même que la caméra de Justine Triet ; que le suspens et le rythme du film ne laissent absolument pas l’impression de la durée - 2H30 - de cette pépite cinématographique de l’année. Le jury des Oscars et ceux des Césars seraient bien inspirer de consacrer « Anatomie d’une chute » et de le propulser sur la 1ere marche du podium tant dans la catégorie « Réalisation » que dans celle de « Meilleure actrice ». Un minimum.

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