lundi 5 septembre 2022

Sorbonne plage


 Remarquable livre d’Edouard Launet, « Sorbonne plage », qui évoque ce groupe de scientifiques brillants (avec 4 ou 5 Prix Nobel) qui avait élu villégiature estivale sur la presqu’île de l’Arcouest (Côtes d’Armor), non loin de Paimpol et face à l’île de Bréhat, à la fin du XIXème et jusque dans les année 40. « L’enfer est pavé de bonnes intentions » pourrait être une des conclusions faciles de ce roman qui nous rappelle qu’à une certaine époque les scientifiques pouvaient être engagés pour des valeurs humanistes, qu’il existait une véritable éthique de conviction - et peut-être de responsabilité - chez les ingénieurs et les chercheurs. Mais c’était une époque où là notion de progrès se conjuguait avec celle de bonheur commun, où il existait encore un désir d’utopie. Cette ferveur, cette croyance, s’est probablement éteinte le 6 août 1945 avec le bombardement d’Hiroshima et de Nagasaki. C’est la thèse de l’auteur qui nous fait revivre avec talent ces illustres fantômes - Marie Curie, sa fille Irène et son mari Frederic Joliot, Francis Perrin, Charles Lapicque, etc. - dont les croyances ont été trahies, et qui nous met en garde contre le danger de destruction de l’humanité avec l’arme nucleaire, cette application dévoyée de la fission de l’atome, laquelle peut être « un moyen terrible de destruction entre les mains de grands criminels qui entraînent les peuples vers la guerre », comme l’avait affirmé avec force Pierre Curie dans son discours de réception du Prix Nobel de physique, obtenu avec sa femme, Marie, en 1903.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire