samedi 10 septembre 2022

Mississippi


 « Mississippi » est le premier roman de Hillary Jordan paru en 2008 (et dans sa traduction française en 2010). Il a été couronné de nombreux prix et désigné parmi les 10 meilleurs romans de la décennie par le magazine américain « Paste », que la jaquette présente comme « branché ». Au centre du roman, un couple, Henri McAllan et Laura ; il est plus âgé qu’elle de 10 ans - il en a 41 - lorsqu’ils se rencontrent au printemps 39 ; il est plein de certitudes, elle est toute en nuances et plutôt soumise. Ils se marieront quelques mois après leur rencontre pour partir vivre au fin fond du Mississippi dans une ferme décrépie : le rêve d’Henry étant d’être propriétaire terrien. Mais dans cette aventure, Henry associe son père, un vieux type « affreux, sale et méchant » pourrait-on dire, et forcement raciste comme l’est à cette époque une majorité de blancs de cet état du sud. Henry cultive le coton et il y a rien de mieux que d’employer des noirs pour ça ; les Jackson sont ses métayers avec le père, Hap, qui a un certain niveau d’instruction, la mère, Florence, sage-femme mais aussi femme de ménage des McAllan et proche de Laura, leur deux filles et leur fils ainé, Ronsel, sergent dans l’armée US de libération sous les ordres de Patton. Le dernier personnage principal est Jamie, le jeune frère d’Henry, héros de l’aviation, séducteur, fragile, perturbé par son expérience de la guerre, âme damnée de son père. L’auteure fait parler tout à tour ces personnages si bien que chaque situation est présentée par des points de vue différents. Ce procédé littéraire, utilisé également dans les livres d’Almudena Grandes (cf posts précédents), démultiplie les situations et en révèle toutes les « objectivités ». Avec les retours de Ronsel d’Allemagne et celui de Jamie d’un voyage en Europe, l’histoire va s’accélérer et gravir progressivement les marches du tragique.

C’est un roman qui vous « prend » et qu’il est difficile de lâcher. On peut avoir, de ce côté de l’Atlantique, quelque incompréhension en (re)découvrant les mœurs barbares d’une certaine Amérique profonde, il y a tout juste 70 ans. 

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