Voilà deux romans lus coup sur coup et qui m'ont laissé un peu sur ma faim : d'élogieuses critiques pour le premier et une chaude recommandation d'une de mes libraires pour le second.
Laurent Binet avec "Civilizations" a choisi un exercice risqué, celui de refaire l'histoire, celle de l'Europe essentiellement puisque le récit s'y déroule presque exclusivement, mais en inversant les courants, avec des conquistadors sud-américains plutôt que portugais ou espagnols. Nous sommes donc au 16ème siècle et la petite troupe autour de l'Inca qui débarque à Lisbonne le jour du terrible tremblement de terre de 1531 découvre un monde où sévit l'Inquisition, des palais de pierre à l'architecture raffinée, les "feuilles qui parlent" (les livres) écrites par des "tondus" (les moines), les conflits permanents entre les puissants dont ils sauront profiter pour, progressivement, asseoir leur pouvoir, et aussi toutes ces choses qui constituent une civilisation qui, considérées par un regard étranger, se révèlent curieuses, intéressantes, similaires, cruelles, etc. C'est certainement ce regard-là qui est le plus intéressant dans le livre car il m'a été difficile, malgré la richesse des références historiques et une belle écriture, d'adhérer totalement à cette épopée picaresque fondée sur l'ambition de réécrire notre histoire. Dommage.
"Vous verrez, c'est un auteur qui n'utilise pas d'adjectifs ni de tournures comparatives ; c'est une écriture juste, sans fioriture, avec un récit dont on ne comprend le sens qu'à la fin. C'est magnifique."
C'est à peu-près en ces termes que dans une de mes librairies préférées - Chantelivre rue de Sèvres à Paris - on m'a présenté "La Terre invisible" d'Hubert Mingarelli, avec un enthousiasme débridé pour l'auteur que je ne connaissais pas.
Suis-je passé à côté de ce livre qui se lit en quelques heures et pour lequel, au fil des pages, on ne cesse de s'interroger, sur là où l'auteur veut en venir, et si ce road-movie à deux - un chauffeur bidasse et le narrateur photographe - dans la campagne allemande sinistrée de juillet 45, dans la très belle voiture du gouverneur de la région que les alliés ont probablement pendu, a un sens (d'ailleurs le chauffeur pose à plusieurs reprise la question au photographe) voire même une vraisemblance ? La révélation des dernières pages m'a laissé perplexe. Il y a quelques belles phrases, sans fioriture, mais avec des adjectifs quand même. A qui se fier ?
Le livre est dans la liste des 9 romans du Prix Goncourt 2019. Il doit avoir des amateurs. Ceci étant, "Soif" est également dans la "short-list"... et "Avant que j'oublie" a disparu (dommage).
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