C'est un bonheur presque absolu - on va dire alors, un plaisir - de commencer la semaine en achevant la lecture d'un tel roman. Le jeune auteur (il a fêté cette année ses trente ans et son troisième livre au pinacle de l'édition, chez Gallimard) revient sur les traces d'un petit bonhomme à la barbiche roussie, locataire de l'immeuble à Vilnius où le petit Roman Kacew a vécu et auquel l'enfant, devenu Romain Gary, a prêté dans "La Promesse de l'aube" ces paroles a priori banales et pourtant immenses : "Eh bien ! quand tu rencontreras de grands personnages, des hommes importants, promets-moi de leur dire ... Promets-moi de leur dire : au n°16 de la rue Grande-Pohulanka, à Wilno, habitait un certain M. Piekielny ..." Il y a dans cette promesse tout l'espoir de l'Humanité, et cet espoir est porté par la littérature : malgré le déchaînement de la haine, il peut ne jamais y avoir d'oubli, même pour la plus anonyme des victimes.
Ce que dit l'auteur avec brio : "On prétend parfois qu'elle (la littérature) ne sert pas à grand-chose, qu'elle ne peut rien contre la guerre, l'injustice, la toute puissance des marchés financiers - et c'est peut-être vrai. Mais au moins sert-elle à cela : à ce qu'un jeune Français égaré dans Vilnius prononce à voix haute le nom d'un petit homme enseveli dans une fosse ou brûlé dans un four, soixante-dix ans plus tôt, une souris triste à la peau écarlate, trouée de balles ou partie en fumée, mais que ni les nazis ni le temps n'ont réussi à faire complètement disparaître, parce qu'un écrivain l'a exhumée de l'oubli."
Nota : il est étonnant de constater que ce livre n'a obtenu aucun prix littéraire à ce jour
Nota : il est étonnant de constater que ce livre n'a obtenu aucun prix littéraire à ce jour
Vive la littérature et vive le Square qui nous a permis il y a quelque temps de (re)découvrir Romain Gary, écrivain qui semble susciter de plus en plus d'intérêt aujourd'hui, tant pour son œuvre que pour sa vie mouvementée.
RépondreSupprimerQuant au jeune Désérable, je le mets à mon programme de lecture. Peut-être aura-t-il le ^rix littéraire du Square, qui sait?
Gérard