lundi 8 octobre 2012

Nantes. Groupe scolaire Aimée Césaire




Le groupe scolaire "Aimée Césaire" est situé sur l'île de Nantes, et précisément dans le Quartier de la Création, autrefois territoire des chantiers navals où subsistent par endroits, inutiles et pittoresques, les vestiges et les empreintes d'une activité oubliée : rampes de lancement des navires, cales, grues titanesques, rails encastrés dans des sols industriels, chemins ouvriers pavés, etc.
Aujourd'hui, au bruit et à la fureur des constructions navales a succédé un "territoire en devenir" - l'Eco-quartier de la Prairie au Duc - bordé à l'est par les Nefs, immenses halles abritant les Machines de l'île dont le spectaculaire éléphant, et à l'ouest par le quai du Hangar à Bananes habillé de l'alignement minimaliste et monumental des 18 anneaux de Buren et Bouchain.
L'établissement en cours de finitions - mais, curieusement déjà occupé par quelques marmots - se remarque au premier abord par sa clôture d'enceinte constituée de piquets bruts en châtaigner disposés verticalement sur deux, voire trois niveaux superposés, selon une trame d'une assez grande liberté contrainte uniquement par des exigences liées à la sécurité des enfants (ne pas leur permettre de se glisser dans un interstice). Le choix de cette "façade" est lié à l'évocation des "ganivelles", ces palissades de piquets de bois plantées dans la dune pour en limiter l'accès et ainsi la préserver. Cette relation avec le littoral retrouve un écho dans la promenade paysagère que les architectes ont imaginée sur une partie de la toiture du bâtiment ; promenade accessible aux enfants, qui reproduira le milieu dunaire et sa végétation caractéristique (oyats et autres immortelles) ; promenade qui donne également l'impression qu'un morceau du site lui-même s'est levé de terre.
Trois autres considérations ont dicté le parti des architectes (les agences Bruno Mader de Paris et Mabire-Reich de Nantes) : 1) la volonté de préserver une certaine intimité à la cour de récréation : des immeubles de neuf et dix étages doivent en effet être édifiés à proximité de l'école, et l'urbanisation future du quartier devrait fortement augmenter le passage au nord de la parcelle 2) la nécessité de conjuguer quatre programmes distincts (une école maternelle, d'une école élémentaire, d'une crèche associative et d'un centre de loisirs) 3) l'inscription du bâtiment dans une logique cohérente avec la notion d'éco-quartier.
De ces trois contraintes, les architectes ont su tirer le meilleur en termes d'orientation, de protection vis-à-vis de l'extérieur et de consommation énergétique.
Par ailleurs, parce qu'ils attachent une attention toute particulière au fait de montrer aux enfants une certaine "authenticité" de la construction, les concepteurs ont choisi de laisser le béton brut apparent dans les espaces extérieurs. Cette minéralité assez puissante, teintée des encres des huiles de décoffrage, est atténuée (ou plutôt contrebalancée) par la chaleur et le naturel du bois, très présent dans le traitement des façades sur cour et des parements intérieurs.
Au plan extérieur parfaitement rectangulaire, les architectes ont opposé un espace intérieur de la cour aux formes plus curvilignes - féminines ? - évoquant douceur et protection.
Depuis le 1er étage, la perspective ouverte sur la ville ancienne permettra aux regards des enfants de s'exercer à distinguer et reconnaître une autre architecture, tantôt solennelle, parfois industrieuse, mais toujours témoin de leur histoire. 
L'architecture du groupe scolaire Aimée Césaire est attentive et attentionnée, et en plus parfaitement servie par une qualité de finition remarquable.

Le mot de la fin au poète :
"Rêve n'apaisons pas
parmi les clous de chevaux fous
un bruit de larmes qui tatonne vers
l'aile immense des paupières."


1 commentaire:

  1. Il parait qu'il y a un aménagement des rives de l'estuaire et notamment une bicoque sur une cheminée rouge et blanc étonnante, construite par un japonais, Tatzu Nishi et qu'on peut louer le week end. Mais il n'y a ni eau, ni électricité. Après tout on s'en fout, pourvu qu'on se marre !

    RépondreSupprimer