
Il y a le style Echenoz, parfois curieux comme dans les phrases suivantes : "un coup de vent tapageur s'est brutalement levé qui a manqué faire s'enfuir sa casquette..." ; "Ç’avait plutôt pas mal été non plus dans le train, sauf le confort." ; "une dalle de ciment fissuré, juste ornée par les traces de pattes qu'avait précisément laissées un chien (...) gravées dans le mortier frais le jour lointain qu'on l'avait coulé." Mais il y a un "ton" dans ce livre ; celui d'une certaine objectivité des faits ; des faits que le recul du temps ne permets à personne d'apprécier dans l'instant et surtout pas aux acteurs qui ne comprennent rien au déroulement des évènements. Tout les dépasse parce que tout est absurde.
Pour Echenoz la guerre est une sorte d' "opéra sordide et puant", et comme l'opéra, "c'est grandiose, emphatique, excessif, plein de longueurs pénibles, comme lui cela fait beaucoup de bruit et souvent, à la longue, c'est assez ennuyeux."
Echenoz n'a pas besoin d'emphase pour nous mettre dans le bain de l'horreur. On y est, avec Anthime, et on ne comprend pas bien ce déchainement de folie.
Echenoz n'a pas besoin d'emphase pour nous mettre dans le bain de l'horreur. On y est, avec Anthime, et on ne comprend pas bien ce déchainement de folie.

Il y a quelques passages très beaux et en particulier celui où Arcenel, l'un des copains, décide d'aller se promener dans la campagne. C'est le Printemps, le silence est "certes imparfait" (...) et presque mieux que s'il était parfait, (...) comme un amendement mineur donne sa force à une loi, un point de couleur opposée décuple un monochrome, une infime écharde confirme un lissé impeccable, une dissonance furtive consacre un accord parfait majeur (...)"
On lira avec un plaisir simple en quelques heures le "dernier Echenoz" ; s'en souviendra-t-on dans quelques mois ? (Oui, bien sûr grâce à Everybody Knows !)
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