mercredi 1 décembre 2021


Poème N° 37
, « Quand tu reviendras » (Cuando volvás), du poète guatémaltèque Luis de Lión (1939-1984).
Publié sur FB le 7 février 2021.
 
Professeur de littérature à l’Université de San Carlos de Guatemala il est dirigeant du Parti communiste des travailleurs guatémaltèques. Il fonde une petite bibliothèque dans laquelle il enseigne l'alphabétisation à ses anciens voisins.
Le 15 mai 1984, alors qu'il se rend au travail, un groupe d'hommes armés en civil le force à monter dans une voiture banalisée. Il rejoint les rangs de plus de 30 000 citoyens «disparus» par les dirigeants militaires du Guatemala dans les années 80 dans le cadre de la guerre civile guatémaltèque. Ce n’est qu’en 1999 qu’on a appris qu'il avait été tué le 6 juin 1984, environ trois semaines après son enlèvement.

Quand tu reviendras,
Je t’attendrai avec un panier pour recevoir ta joie.
Avec ces crayons de couleur je peindrai tes paysages.
Mon amour,
si c’est l’hiver,
mes mains auront gardé la chaleur de l’été.
Mais si cela n’arrive pas,
tu sais quel sont mes devoirs.
Sûrement je serai sorti, ponctuel, pour accomplir l’un d’eux,
un devoir long de jours, de mois.
Il se peut aussi qu’on doive mourir et cela peut durer des années.
Et s’il ne suffit pas d’être mort,
il faudra se convertir en poussière et cela peut durer des siècles.
Et tu sais que l’on ne peut revenir,
que cela fait partie de la plus ancienne discipline.
Autrement
nous ne pourrons accomplir correctement notre fonction d’accoucheurs.
Ainsi donc,
pas de larmes.
Tu sais qu’ici la pluie est abondante, alors pourquoi
gonfler davantage la terre ?
Profite plutôt de son humidité, laboure-là en profondeur,
sèmes-y toutes les graines que tu portes et attends, concentrée.
Il se peut que tu perçoives ma respiration dans une de leurs germinations.

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