David Foenkinos a écrit un livre dont il est difficile de s'extraire et que l'on referme à la dernière page avec une émotion très forte. Il utilise par ailleurs une forme d'écriture par phrases courtes et assemblées comme un poème, les unes à la suite des autres. Loin d'être déroutant, ce procédé stylistique apporte à la narration à la fois légèreté et profondeur. Chaque mot prend sa place et résonne au plus près du drame qui se joue autour de cette jeune femme accablée par le destin.
L'auteur nous fait part également de sa fascination pour son héroïne jusqu'à aller sur les traces des lieux qu'ils l'ont accueillie en Allemagne ou sur la Côte d'Azur, interroger des témoins, tenter de forcer le mur d'enceinte du site de l'ancienne villa l'Hermitage où elle fut arrêtée, transformé en une opération immobilière "haut de gamme" pour adeptes probables de "gated communities".
La version "de luxe", illustrée par une cinquantaine de reproduction d’œuvres de l'artiste, confère un supplément de sens au roman.
"La grand-mère et la petite fille se comprennent.
Leur cœur bat de la même façon.
Comme s'il était enroulé dans une étoffe.
Il se débat en sourdine, sans faire de bruits dans le corps.
A la manière coupable dont les survivants respirent."
p 157
"Sur le quai, elle observe certains hommes.
Ils sont habillés comme pour un mariage.
Ils sont élégants, se tiennent droits, avec leur valise en main.
Portent des chapeaux qu'ils pourraient ôter au passage d'une femme.
On ne perçoit pas la moindre hystérie.
C'est une forme de politesse dans la déchéance.
Ne surtout pas montrer à l'ennemi le ravage intérieur.
Ne pas lui offrir le plaisir d'un visage supplicié."
p 227
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