Jean Meckert (1910-1995) est un auteur prolixe (plus d'une trentaine de romans) salué par des grands noms de la littérature tels Gide, Queneau ou Martin du Gard.
"Nous avons les mains rouges" a été publié en 1947. Il s'agit de son quatrième livre après "Les coups" paru en 1940. Le thème central traite de l'épuration après la fin de la seconde guerre mondiale. Laurent, tout juste sorti de deux ans de prison pour un meurtre suite à une bagarre, se retrouve embarqué dans une drôle d'association de justiciers à la tête de laquelle figure un héro de la résistance, M. d'Essertaut, propriétaire d'une scierie. Les deux filles de ce dernier, la plus jeune, sourde et muette, Christine, et une militante passionnée, Hélène, le pasteur Bertod, et Armand, un colosse au passé de détenu comme Laurent, complètent le groupe qui entend régler leur compte à tous ceux qui ont su profiter des années de guerre pour prospérer et disposer à présent de situations confortables.
Mais les règlements de compte vont au-delà de la simple menace ou de la correction : il s'agit le plus souvent d'exécuter les profiteurs.
Laurent, sans attaches particulières, sans argent, trouve dans la famille d'Essertaut un gite, un travail dans la scierie et un flirt en la personne de Christine. Il découvre peu à peu les agissements du petit groupe auquel sont associés d'autres anciens camarades de la Résistance. Si au début, il parait réfractaire à toute cette folie, il finit par y adhérer par faiblesse et par amitié pour Armand qui l'a pris sous sa protection.
Jean Meckert évoque une période trouble de l'histoire de France où certains se sont érigés en justiciers commettant des crimes odieux au prétexte d'avoir risqué leur vie pendant les six années de guerre. Mais il dresse aussi le portrait d'une société toujours prompte à trouver un bouc-émissaire.
"Nous avons les mains rouges" est un très grand roman d'un auteur injustement méconnu aujourd'hui.
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