Dans les années 30, dans l'Allemagne nazie, sept prisonniers politiques parviennent à s'enfuir du camp de travail de Westhofen sur le Rhin. Le commandant du camp fait ériger sept croix sur lesquelles il attache les prisonniers rattrapés. Chaque jour, les autres prisonniers défileront devant les corps de leurs camarades suppliciés.Cinq parmi les sept fugitifs seront repris dans les quelques jours suivant leur évasion. Un sixième viendra mourir d'épuisement dans le village où le maire l'avait dénoncé et livré aux tortionnaires. Le lecteur va suivre la traque de Georg, le septième et dernier survivant. Blessé à la main droite, vêtu d'une veste volée dans une ferme, George se réfugie une première nuit dans la cathédrale de Mayence. Le sacristain trouve le lendemain un sac de guenilles qu'il s'empresse de rapporter au père supérieur, lequel ordonne de le brûler immédiatement. C'est un premier acte de résistance. Et même s'il nous semble timide, dans le contexte de surveillance policière exacerbée que le Troisième Reich était parvenu à mettre en place, avec la complicité d'une majorité d'allemands, il pouvait conduire son auteur au ban de la société. Georg va ainsi poursuivre son errance la trouille au ventre, à la merci de la moindre erreur, d'une rencontre fatale. A qui se fier dans une ville dont la population est asservie, avec plus ou moins de zèle, à la dictature nazie ? Restent-ils encore quelques "justes" ?
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Anna Seghers (1900 - 1983) |
Ce roman écrit en France (à Meudon) sur la base de récits qu'Anna Seghers - elle-même exilée - a pu recueillir de la part de réfugiés allemands, témoigne au plus près des choses de la vie, du quotidien, d'un système policier implacable, fondé sur la peur et l'intolérance. En opposition, il rend compte également de l'espoir, celui qui se nourrit de la solidarité voire même de l'abnégation ou du sacrifice, qu'aucune oppression, aussi impitoyable puisse-t-elle être ne parvient à totalement éradiquer.
"La septième croix" paru aux Etats-Unis en 1942 est certainement un immense livre, mais je dois avouer qu'il m'est arrivé de peiner dans sa lecture, gêné par un style que j'ai parfois trouvé maladroit, non fluide. S'agit-il de la traduction (une seconde après celle de 1947 pour la parution chez Gallimard) qui s'est imposée d'être au plus près de l'écriture allemande ?
Sans regret évidemment.
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