mercredi 18 septembre 2019

"Soif" d'Amélie Nothomb. (Ça pourrait être pire)

Résultat de recherche d'images pour "soif amélie nothomb critique"J'ai retenu le numéro d'une page, la 84. Le contexte : le Christ (et oui, vous allez être dans sa peau, son écorce et sa tête tout au long des 151 pages et demie du roman) va être hissé sur la croix. On vient de Lui retirer sa robe de lin. Il est en pagne. Après une réflexion profonde sur la nudité qui devrait réjouir les naturistes  : "Tant qu'on est habillé on est quelqu'un", Il poursuit son cheminement intellectuel (est-ce une métaphore ? oui je demande ça car l'usage de ce mot est tellement fréquent dans le livre qu'on a l'impression qu'Amélie Nothomb vient de le découvrir) : "On t'a laissé ton pagne, ça pourrait être pire". Et là c'est l'auteure qui nous balance un aphorisme puissant : "La condition humaine se résume ainsi : ça pourrait être pire." J'aurais pu retenir d'autres pages, et peut-être même toutes les pages, tant ce type d'aphorisme est multiplié (comme les petits pains ?). Mais le "ça pourrait être pire" me touche particulièrement car je l'utilise fréquemment : au téléphone quand quelqu'un me demande si ça va, le "Ça pourrait être pire !" plait beaucoup. Mais surtout dans sa déclinaison au conditionnel passé : "ça aurait pu être pire". C'est la réponse que je fais au maître d'hôtel qui vient me demander à la fin d'un repas plutôt agréable si tout s'est bien passé : "Ça aurait pu être pire". Allez, une anecdote pour se détendre : j'ai eu jadis une petite frayeur quand, au terme d'un dîner d'anniversaire chez Guy Savoy, alors que nous nous apprêtions à sortir, l'immense cuisinier nous faisant l'insigne hauteur de nous attendre à la porte pour nous saluer, je lui répondis, à son interrogation concernant notre repas : "Ça aurait pu être pire" ; je l'ai vu pâlir et, me rendant compte de ma bévue, je lui adressais dans la seconde un sourire, ajoutant : "c'était merveilleux". Ouf ! Cette formule est à manier avec prudence. J'aurais pu susciter une attaque cardiaque chez l'un de nos meilleurs cuisiniers ! Et enterrer en conséquence, et le chef, et la formule !
J'avais aimé "Stupeur et tremblements". J'avais tuer le temps d'un aller en TGV entre Paris et Lyon avec "Métaphysique des tubes". Et alors je m'étais dit qu'Amélie Nothomb ce n'était pas vraiment mon truc (ou alors pour tuer le temps entre Paris et Lyon, et maintenant Paris et Bordeaux). Mais j'avais préféré laisser le temps là où il était et surtout évité de le tuer ou de le perdre. Amélie dirait peut-être : "Le temps, ce bien qui nous est si précieux. Je hais les expressions "tuer le temps" ou "perdre son temps". Est-on capable de le tuer ou de le perdre ? Nous appartient-il pour que nous ayons l'outrecuidance (Amélie aime distiller quelques mots savants) d'imaginer un quelconque pouvoir sur lui ? Blablabla ..." mais elle est capable de dire (page 132) :" Ce qui disparaît quand on meurt, c'est le temps. Étrangement, il faut du temps pour s'en apercevoir."
Pourquoi ai-je acquis "Soif" ? Bernard Pivot, que je prends pour un lecteur recommandable, en a fait l'éloge (un peu limite en tant que président du Goncourt, mais enfin ...) et puis un autre commentateur assurant que c'était du Nothomb exceptionnel.
Bon, comme je ne suis pas méchant, je vais dire que je suis passé à côté de "Soif", que pour user de la métaphore, les 152 pages ne m'ont pas réellement désaltéré et que je suis resté sur ... ma faim.



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