Et si saint François d'Assise, le Francesco Bernardone, fils du riche marchand Pietro Bernardone, le "Poverello" qui à 25 ans quitta sa vie de débauche pour se mettre au service des plus humbles et des plus miséreux, miséreux lui-même, revenait aujourd'hui dans sa ville pour tenter de parler aux hommes, révolté qu'il est d'avoir appris depuis le paradis où il repose que la municipalité d'Assise a décrété au mois d'avril 2008 l'interdiction de la mendicité aux abords de l'église ?
Cette petite (91 pages) fable, très simple, ponctuée d'accents de révolte, a le mérite en ces premiers jours d'"Annus Horribilis", de nous interroger sur le "toujours plus". Bien sûr, si on devait suivre aujourd'hui le sermon à la lettre, nous reviendrions plusieurs siècles en arrière et les thèmes des hérauts de la décroissance sont (presque) derrière chaque phrase. Bien sûr, ça manque parfois d'analyse en profondeur (mais le lecteur n'est-il pas là pour bosser également ?).
Mais certains passages sont très beaux et donnent à réfléchir :
" Avant de savoir, de posséder, de se souvenir, il faut regarder (...) apprendre à habiter le monde pour qu'il cesse de nous apparaître étranger" (débat sur l'école dite "libre", par ex).
"(...) la rationalisation de la production, l'amélioration de la marge opérationnelle ne combleront jamais l'insignifiance et le vide dédiée à l'adoration des taux de croissance" (si tous les traders du monde voulaient bien lever leur mains de leur claviers !).
"Ce qui a terrifié François de retour parmi nous, ce n'est pas la vanité de l'argent, du pouvoir et des plaisir qui nous occupent - elle n'est pas nouvelle -, mais la mort de la Beauté." (quand l'art s'humilie à exposer des animaux tronçonnés dans le formol).
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