Avec ce récit qui prend son origine dans une introspection familiale, Géraldine Schwartz nous tend un miroir et dépasse largement le cadre de la "compromission banale" de son grand-père. Elle nous engage dans un devoir de veille et de révolte contre les dérives possibles des systèmes politiques quand la liberté de l'individu n’apparaît plus comme un fondement de la vie.
C'est surtout le 22 octobre 1940 que la population aurait du avoir un sursaut d'humanité, de compassion, de révolte, lorsque environ 2000 juifs de Mannheim furent arrachés de leurs domiciles , rassemblés dans différents points et ralliements de la ville, puis transférés à pied ou en bus vers la gare pour être déportés. Certains traversèrent le centre-ville en cortège sous les yeux des habitants, qui à la vue de ces familles ainsi chassées de leur propre ville, gardant une dignité exemplaire, calmes et droits dans leurs habits du dimanche, auraient du accourir pour soulever une petite fille qui avait trébuché, aider une vieille dame à marcher. Ils auraient du s'interposer, demander à la police : mais de quel droit emmenez-vous notre camarade
avec lequel nous avons fait la guerre de 1914-1918, notre coiffeur à qui nous confions tous nos malheurs, notre ami d'université, nos voisins dont les enfants jouent avec les nôtres, notre tailleur qui confectionne nos costumes depuis trois générations ? Mais le spectacle fut tout autre comme l'ont décrit des témoins juifs : "Quelques-uns applaudissaient, d'autre regardaient, certains se détournaient, visible de honte."
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