« La Grande Arche », roman documenté de Laurence Cossé, évoque l'histoire tourmentée d'une sorte de créature fantastique née de l'imagination fulgurante de son créateur, le danois Johan Otto von Spreckelsen, architecte quasi-inconnu avant de se voir confier, par une grâce présidentielle, le cadeau empoisonné d'édifier ce qui devait être le point d'orgue du quartier d'affaires de La Défense.
Von Spreckelsen, dont le parcours architectural se résumait à l’époque de sa désignation à la conception de 3 ou 4 églises et de sa maison, dut boire la coupe de ciguë (presque) jusqu'à la lie et mourut prématurément, déchu volontaire de son œuvre, trompé par ceux-là même qui l'avaient soutenu, vaincu par le "Big business", écrasé par la masse de son projet autant que par la complexité de son exécution.
L’épopée aux accents tragiques de Laurence Cossé fera s'interroger les "hommes de l'art", cette tribu hétéroclite de politiques, financiers, architectes et techniciens dont la vie est attachée à la construction de tels ouvrages, même si la Grande Arche, ce "cube vide" sacralisé, reste un projet exceptionnel. Peut-être en tireront-ils quelques réflexions : que l'architecture est essentiellement un art, mais pas seulement, et qu'un bâtiment, aussi monumental soit-il, n’est pas réductible à une sculpture
; que dans de telles opérations, le diable est dans le détail, mais Dieu aussi (et c'est ça qui complique les choses !) ; que l'architecture emblématique reste l’une des dernières chasses privées des Princes ; que le temps ne fait rien à l'affaire comme l'aurait chanté Brassens ; que l'Histoire ne retient que les "grands gestes", quand bien même ils seraient dispendieux, et que la mémoire sera silencieuse pour les milliers de logements sociaux que les sommes englouties dans la Grande Arche aurait pu financer ;
; que dans de telles opérations, le diable est dans le détail, mais Dieu aussi (et c'est ça qui complique les choses !) ; que l'architecture emblématique reste l’une des dernières chasses privées des Princes ; que le temps ne fait rien à l'affaire comme l'aurait chanté Brassens ; que l'Histoire ne retient que les "grands gestes", quand bien même ils seraient dispendieux, et que la mémoire sera silencieuse pour les milliers de logements sociaux que les sommes englouties dans la Grande Arche aurait pu financer ;
qu'un projet de construction exige un programme (même s'il doit être transgressé), doit composer avec la raison (même s'il faut un peu de folie), convoque la peur (même s'il est impératif de la surmonter), impose une collaboration entre des cultures (même si celle-ci se complait trop souvent dans les conflits) ; bref qu'un projet d'architecture est une œuvre toujours vivante, éminemment complexe, et irréfutablement collective.
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