mardi 8 octobre 2013

La Capitana, histoire d'une passion révolutionnaire


Mika, Micaela Feldman Etchebéhère, un nom aux accents multiples qui claque un peu comme un drapeau, et qui colle bien avec cette femme née à Moisès Ville, Argentine, en 1902, dont la vie fut entièrement consacrée à l'idéal révolutionnaire universel. Sa famille originaire de Podolie (actuelle Ukraine) avait émigré en Argentine à la fin du 19ème siècle, fuyant les persécutions à l'encontre de la communauté juive. Dès son plus jeune age elle fut donc sensibilisée à l'injustice et choisit son camp qui serait, définitivement, celui des faibles et des opprimés. A 20 ans elle est à Buenos Aires, étudiante en odontologie, participant activement à la revue d'extrême gauche Insurrexit. Le figure de Louise Michel est un modèle pour Mika. Naturellement elle soutient Trotski le banni contre Staline, ce qui lui vaut d'être exclue du parti communiste en 1925. Parce que celui qui deviendra son mari plusieurs années plus tard à Paris, Hipolito, dont elle est follement amoureuse, a besoin de repos pour soigner une tuberculose, ils partent vivre en Patagonie. Mais Hipolito, habité (dévoré) également par l'idéal révolutionnaire, se sent rapidement inutile sur ces terres du bout du monde, éloignées des lieux où l'Histoire se construit. En 1932, ils partent pour Berlin où ils vivent une courte période d'espoir dans une révolution populaire avant que la ville et le pays ne sombrent dans le nazisme. 1933, c'est le repli sur Paris qui leur offre le visage de la paix, de la beauté et de la culture. Mais un peu plus au sud, en Espagne, un conflit vient de naître entre les forces fascistes et celles de la liberté. Une fois encore, fidèles à leur convictions, ils partent et s'engagent dans le POUM. Douée d'une intelligence du combat et d'une très grande attention vis-à-vis de ses compagnons d'armes, c'est au front et dans les tranchées que Mika gagnera ses galons de capitana.
 Elsa Osorio a mis plus de 25 ans pour rassembler toute la matière de ce livre et nous permettre de découvrir la vie passionnante de ce personnage de roman que fut Mika. 
Deux questions peuvent se poser au terme de la lecture : peut-on faire un parallèle avec l'engagement de ces quelques jeunes français que l'on retrouve aux côtés des djihadistes, au Mali, en Libye ou en Syrie ? Comment l'opinion publique d'alors percevait-elle l'engagement de femmes comme Mika et de ces nombreux autres volontaires des Brigades Internationales, qui partaient risquer leur vie dans un pays étranger au nom d'un idéal de lutte contre le terrorisme d'état et plus d'égalité ?
Enfin, pour ceux qui ne l'aurait pas encore lu : "L'homme qui aimait les chiens" de Padura, l'histoire de Mercader, l'assassin de Trotski, prolonge magnifiquement ce récit.
      

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