"Et les rares moments où il évoquait ses lectures étaient marqués par une allégresse presque enfantine."
Jean Brirbaum dans l'édito du Monde des Livres, hommage à Erik Izraelewicz.
"En écrivant ce livre, j'avais envie de retrouver les mots qui étaient les nôtres à cette époque, et qui allaient avec un mode de vie que je connais très mal, celui de la province."
Antoine Compagnon*, au sujet de son roman "La Classe de rétho", qui gagnera un exemplaire du Lexical** 2012 et préfacera probablement l'édition 2013 !
* Antoine Compagnon est ancien élève de Polytechnique, Ingénieur des Ponts, docteur d'état es lettres et professeur au Collège de France, titulaire de la chaire de "Littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie." Il a passé plusieurs années au Prytanée Militaire de La Flèche.
** Le Lexical est un abécédaire de l'argot du Prytanée Militaire en cours dans les années 70, réalisé par un collectif d'amis, tous anciens Nass (et néanmoins sympathiques). L'édition 2013 qui est prévue dans les bac début juin (2013) peut être réservé auprès de votre serviteur (prix de vente prévisionnel : environ 20€).
Ici on tente de s'exercer à écrire sur l'architecture et les livres (pour l'essentiel). Ça nous arrive aussi de parler d'art et on a quelques humeurs. On poste quelques photos ; celles qu'on aime et des paréidolies. Et c'est évidemment un blog qui rend hommage à l'immense poète et chanteur Léonard Cohen.
jeudi 29 novembre 2012
mardi 27 novembre 2012
Poème de JN Spuart (3)
J'ai vu l'anachorète des guerres perdues
Le soldat des méditations naïves
J'ai vu le juste injuste
La soumission assumée
J'ai vu le monde lapidé
Une haine imbécile
J'ai vu des mers arides
Le sacrifice d'Isaac
J'ai vu l'invisible démasqué
La terreur de vos armes
J'ai vu le miroir de vos doutes
La silhouette d'un souvenir
J'ai vu l'excuse de vos charniers
Les larmes sans excuses
J'ai vu le procès des soumis
L'insuffisance se consoler
J'ai vu l'idéal déconfit
Le sang sur vos blouses
J'ai vu la beauté d'un cil
Le cri du porc
J'ai vu l'ennui sur vos lèvres
L'absence de vos rêves
J'ai vu une île submergée
Une tombe anonyme
J'ai vu un rocher habité
Le suicide de la pensée
........
J'ai vu dans l'œil du chat
........
L'espoir
Le soldat des méditations naïves
J'ai vu le juste injuste
La soumission assumée
J'ai vu le monde lapidé
Une haine imbécile
J'ai vu des mers arides
Le sacrifice d'Isaac
J'ai vu l'invisible démasqué
La terreur de vos armes
J'ai vu le miroir de vos doutes
La silhouette d'un souvenir
J'ai vu l'excuse de vos charniers
Les larmes sans excuses
J'ai vu le procès des soumis
L'insuffisance se consoler
J'ai vu l'idéal déconfit
Le sang sur vos blouses
J'ai vu la beauté d'un cil
Le cri du porc
J'ai vu l'ennui sur vos lèvres
L'absence de vos rêves
J'ai vu une île submergée
Une tombe anonyme
J'ai vu un rocher habité
Le suicide de la pensée
........
J'ai vu dans l'œil du chat
........
L'espoir
Poème de JN Spuart (2)
Il y a cet âge de déraison
Qu'arraisonne l'ennui
Dans une cale déclassée
Pupille condamnée
Aux vertiges ultimes
D'une poésie branlante
Emmitouflée dans une incertitude
Lasse des approximations artificielles
Envieuse jalouse
Des chevaux ras au ras des rocs qui se consument
.....
Et si la puissance résidait dans un grain de sable ?
Qu'arraisonne l'ennui
Dans une cale déclassée
Pupille condamnée
Aux vertiges ultimes
D'une poésie branlante
Emmitouflée dans une incertitude
Lasse des approximations artificielles
Envieuse jalouse
Des chevaux ras au ras des rocs qui se consument
.....
Et si la puissance résidait dans un grain de sable ?
lundi 26 novembre 2012
Poème de JN Spuart
Paupières empâtées qui pèsent le malheur
Le visage aux rivages éteints
Sous le sable la source saigne
Et le miracle de l'abstinence vaine
Pour une résurrection insoumise
Que le vent balaye comme une éternité
Parle sans prudence
Car les mots parlent sans comprendre
Les guerres copulent au-delà du temps
Elles mendient leur carcasses
De déportés sans attaches
Que les glaises tentent d'ensevelir
Tombes dérisoires aux ordres
Que la peur bâillonne
Restez ouvertes aux carnages
Le temps illégitime triomphe
L'homme est un coupable provisoire.
Jean-Noël Spuart
Le visage aux rivages éteints
Sous le sable la source saigne
Et le miracle de l'abstinence vaine
Pour une résurrection insoumise
Que le vent balaye comme une éternité
Parle sans prudence
Car les mots parlent sans comprendre
Les guerres copulent au-delà du temps
Elles mendient leur carcasses
De déportés sans attaches
Que les glaises tentent d'ensevelir
Tombes dérisoires aux ordres
Que la peur bâillonne
Restez ouvertes aux carnages
Le temps illégitime triomphe
L'homme est un coupable provisoire.
Jean-Noël Spuart
Équerre d'argent 2012
C'était notre favori :
Circa, pôle national des arts du cirque à Auch
Et finalement ce fut : le Pôle Petite enfance à la Trinité (Alpes-Maritimes) des architectes de l'agence CAB
Le Prix spécial du Jury est revenu au projet de Renzo Piano à Ronchamp, et un 3ème prix au Groupe scolaire Lucie-Aubrac à Nanterre de Ditmar Fechtinger.
(Photos plus tard)
vendredi 23 novembre 2012
Vals, d'après Hélène BINET
Les Termes de Vals. Photo Hélène Binet |
Nota : la photo d'illustration n'est pas celle du texte...
Hélène Binet est une photographe suisse née en 1959. Elle vit à Londres et travaille avec plusieurs architectes de renom, comme Peter Zumthor ou Zaha Hadid. Elle traduit admirablement l'esprit et l'émotion des espaces qu'elle photographie en captant "le jeu correct, savant et magnifique de la lumière sur le béton", presqu'exclusivement en noir et blanc.
mardi 20 novembre 2012
Stadium de Vitrolles
Quoi de neuf ? Le Stadium de Vitrolles, Kaaba laïque désertée de ses pèlerins, garée sur une aire en déshérence, contaminée par des touffes d'herbes erratiques et des arbustes autonomes et chétifs. Reste un blockhaus déchu, radical, dont l'attique déchiré mime les franges rocailleuses de la falaise miniature qui compose au large un horizon sanguinaire. Reste ces deux escaliers de métal rouillé sans personne à secourir, comme deux béquilles ultimes. Reste cette entrée souterraine muette dont on n'entre plus, maquillée de tags dérisoires. Reste une fusée, plantée comme un gigantesque pétard d’aluminium sur une plateforme de lancement aux allures de base oubliée de l'empire soviétique.
A proximité, des 38 tonnes manoeuvrent avec une application d'AMX 30 dans ce décor façon Bilal. Dans le secret intérieur de la matrice de béton noir, l'espace magnifique survit probablement, avec, figées, invisibles dans la matière et dans le vide, les ombres errantes des fantômes des fêtes passées. L'invention de la ruine moderne. Comme à Croix ? Comme à Sens ?
vendredi 9 novembre 2012
Ferrari ou Deville ?
Alors ? Plutôt mystique ou scientifique ? Saint-Augustin ou Yersin ? La Corse ou Nha Trang ? Sermon ou serment ? Café ou comptoir ? Pasteur ou Pasteur ? "Le sermon sur la chute de Rome" ou bien "Peste et choléra" ? Le Goncourt a tranché en faveur du premier. Il se vendra mieux, mais le second avait le mérite de replacer la curiosité et l'intelligence sur le devant de la scène. "Nous sommes capables, de façon désintéressée, d'infiniment plus que ce dont nous imaginions être capables", écrivait Alain Badiou dans "Le Monde" daté de ce jour.
Relire Ferrari pour ne pas rester sur cette impression d'une histoire un peu brouillonne, tirée par les cheveux, servie par un style auquel il manquerait un peu de ce froissé qui parachève l'élégance, où Saint-Augustin semble être là comme un alibi philosophique.
Relire Ferrari pour ne pas rester sur cette impression d'une histoire un peu brouillonne, tirée par les cheveux, servie par un style auquel il manquerait un peu de ce froissé qui parachève l'élégance, où Saint-Augustin semble être là comme un alibi philosophique.
vendredi 2 novembre 2012
Tempête marine
Tempête d'après Turner |
La mer tabasse d'écumes mortes
Un ciel de bronze définitif
L'épuisement en horizons subjectifs
La nuit se gonfle bubon d'encre lasse
L'homme précipite en son impasse.
L'abysse en songe et l'atmosphère gisante
Les délices et les amours, des hymens galantes
La haine étreint les membres
L'indicible épuise novembre.
jeudi 1 novembre 2012
La cour des Arts de l'Islam au Louvre
Inaugurée fraichement (septembre dernier), la cour des Arts de l'Islam mérite la visite : son architecture est étonnante et la collection absolument remarquable. Pour qualifier leur projet, les deux architectes lauréats, Mario Bellini et Rudy Ricciotti, avaient usé de la métaphore poétique : "voile aérien", "aile de libellule", pour le premier, "mouchoir de soie lâché au fond de la cour", pour le second. Le dossier de presse n'est pas en reste : "ce jeu de plis et replis de la couverture devient alors un
drapé soyeux aux reflets micacés et facétieux". Chacun se fera son idée de cette installation composée de 2 000 panneaux triangulaires en acier galva enrobés d'un métal déployé extrêmement fin, portée par seulement 8 poteaux plus ou moins inclinés figurant les piquets d'une tente de bédouin. Pour bénéficier de la meilleure impression possible, il est conseillé de sélectionner une journée de grand soleil avec un ciel bleu péninsule arabique ; la couverture prend alors de très beaux reflets mordorés.
Mais le projet ne se résume pas à ce niveau ; il comporte un sous-sol gagné sur les surfaces originelles dans lequel le noir règne en maître : béton noir des murs latéraux, sol en dalles noires incrustées de paillettes de laiton, faux-plafonds sombres, escalier noir vernis en béton coulé en place dans un coffrage spécifiquement fabriqué (une performance sans doute) dont l'allure évoque une sorte d'odontocète. On retrouve dans cet élément massif, indubitablement, la patte de Ricciotti, gourmand d'une matérialité profonde et quelque part archaïque ; s'agit-il de cette fameuse "physicalité" qu'il s'emploie à exprimer dans tous ses projets ? Il a été rapporté que lors de l'inauguration, Ricciotti a semble-t-il davantage attiré l'attention des VIP sur la contemplation du ventre lisse, noir et luisant de son escalier, plutôt que vers les ailes de l'odonoptère métallique...
On peut regretter que les façades de la Cour Visconti soient désormais en grande partie masquées par le projet. Les pyramides de Pei voisines, sujets de maintes polémiques, ont su préserver les riches façades de la Cour Napoléon. De même, difficile de ne pas remarquer les membrures de la structure métallique porteuse dont les ombres bien visibles (trop ?) affaiblissent l'onirisme du "mouchoir de soie".
Et puisque dans un musée, le plus important reste la qualité des œuvres exposées - même si leur mise en valeur est essentielle -, il faut souligner une fois encore que la collection des Arts de l'Islam présentée ici est absolument remarquable. A l'heure où d'aucuns vous convient au "choc des civilisations", il est bon que l'art témoigne de sa capacité à relier les hommes dans ce qu'ils ont de meilleur : le goût du beau et de l'intelligence.
Mais le projet ne se résume pas à ce niveau ; il comporte un sous-sol gagné sur les surfaces originelles dans lequel le noir règne en maître : béton noir des murs latéraux, sol en dalles noires incrustées de paillettes de laiton, faux-plafonds sombres, escalier noir vernis en béton coulé en place dans un coffrage spécifiquement fabriqué (une performance sans doute) dont l'allure évoque une sorte d'odontocète. On retrouve dans cet élément massif, indubitablement, la patte de Ricciotti, gourmand d'une matérialité profonde et quelque part archaïque ; s'agit-il de cette fameuse "physicalité" qu'il s'emploie à exprimer dans tous ses projets ? Il a été rapporté que lors de l'inauguration, Ricciotti a semble-t-il davantage attiré l'attention des VIP sur la contemplation du ventre lisse, noir et luisant de son escalier, plutôt que vers les ailes de l'odonoptère métallique...
On peut regretter que les façades de la Cour Visconti soient désormais en grande partie masquées par le projet. Les pyramides de Pei voisines, sujets de maintes polémiques, ont su préserver les riches façades de la Cour Napoléon. De même, difficile de ne pas remarquer les membrures de la structure métallique porteuse dont les ombres bien visibles (trop ?) affaiblissent l'onirisme du "mouchoir de soie".
Et puisque dans un musée, le plus important reste la qualité des œuvres exposées - même si leur mise en valeur est essentielle -, il faut souligner une fois encore que la collection des Arts de l'Islam présentée ici est absolument remarquable. A l'heure où d'aucuns vous convient au "choc des civilisations", il est bon que l'art témoigne de sa capacité à relier les hommes dans ce qu'ils ont de meilleur : le goût du beau et de l'intelligence.
Bloggers sans bagages
L'invention de Morel d'Adolfo Bioy Casares
Un condamné à la perpétuité en fuite échoue dans une île déserte où sévit la peste et sur laquelle il découvre un ensemble de bâtiments vides - musée, bibliothèque, chapelle, chambres, cellules en sous-sol - qui semble avoir été abandonné récemment par ses pensionnaires. Mais bientôt il s'aperçoit qu'il partage temporairement cette île hostile avec des visiteurs aux comportements étranges. Se sachant traqué par la police et redoutant d'être dénoncé, il va continuer à vivre caché tout en épiant, en prenant de plus en plus de risques, ce groupe d'hommes et de femmes dans leur vie quotidienne faite de réunions, de repas, de promenades, de conciliabules ou de séances en plein air au cours desquelles ils écoutent de la musique - Tea for Two et Valencia en boucle - sur un phonographe. Une femme en particulier, aux airs sensuels de gitane, l'attire énormément. Elle a pris l'habitude de venir sur un rocher lire et contempler la mer à la tombée de la nuit. Elle s'appelle Faustine ; elle porte la plupart du temps des vêtements de tennis. Elle est souvent accompagnée de Morel qui, à l'évidence, lui fait la cour, ce qui excite la jalousie du fuyard. Une chose intrigue de plus en plus ce dernier, c'est cette curieuse impression que tous ces gens l'ignorent totalement malgré les maladresses qu'il peut commettre, et qui devraient trahir sa présence.
Borges disait de la trame de ce court roman : "il ne me semble pas que ce soit une inexactitude ou une hyperbole de la qualifier de parfaite".
Borges disait de la trame de ce court roman : "il ne me semble pas que ce soit une inexactitude ou une hyperbole de la qualifier de parfaite".
D'une lecture captivante et parfois énigmatique, ce livre laisse une impression troublante.
Il y a derrière les impressions du condamné et les situations décrites toute une réflexion sur le destin de l'homme, le temps qui passe et le désir d'immortalité. Une lecture qui exige d'en prolonger l'analyse, ainsi que le suggère la 4ème de couverture : "un roman qu'il ne faut pas se contenter de ne lire qu'une fois, un petit chef d'oeuvre."
Et donc, rendez-vous pris sur internet avec des analyses et des points de vue savants et complémentaires.Adolfo Bioy Casares est argentin. Il a obtenu le prix cervantès pour l'ensemble de ses écrits. Il est mort en 1999 à Buenos Aires. "L'invention de Morel" est paru en 1940 et connu un succès immédiat.
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