Et pourtant Vals agit comme un aimant pour tout amateur d’architecture et ce, depuis 1996, date à laquelle furent ouverts au public ses fameux thermes, conçus par l’architecte suisse Peter Zumthor, né à Bâle en 1943. La qualité extraordinaire de cette œuvre, suivie de la réalisation de quelques bâtiments également remarquables (Musée des Beaux-arts de Bregenz en 1997, le Pavillon Suisse à Hanovre, la Chapelle Saint-Nicolas de Flue près de Cologne) lui valurent de recevoir en 2009 le prestigieux Pritzker Price (équivalent du Prix Nobel d’architecture).
Zumthor est une figure à part dans le monde des stars de l’architecture : sa production est quantitativement faible ; il ne parcourt pas le monde à la recherche de commandes et de reconnaissances ; ses interventions publiques sont extrêmement rares - comme ses publications - ; son agence est terrée au cœur d’un minuscule village près de Coire, à 1H30 de Zurich.
Son approche de l’architecture est fondée, avant toute chose, sur la relation intime entre un espace et les sensations perçues par la personne qui pratique cet espace. Ainsi, peut-il écrire : « La qualité architecturale, ce n’est pas d’avoir sa place dans un guide d’architecture ou dans l’histoire de l’architecture ou encore d’être cité ici ou là. Pour moi, il ne peut s’agir de qualité architecturale que si le bâtiment me touche. » Ou encore : « Il existe une interaction entre nos impressions et les choses qui nous entourent. C’est ce dont je m’occupe comme architecte. Mon travail porte sur les formes, les conceptions formelles (physionomie), les présences matérielles qui constituent notre espace de vie. Par mon travail, je contribue à façonner la réalité, à donner à l’espace construit une atmosphère où nos sensations puissent s’enflammer. »
Le revêtement de pierre extérieur et intérieur, issu d’une carrière proche, est constitué d’un gneiss gris plus ou moins foncé, alternant dans ses veines les reflets bleus et verts pâles.
Dans les espaces intérieurs, la lumière – n’est-ce pas le plus beau sujet en architecture ? – s’invite par des fentes astucieusement ménagées entre les dalles de béton de la couverture, vient lécher la surface des murs en y révélant une matérialité somptueuse, et finit par déposer délicatement ses ultimes reflets à la surface de l’eau des bassins.
Vivre les Thermes de Vals correspond à une expérience des sens totale ; et par là, l’esprit, forcément s’en mêle ! C’est une invitation à la rêverie, à la méditation, à la poésie ; une invitation à vivre l’architecture un peu à la manière de son auteur : (…) comme art de l’espace et du temps, entre sérénité et séduction. »
Impossible de ne pas mentionner le fait que les Thermes vivent actuellement un épisode mouvementé puisqu'ils viennent d'être rachetés par un promoteur immobilier "reconnu coupable de gestion déloyale dans le cadre de la faillite de commerces" (La Tribune de Genève 12/06/12). La vente est par ailleurs contestée par un "groupe de citoyens inquiets" qui en réfute la légalité. Peter Zumthor s'était lui-même porté acquéreur de son œuvre, mais l'assemblée communale lui avait préféré le projet du promoteur.
Recommandations :
- Deux petits ouvrages : « Penser l’architecture » et « Atmosphères » de Peter Zumthor aux éditions Birkhauser
- Un article « Vals avec Zumthor » sur le site de la Bilbiothèque municipale de Lyon
- Le très beau livre « Peter Zumthor ; les thermes de Vals » de Sigrid Hauser, photographies : Hélène Binet
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