mercredi 9 avril 2025

Ce matin au kiosque 99 : chronique moins une !

Toujours beau, toujours frais, ce quartier de Bécon ; comme un jeune premier !

Présents au GVPKBB ce matin : Martine, Anne-Marie, Pascal, Philippe, puis Monique, Gérard, Gilberte et Roland (et Utah).

Les premiers débats portent sur les dernières déclarations de l’Ubu américain concernant les taxes à 104% pour les produits chinois. Comment vont-ils réagir ? Faut-il boycotter les produits US (chacun regarde comment il est habillé ; New Balance : c’est américain ? Et Timberland ? Et mon jean ?). Un conseil : Exit Waze, FaceBook, Instagram, Netflix, et autres chaînes US, X (à remplacer par Mastodon), ChatGPT (à remplacer par Mistral) et Safari (à remplacer par Quant). Ne garder au mieux que WhatsApp.

D’autres échanges ? Les terres rares que les chinois vont garder chez eux. Plus de téléphone ? De l’avis unanime : on soufflera !

Dîner chez des amis à Montreuil hier soir. Arrivée par Vincennes. Contraste saisissant entre la ville bobo et la ville bourgeoise. 

Lu en 2h, le nouvel opus de Giuliano dei Empoli, « L’heure des prédateurs », est écrit dans une veine très sombre mais de façon brillante (ce qui peut paraître paradoxal, mais le lecteur aura compris). Au terme du bouquin, on peut s’imaginer dans la position de l’estivant sur la plage qui voit arriver la vague d’un tsunami. Pas moins.

Je gratifie l’exemplaire en vitrine du magasin de presse d’un post-it soulignant en majuscule le caractère INDISPENSABLE de sa lecture pour se donner la force d’entrer en résistance. Bilan : je décerne au Relay H de la gare de Bécon les Bruyères le titre de Relay H le plus gaucho-wokiste de la terre. 

(Mister Bollo, je revendique l’entière responsabilité de cette nomination).

Notre JM est souffrant, redoute le (ou la) Covid, mais il est toujours à son poste. Dans un râle de mourant, il me confie qu’il va refaire dans les jours qui viennent un poulet Tikka. 

Je suis arrivé trop tard pour conseiller un Abuelo à une lectrice potentielle, laquelle semblait chercher désespérément un livre inoubliable. La pauvre est repartie sans rien ! 

Une vieille dame est passée sur le pavé du parvis à pas mesurés arborant un masque avec une gueule de chien. L’effet était saisissant, mordant même. Mais comme ce spectacle s’est produit alors que dans le même temps trottait une jolie jeune femme en jupette, l’attention de ces messieurs du GVPKBB s’est concentrée sur la paire de gambettes. 

La parole du jour de Donald Ubu-Trump : « dans mon cas, j’aime prendre une bonne douche qui prend soin de mes cheveux magnifiques ».

C’est ainsi que les hommes vivent.

mardi 8 avril 2025

Ce matin au kiosque 98 : Quoi de neuf ? Le poulet Tikka façon JM !

Bulletin météo (version simplifiée) : Matin printanier non exempt d’une certaine fraîcheur. On peut même dire qu’on se les caillait. J’aurais bien ajouter le qualificatif « velu » à cailler - on se les caillait velu - afin de bien signifier qu’il faisait frisquet, mais ce terme aurait sans doute dérouté le lecteur, sachant qu’il n’est pas vraiment usuel et que je l’extrais du « Lexical » - ouvrage remarquable, injustement inconnu du grand public et dont l’auteur de ces chroniques fut l’un des artisans les plus engagés - sachant que son antonyme, vous l’aurez deviné, ne saurait être qu’imberbe. Exemple : un adhérent du RN pourra dire de Marine Le Pen qu’elle est « velue » (pour dire qu’elle est vraiment bien) et un wokiste que JD Vance est « imberbe » (pour dire qu’il est nul). Facile.

Je suis le premier au kiosque. Les chaises et les tables sont en conversation silencieuse avant de devoir céder la parole, dans un proche avenir, aux membres éminents du groupuscule de vétérans du parvis du kiosque de la gare de Bécon les Bruyères, mieux connus sous l’acronyme : VPKGBB.

JM, qui est en quelque sorte l’inspirateur, le fédérateur, l’homme-clé du VPKGBB, est ce matin en verve : il a déjeuné dans son jardin samedi et dimanche. Et ça lui suffit à JM pour avoir la pêche des grands jours : se taper la cloche dans le gazon (fraîchement tondu). 

Je l’interroge sur son absence subodorée Place de la République au meeting contre l’extrême-droite. Ben, gros bêta : j’étais Place Vauban, répond-il en souriant. 

Sur ces entrefaites, Pascal le Biker arrive au volant d’Utah (je veux dire : tenant Utah en laisse). JM embraye sur son poulet Tikka qu’il a concocté pour ses femmes ce week-end. N’allez pas croire pour autant que le jeune homme est polygame. Seulement, voilà, JM était ce week-end, dans son jardin, le seul représentant de la gent masculine.

Il ne sera pas dit que ces chroniques n’abriteront pas un couplet sur la bouffe et, en particulier, sur la recette du Tikka.

Donc, recette du Tikka de JM. A vos casseroles !

Ingrédients

  • 4Blancs de poulet
  • 150g Yaourt
  • 10cl Lait de coco
  • 1 Oignon
  • 1 gousse d’Ail
  • 1 cuil. à café Cumin
  • 1 cuil. à café Curcuma
  • 1 cuil. à café Garam masala
  • 1 petit morceau de gingembre frais
  • 1 cuil. à café Concentré de tomates
  • 1 Tomate
  • 1 Jus de citron vert
  • 2 cuil. à soupe Huile (d’olive)
  • 1 Piment rouge
  • Sel 
  • Poivre
  • Quelques feuilles de coriandre


Préparation


  • Avant de commencer la recette, allez aux toilettes parce que ça va être un peu long et peut-être qu’à votre âge…
  • 1) Commencez par couper les blancs de poulet (de Loué exclusivement) en morceaux (cubes de 13,5 mm de coté) et déposez-les dans un saladier (si vous n’avez pas de saladier : arrêtez tout de suite !)
  • 2) Saupoudrez de cumin, de curcuma et de garam massala, puis ajoutez le gingembre pelé et râpé (notre conseil : augmentez la dose de gingembre prescrite afin de vous assurer après le repas une transition coquine). Versez le jus de citron, mélangez et laissez mariner 1 h au frais (si le poulet râle, laissez-le mariner 1h de plus).
  1. Faites chauffer l’huile dans une sauteuse et faites suer (sans transpirer) l’oignon pelé et émincé (en lanières de 3,2 cm de longueur et d’environ 2,6 mm d’épaisseur).
  2. Ajoutez ensuite les morceaux de poulet et faites-les dorer (sans ajouter d’auto bronzant). Incorporez le piment émincé, l’ail, versez le yaourt (de vache), le lait communiste (de coco) et le concentré de tomate.
  3. Salez (modérément), mélangez (doucement) et laissez mijoter entre 25 et 26 minutes (pas une de plus).
  4. saisissez la coriandre à pleines mains et parsemez le plat avec.
  5. Ne servez que si vos amis ne font pas la gueule.

Remarque : ce plat est délicieux servi le jour même, mais peut être réchauffé pendant 15 jours, il n’en sera que meilleur.


Après cet intermède gastronomique à faire pâlir de jalousie FRG (Francois-Regis Gaudry), que rajouter ?

Que je me suis entretenu dans un long tête à tête avec Pascal le Biker (lunettes de soleil stylée, casquette de chasse Jack Pike (ou similaire), blouson en cuir siglé « Union Jack ») sur les voitures de collection suite à un rassemblement face au Château de Versailles. Accord total sur la nostalgie des belles carrosseries des années 50 et 60.

J’ai réussi à placer mon anecdote de mécano amateur sur la piste entre Lomé et Ouagadougou. A l’instant où je lui racontais comment j’avais enroulé les cosses de la batterie de papier journal car j’avais vu une étincelle y jaillir en mettant le contact, le Marseillais est arrivé. J’ai remarqué qu’il n’avait toujours pas de bretelles et me suis brièvement interrogé sur les raisons qui font qu’un homme qui arbore au quotidien des bretelles comme un accessoire indispensable, un jour subitement, définitivement, s’en sépare. A-t-il prononcé un vœu ? Quelqu’un lui a-t-il dit que sa paire de bretelles soulignaient son embonpoint ? Les bretelles ont-elles finis par céder car il s’agissait de bretelles qu’il portait jour et nuit depuis une vingtaine d’années ? Il avait saisi les derniers mots de mon histoire et il a eu l’air étonné qu’un type comme moi à la bourgeoisie banale puisse avoir bricolé un moteur de 404 une nuit, perdu sur une piste en latérite entre Lomé et Ouagadougou. La surprise passée, il nous a parlé de ses petits soucis dans l’intérieur de la cuisse et aux avants-bras. En chœur et spontanément, nous lui avons recommandé de consulter un médecin. Pascal a embrayé (Pascal n’aime pas les conduites automatiques) sur ses multiples fractures dans à peu près toutes les régions du corps, lesquelles, après une scintigraphie osseuse, étaient parvenues à épater le médecin militaire qui le consultait (et qui en avait vu d’autres comme il s’en était vanté).

Sur ce, Pascal s’en est grillé une petite. Alors, comme j’aime bien Pascal, je n’ai pas pu m’empêcher de lui dire comment j’étais parvenu à arrêter de fumer du jour au lendemain. Il m’a dit : c’est fort ! Non, lui ai-je répondu : j’avais juste la trouille et j’ai retrouvé une certaine fierté.

La trouille et la fierté : N’est-ce pas deux moteurs de l’humanité ?

JM qui nous avait entendu a promis-juré qu’il arrêterait la clope quand il partirait à la retraite. C’est noté et même diffusé partout dans le monde. 

C’est ainsi que les hommes vivent

vendredi 4 avril 2025

Ce matin au kiosque 97 : Skis semi-paraboliques, Taxes douanières sur les pingouins et virée à Dijon

Juché sur ma bicyclette, l’atmosphère beconnaise est comme climatisée, mais sans excès. Le printemps a pris ses quartiers d’été dans les petites rues du quartier. Pour autant, il est clair que la population ornithologique est en net déclin : pas ou peu de babilles, de gazouillis, rien qui piaille ou qui piaule. On entend parfois le jabautage d’un couple de perruches qui s’agacent au-dessus des toits. Ces maudits oiseaux colonisent progressivement la capitale. La première fois que je les ai remarqués, c’était au Bois de Vincennes, il y a quelques années. Le Parc des Couronnes de Bécon en est à présent envahi. Il n’est pas impossible qu’elles chassent les espèces endogènes ; d’où le déclin mentionné plus haut. Ce n’est qu’une hypothèse sans valeur scientifique. Mais qui croit encore à la preuve scientifique de nos jours ?

Martine, Philippe et Pascal, accompagnés d’Utah, sont à la terrasse. Dans le magasin de presse, j’échange avec JM quelques considérations sur le contexte mondial. Je lui confie que la politique erratique de l’Ubu étasunien aura peut-être à terme des conséquences positives, contraires à son idéologie ou ses intentions : renforcement de l’Europe, baisse de la consommation mondiale qui ne peut que limiter les nuisances environnementales, renforcement de l’autonomie industrielle des pays, ralentissement des effets nocifs de la mondialisation. Bien entendu, il y aura certainement des perdants ; le risque majeur étant qu’une crise économique brutale survienne avec les conséquences que l’on a déjà connues : augmentation du chômage, croyance dans l’homme providentiel, désignation de boucs-émissaires, expansionnisme en vue de reconquérir de la richesse, guerres, désolations, …

Une cliente venue acheter son lot de magazines people lache un « c’est un fou » en entendant JM évoquer la taxation des pingouins.

Roland nous a rejoint sur le parvis avec deux béquilles et une patte dans un sabot, conséquence d’une mauvaise chute à ski. Roland fait amende honorable : il n’a pas vérifié l’état de ses fixations et l’une d’entre elles, après un vol plané sur la piste, ne s’est pas déclenchée. Roland s’est retrouvé cul par-dessus tête avec un ski planté dans la neige, la cheville tire-bouchonnée, et dans l’impossibilité d’extraire sa chaussure de la fixation. J’apprendrai à cette occasion que les skis semi-paraboliques vibrent moins que les paraboliques, ce qui diminue les désagréments liées aux vibration à 110km/h (vitesse moyenne de Roland sur les pistes). 

Philippe et Martine s’envolent dans une semaine pour Cracovie. J’y étais allé il y a quelques années pour un mariage. Les bouteilles de vodka trônaient sur les tables comme de l’eau minérale. Il y avait même un « bar à vodka » qui permettait d’achever totalement la population de polonais, laquelle paraissait vouloir absolument illustrer l’expression « saoul comme un polonais ».

Comment en sommes-nous venus à évoquer la cuisine thaï et vietnamienne ? C’est un mystère autant qu’un miracle de ces échanges à bâtons rompus. Philippe nous a évoqué son repas familial au Vietnam à base de sardines à l’huile et Vache qui rit (un repas pour français), quand le reste de la famille autochtone se tapait des grillades de canard et de cochon dont les effluves titillaient son  épithélium olfactif.

Quoiqu’il en soit, je dispose à présent de plusieurs adresses proches où les nems comme les phos sont irréfutables, selon l’expression de feu Bernard Pivot quand il vantait les délices d’un vin de très grande qualité.

Anne-Marie nous a rejoints accompagnée d’un gâteau, de sa canne et de son sourire coquin. Elle ne vient jamais seule.

Je cède mon fauteuil à Monique qui s’approche prudemment avec son café et son croissant, comme chaque matin, et je m’apprête à repartir. 

Que dire d’autre ? Je suis passé a la librairie Le Baron Perché récupérer les deux livres que j’avais commandés de cet auteur espagnol, Carlos Munoz Molina, dont le « Comme l’ombre qui s’en va » m’a conquis.

Je viens de passer trois jours à Dijon avec des amis. Parcours architectural - la façade de l’église Notre-Dame et ses trois rangées de chimères est unique et formidable -, parcours muséal - les tombeaux des ducs de Bourgogne et leurs cortèges de pénitents endeuillés sont stupéfiants -, et parcours viticole - visite des Hospices de Beaune sous le charme d’une jeune guide, Agathe, visite de Clos-Vougeot, dégustation chez un viticulteur et pèlerinage à la parcelle de la Romanée-Conti -, bref que du bonheur à 1H30 en TGV.

Moins fun : je me fais arracher une molaire cette après-midi.

C’est ainsi que les hommes vivent.